Nos itinéraires de l’été 2025 (8/17). Femmes, muses et artistes

Nazanin Pouyandeh, La Mort de Cléopâtre, 2022. Huile sur toile. Collection particulière. Photo service de presse. © Gregory Copitet
La saison culturelle estivale fait la part belle, en France comme en Suisse, aux figures féminines. De Cléopâtre à Agnès Varda en passant par le récit émouvant de la vie de Léopoldine Hugo, (re)découvrez ces icônes artistiques.
PARIS/RODEZ | Agnès Varda à l’honneur
Deux musées consacrent leur exposition estivale à Agnès Varda (1928-2019). Si le musée Soulages de Rodez a choisi de mettre en avant les trois vies d’Agnès Varda, qui fut tour à tour photographe, cinéaste et artiste plasticienne, en s’appuyant sur son amitié avec Pierre et Colette Soulages, le musée Carnavalet a quant à lui pris le parti de se focaliser sur son travail de photographe, encore méconnu. L’un présente ses nombreuses évocations de la mer et des plages, tandis que l’autre revient sur la place centrale de la cour-atelier qu’elle occupe rue Daguerre à Paris et sur l’importance de la capitale dans son œuvre.

Agnès Varda (1928-2019), Autoportrait sur un bateau, vers 1950. Tirage numérique posthume. Succession Agnès Varda. Photo service de presse. © Adagp, Paris, 2025
« Le Paris d’Agnès Varda, de-ci, de-là », jusqu’au 24 août 2025 au musée Carnavalet – Histoire de Paris, 23 rue Madame de Sévigné, 75003 Paris. Tél. 01 44 59 58 58. www.carnavalet.paris.fr
Catalogue, Paris Musées, 240 p., 39 €.
« Agnès Varda. Je suis curieuse. Point », jusqu’au 4 janvier 2026 au musée Soulages, Jardin du Foirail, avenue Victor Hugo, 12000 Rodez. Tél. 05 65 73 83 57. www.musee-soulages-rodez.fr
À lire : Les Rêveries d’Agnès, coédition delpire & co / musée Soulages / Ciné-Tamaris, 160 p., 29 €.
LE PUY-SAINTE-RÉPARADE | Sophie Calle à la poursuite de la conquête amoureuse
Ce n’est pas la première fois que Sophie Calle (née en 1953) s’installe au château La Coste, près d’Aix-en-Provence. Cet été, elle y montre néanmoins de manière inédite, en intégralité en français, sa série À l’affût. Mélange de photographies et de textes, elle joue du parallèle bien connu entre la chasse et la conquête amoureuse. Cette idée lui est venue il y a plusieurs années de cela, lorsqu’elle a découvert les annonces sentimentales du magazine Le Chasseur français. Cet ensemble retrace ainsi l’évolution des critères amoureux au fil du temps et invite à s’interroger : qui est le chasseur, qui est la proie ?

Sophie Calle (née en 1953), Bon parti pouvant remplacer mère morte, 2017. Photo service de presse. © Courtesy of the artist and Perrotin © Adagp, Paris, 2025
« Sophie Calle. Chasse gardée », jusqu’au 31 août 2025 à la galerie Richard Rogers, château La Coste, 2750 route de la cride, 13610 Le Puy-Sainte-Réparade. Tél. 04 42 61 92 92. www.chateau-la-coste.com
BÂLE | Irène Zurkinden ou la voix de la modernité
La Kulturstiftung Basel H. Geiger présente cet été le travail d’Irène Zurkinden (1909-1987), une artiste bâloise incontournable du XXe siècle. Incarnant un savant mélange de rigueur suisse et d’élégance parisienne, elle est connue pour ses portraits très expressifs et ses vues urbaines. Mais elle réalise également des œuvres plus personnelles et intimes, qui touchent à la féminité et à la maternité, certaines exposées pour la première fois. À travers ses carnets de croquis, on découvre la pratique véritablement ancrée dans le quotidien d’une artiste qui a su faire preuve de beaucoup d’audace.

Irène Zurkinden (1909-1987), Autoportrait dans l’atelier, 1926-1928. Huile sur toile, 119,4 x 100 cm. Winterthur, Stiftung für Kunst, Kultur und Geschichte. Photo service de presse. © Photo : SKKG 2022
« Irène Zurkinden. Amour, vie », jusqu’au 7 septembre 2025 à la Kulturstiftung Basel H. Geiger, Spitalstrasse 18, 4056 Bâle. Tél. 00 41 61 262 01 66. www.kbhg.ch
CASTRES | Pilar Albarracín tout feu tout flamme
Cet été, le musée Goya de Castres invite l’artiste espagnole Pilar Albarracín (née en 1968) à présenter son travail à travers une cinquantaine d’œuvres, parfois créées spécialement pour l’exposition, en regard d’estampes signées Goya. Photographe, vidéaste, plasticienne, l’artiste s’intéresse au folklore andalou et à la place de la femme dans la société espagnole. Elle se réapproprie ses codes traditionnels et s’appuie sur la transgression et l’humour pour déconstruire cette culture qui fait pleinement partie de son identité.

Pilar Albarracín (née en 1968), No apagues mi fuego, déjame arder II, 2020. Photographie couleur, 187 x 125 cm. Courtesy Pilar Albarracín, galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris © Pilar Albarracín © Adagp, Paris, 2025
« Pilar Albarracín. N’éteins pas la flamme », jusqu’au 28 septembre 2025 au musée Goya, rue de l’Hôtel-de-Ville, 81108 Castres. Tél. 05 63 71 59 30. www.museegoya.fr
GRASSE | Adèle de Romance sort de l’oubli
Peintre au destin brillant et tumultueux, Adèle de Romance (1769-1846) est méconnue du grand public. Et pour cause, rares sont ses œuvres dans les collections publiques. Née d’une union illégitime, elle est poussée vers la peinture par son père. Bien lui en a pris car c’est ce qui lui permet de vivre, en passant sous silence ses origines aristocratiques, à partir de la Révolution. Elle se spécialise bientôt dans les petits portraits de personnalités en vue, notamment des comédiens et des musiciens, et sait tirer parti de l’engouement renouvelé pour ce genre pictural au XIXe siècle.

Adèle de Romance (1769-1846), Portrait de Joseph Guillaume de Paul, lieutenant-général civil, directeur de l’Académie des Belles-Lettres de Marseille, amateur honoraire de l’Académie de Peinture de Marseille, vers 1805. Huile sur toile, 61 x 49,5 cm. Collection particulière. Photo service de presse. © DR
« Adèle de Romance, peintre libre », jusqu’au 12 octobre 2025 au musée Jean-Honoré Fragonard, 14 rue Jean Ossola, 06130 Grasse. Tél. 04 93 36 02 07. www.fragonard.com
VILLEQUIER | Léopoldine Hugo, une muse pas comme les autres
Qui ne se souvient pas avoir appris ces vers : « Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne / Je partirai… » ? Comme un écho à ce célèbre poème de Victor Hugo, qui trahit toute la douleur de l’écrivain face à la mort de sa fille aînée Léopoldine (1824-1843), la Maison Vacquerie revient cet été sur l’histoire intime et littéraire de la jeune femme, décédée prématurément dans un naufrage sur la Seine. À travers des objets patrimoniaux, mais aussi des créations contemporaines, des projections vidéos et des ambiances sonores, l’exposition permet de découvrir la fille chérie de l’écrivain, qui « incarne, encore aujourd’hui […] le deuil sublimé par la poésie ».

Adèle Hugo (1803-1868), Léopoldine lisant, avril 1837. Dessin à la mine graphite. Prêt des Maisons Victor-Hugo, Paris-Guernesey. Photo service de presse. © DR
« “Aime celui qui t’aime”. Léopoldine à Villequier », jusqu’au 3 novembre 2025 à la Maison Vacquerie – musée Victor-Hugo, quai Victor Hugo, 76890 Villequier. Tél. 02 35 56 78 31. www.museevictorhugo.fr
BIOT | Le décor, de Fernand Léger à Karina Bisch
Née en 1974, Karina Bisch place le décoratif au centre de son univers créatif et explore sa force conceptuelle et spatiale. À partir de motifs modernistes, elle montre comment la charge symbolique des formes se renouvelle au fil du temps. Elle n’hésite pas pour cela à se confronter aussi bien à la peinture qu’au textile. En présentant le travail de Karina Bisch en regard d’une sélection d’œuvres de Fernand Léger, qui conçoit le décoratif à la fois comme un ornement et comme un langage autonome, le musée du même nom met en avant ce dialogue par les formes entre différentes temporalités.

Vue de l’exposition. © musées nationaux du XXᵉ siècle des Alpes-Maritimes / François Fernandez © Adagp Paris, 2025
« Karina Bisch. La Tête dans le décor », jusqu’au 10 novembre 2025 au musée national Fernand Léger, chemin du Val de Pôme, 06410 Biot. Tél. 04 92 91 50 20. www.musee-fernandleger.fr
PARIS | Cléopâtre, de l’histoire au mythe
Dernière souveraine d’Égypte, Cléopâtre demeure aujourd’hui une figure extrêmement populaire, phénomène d’autant plus surprenant qu’il n’existe aucune biographie contemporaine de son règne. L’exposition de l’Institut du monde arabe revient d’abord sur l’histoire de la reine, avant de s’intéresser à la construction de sa légende noire, initiée par les Romains. Sa mort audacieuse, qui lui permet d’échapper à ses ennemis, suffit à la rendre immortelle. De là, elle devient une source d’inspiration inépuisable, des beaux-arts à la culture populaire contemporaine, tour à tour héroïne de théâtre, égérie de mode ou icône féministe.

Jean-André Rixens (1846-1924), La Mort de Cléopâtre, 1874. Huile sur toile, 198 x 289 cm. Toulouse, musée des Augustins. Photo service de presse. © Toulouse, musée des Augustins
« Le mystère Cléopâtre », jusqu’au 11 janvier 2026 à l’Institut du monde arabe, 1 rue des Fossés Saint-Bernard, 75005 Paris. Tél. 01 40 51 38 38. www.imarabe.org
Catalogue, Skira, 240 p., 29 €.
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8/17. Femmes, muses et artistes





