Nos itinéraires de l’été 2025 (2/17). Sous le soleil de Provence

Claude Monet (1840-1926), Les Iris (détail), vers 1924-1925. Huile sur toile, 99,5 x 87,5 cm. Collection Sidarta. Photo service de presse. © droits réservés
Entre la redécouverte d’une néo-impressionniste méconnue à Saint-Tropez et les installations étonnantes de Jean-Michel Othoniel mises à l’honneur à Avignon, la saison estivale provençale s’annonce éblouissante.
NICE | Raoul Dufy : un miracle coloré
L’exposition retrace l’itinéraire lumineux de Raoul Dufy (1877-1953), de l’influence de Cezanne et Matisse à l’affirmation d’un langage pictural personnel. À travers des scènes de fêtes ou d’ateliers, Dufy célèbre la joie de peindre, tout en explorant les arts de l’illustration, du textile et de la céramique. Une redécouverte vibrante de la collection du musée des Beaux-Arts, enrichie par le legs d’Eugénie Brisson, où éclate la gaieté inventive d’un artiste aux mille couleurs.

Raoul Dufy (1877-1953), Nu à la coquille, 1933. Huile sur toile. Nice, musée des Beaux-Arts Jules-Chéret, legs d’Émilienne Dufy en 1962. Photo service de presse. © Muriel Anssens – Ville de Nice
« Raoul Dufy, le miracle de l’imagination », jusqu’au 28 septembre 2025 au musée des Beaux-Arts Jules-Chéret, 33 avenue des Baumettes, 06000 Nice. Tél. 04 92 15 28 28. www.musee-beaux-arts-nice.org
MARSEILLE | Laure Prouvost métamorphose la cité phocéenne
Laure Prouvost (née en 1978) investit deux lieux phares de la ville. À la Vieille Charité, elle imagine une installation monumentale, féminine et aquatique, nourrie de voix d’habitants et d’enfants. Au fort Saint-Jean, une sculpture-girouette Icara-Us-Elle surplombant la tour du Roi René signale un parcours en trois étapes où les objets du quotidien se métamorphosent au contact de la faune et de la flore méditerranéennes. Deux expositions, une même poésie du vivant et du lien.

Laure Prouvost (née en 1978), Au fort les âmes sont. Photo service de presse. © Adagp, Paris, 2025
« Laure Prouvost. Au fort les âmes sont », jusqu’au 28 septembre 2025 au fort Saint-Jean, Promenade Robert Laffont, 13002 Marseille. Tél. 04 84 35 13 13. www.mucem.org
HYÈRES | L’abstraction en apesanteur
À la Villa Carmignac sur l’île de Porquerolles, l’exposition « Vertigo » explore les liens entre nature et abstraction depuis les années 1950. Des œuvres de Klein, Turrell, Soto, Bergman ou Eliasson y convoquent la sensation de vertige face aux éléments : ciel, mer, lumière, abîme. En six chapitres sensoriels, le parcours fait vaciller notre perception, entre immersion visuelle et dématérialisation du réel. Une expérience hypnotique, au croisement de l’art et du monde sensible.

Gerhard Richter (né en 1932), Abstract Painting, 2009. Huile sur toile, 180 x 180 cm. Collection Carmignac. Photo service de presse. © Gerhard Richter, 2025
« Vertigo », jusqu’au 2 novembre 2025 à la Fondation Carmignac, piste de la Courtade, Île de Porquerolles, 83400 Hyères. Tél. 04 65 65 25 50. www.fondationcarmignac.com
ANTIBES | Intérioriser le paysage
Hans Hartung (1904-1989) et Anna-Eva Bergman (1909-1987) n’ont jamais peint le paysage comme un simple décor. Tous deux cherchent à révéler l’énergie cachée du monde, sa structure intime. Là où la tradition figurative compose des vues harmonieuses, ils sondent l’invisible. Leurs œuvres, comme des réminiscences ou des visions, traduisent une nature sentie, rêvée, conceptualisée. Cette exposition explore ces « paysages intérieurs », enrichie d’œuvres de Terry Haass et Vera Molnár.

Hans Hartung (1904-1989), T1962-A10, 1962. Vinylique sur toile, 55 x 33 cm. Photo service de presse. © Adagp, Paris, 2025
« Paysages intérieurs » jusqu’au 26 septembre 2025 à la Fondation Hartung-Bergman, 173 chemin du Valbosquet, 06600 Antibes. Tél. 04 93 33 45 92. www.fondationhartungbergman.fr
NICE | Matisse et la Méditerranée une lumière fondatrice
Cette exposition explore le lien intime entre Matisse et la Méditerranée, matrice lumineuse de son œuvre. De la Corse à Nice, du Maroc à l’Italie, elle révèle comment ce carrefour de civilisations nourrit sa quête d’un art synthétique, sensoriel et spirituel. Entre tradition picturale et ouverture à l’Orient, paysages vécus et réinventés, Matisse puise dans cette mer-monde une source infinie de formes, de couleurs et de sens.

Henri Matisse (1869-1954), Baigneuse dans les roseaux, 1952. Gouache bleue sur papiers canson découpés, assemblés et collés sur papier blanc, marouflé sur toile montée sur châssis, 118 x 170,5 cm. Photo service de presse. © Succession H. Matisse
« Matisse Méditerranée », jusqu’au 8 septembre 2025 au musée Matisse, 164 avenue des Arènes de Cimiez, 06000 Nice. Tél. 04 93 81 08 08. www.musee-matisse-nice.org
AIX-EN-PROVENCE | Claire Vasarely une pionnière révélée
À la Fondation Vasarely, une rétrospective inédite rend hommage à Claire Vasarely (1908-1990), née Klára Spinner, figure trop longtemps éclipsée par son époux Victor. Formée au Műhely de Budapest, elle explore dès les années 1930 un éventail remarquable de pratiques artistiques. Peintures, affiches, textiles et croquis de mode dessinent un parcours audacieux, que cette exposition, riche d’archives rares, restitue avec éclat. Une redécouverte essentielle d’une figure féminine de l’avant-garde hongroise.

Claire Vasarely (1908-1990), Étude pour la tapisserie Sœurs, 1951. Photo service de presse. © Fabrice Lepeltier
« Claire Vasarely, une vie dans la couleur », jusqu’au 15 février 2026 à la Fondation Vasarely, 1 avenue Marcel Pagnol, 13090 Aix-en-Provence. 04 42 20 01 09. www.fondationvasarely.org
AVIGNON/CANNES | Jean-Michel Othoniel d’une étoile l’autre
En Avignon, Jean-Michel Othoniel déploie une constellation de 240 œuvres sur dix sites, du Palais des Papes à la Collection Lambert. Astrolabes, fontaines, nœuds infinis d’or et de verre composent une suite de sonnets visuels autour de l’amour et du désir. Sur les traces de Pétrarque, l’artiste fait vibrer la ville entre poésie et sensualité, la transformant en théâtre à ciel ouvert. À Cannes, à la Malmaison, il prolonge cette odyssée stellaire dans un autre registre de lumière et de reflets, entre contemplation et enchantement. Deux villes, un même art vibrant et cosmique.

Jean-Michel Othoniel (né en 1964), Halo de briques de verre. Sol de briques de verre bleu pour la Grande Chapelle. Photo service de presse. © Othoniel Studio / Adagp, Paris, 2025
« Othoniel. Cosmos ou Les Fantômes de l’Amour », jusqu’au 4 janvier 2026 dans dix sites d’Avignon (84000). Tél. 06 74 93 31 39. www.avignon.fr
« Poussières d’étoiles », jusqu’au 4 janvier 2026 à La Malmaison, 47 boulevard de la Croisette, 06400 Cannes. Tél. 04 97 06 45 21. www.cannes.com
BEAULIEU-SUR-MER | Gabriel Léger (h)or(s) du temps
Comment dater un mot ? Pour Gabriel Léger (né en 1978), il échappe au temps. Le plasticien puise son inspiration dans le logos grec et le verbum latin, ravivant ces langues mortes par l’art. À la Villa Kérylos, il déploie quinze œuvres en écho à l’idéal antique de Théodore Reinach : rideaux de laiton gravés de verres, branches d’olivier et couronnes de laurier métallisées. Ces fragments sacrés suspendent Chronos et proposent un voyage hors du temps.

Gabriel Léger (né en 1978), Aurai-je du bonheur ? Rubans de laiton gaufrés. Photo service de presse. © Laurent Lecat / CMN © Adagp, Paris, 2025
« L’or du temps », jusqu’au 21 septembre 2025 à la Villa Kérylos, rue Gustave Eiffel, 06310 Beaulieu-sur-Mer. Tél. 04 93 01 01 44. www.villakerylos.fr
MARSEILLE | Giacometti, sculpter l’absence
Pour la première fois à Marseille, le musée Cantini consacre une exposition à Alberto Giacometti (1901-1966), avec le soutien de sa fondation. Artiste du « Vide », dont l’œuvre est « une façon d’éprouver l’espace » selon Sartre, il façonne des figures solitaires, indissociables du lieu qu’elles habitent. Des formes pleines du surréalisme aux silhouettes effilées de l’après-guerre, il cherche, dans l’espace, la juste place du corps et du regard. Sculptures, dessins et peintures dialoguent avec des œuvres antiques et extra-occidentales, éclairant les fondements de sa quête : donner forme à l’absence.

Alberto Giacometti (1901-1966), L’Objet invisible (détail), 1934-1935. Plâtre, 153 x 32 x 29 cm. Fondation Giacometti. Photo service de presse. © Succession Alberto Giacometti / Adagp, Paris, 2025
« Alberto Giacometti – Sculpter le vide », jusqu’au 28 septembre 2025 au musée Cantini, 19 rue Grignan, 13006 Marseille. Tél. 04 13 94 83 30. musees.marseille.fr
SAINT-PAUL-DE-VENCE | Barbara Hepworth la vie des formes
Le parcours de Barbara Hepworth (1903-1975) se dévoile dans une rétrospective d’exception, retraçant l’évolution d’une œuvre abstraite et organique, de ses premières recherches modernistes à ses sculptures monumentales. Inspirée par la nature, l’artiste britannique sculpte tour à tour la pierre, le bois et le bronze en volumes harmonieux, jouant avec le vide et l’espace. Ses œuvres aux formes pures et aux surfaces lisses instaurent un dialogue intime entre matière et lumière, invitant à une expérience méditative où se conjuguent spiritualité et poésie.

Barbara Hepworth (1903-1975), Figure (Walnut), 1964. Collection de la Fondation Maeght. Photo Claude Germain. Sculpture offerte à la Fondation Maeght en 1967 par l’artiste. Photo service de presse. © Bowness, 2025
« Art & life. Barbara Hepworth », jusqu’au 2 novembre 2025 à la Fondation Maeght, 623 chemin des gardettes, 06570 Saint-Paul-de-Vence. Tél. 04 93 32 81 63. www.fondation-maeght.com
LE CANNET | La collection Sidarta en dialogue avec Bonnard
Le musée Bonnard présente la collection Sidarta, un ensemble inédit de soixante œuvres autour de la lumière et de la couleur. De Cezanne à Picasso, de Morisot à Matisse, vingt-huit artistes dialoguent avec Bonnard dans un parcours vibrant, intime et sensoriel. De 1850 à 1950, une collectionneuse passionnée fait résonner les siècles et révèle la force durable du regard sensible.

Claude Monet (1840-1926), Les Iris, vers 1924-1925. Huile sur toile, 99,5 x 87,5 cm. Collection Sidarta. Photo service de presse. © droits réservés
« Un certain regard. Chefs-d’œuvre de la collection Sidarta », jusqu’au 2 novembre 2025 au musée Bonnard, 16 boulevard Sadi Carnot, 06110 Le Cannet. Tél. 04 93 94 06 06. www.museebonnard.fr
SAINT-TROPEZ | Lucie Cousturier, néo-impressionniste engagée
Le musée de l’Annonciade rend hommage à Lucie Cousturier, née Brû (1876-1925), figure méconnue du néo-impressionnisme. Élève de Paul Signac, elle capte comme lui la lumière et l’intimité avec une touche libre et vibrante. Peintre, écrivaine et militante anticoloniale, elle s’engage pour l’émancipation des peuples d’Afrique, notamment après un voyage sur ce continent en 1921. Une œuvre rare, entre esthétique et conscience, à redécouvrir jusqu’à cet automne.

Lucie Cousturier (1876-1925), Portrait de femme en rose et bleu, 1908. Photo service de presse. © Musée Regards de Provence, Marseille
« Lucie Cousturier : une artiste chez les néo-impressionnistes », jusqu’au 14 novembre 2025 au musée de l’Annonciade, 2 place Georges Grammont, 83990 Saint-Tropez. Tél. 04 94 17 84 10. www.saint-tropez.fr
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