Orléans, Lille, Nantes : découvrez notre tour de France des expositions du moment
Après vous avoir proposé notre sélection d’expositions à visiter d’urgence dans la capitale, cap sur les régions de France ! Des dessins de Raphaël au luxe des paquebots en passant par les livres d’artiste d’Henri Matisse, l’Hexagone regorge de belles expositions à découvrir cet automne.
La bottega de Guido Reni au musée des Beaux-Arts d’Orléans
« Peu de peintres ont eu autant de réputation que le Guide », écrivait Antoine Joseph Dezallier d’Argenville dans son Abrégé de la vie des plus fameux peintres (1745). Il mentionnait les tableaux de Guido Reni (1585-1642) conservés chez les amateurs les plus prestigieux et, bien sûr, au Cabinet du Roi et au Palais-Royal. Tout n’était pourtant pas si simple : après son retour dans sa ville natale en 1614, le Bolonais fonda un atelier à l’italienne, une bottega (« boutique ») dans laquelle il pouvait, selon l’usage, peindre plusieurs fois la même œuvre ou vendre sous son nom une version de l’un de ses nombreux collaborateurs après l’avoir éventuellement retouchée. À la suite des grandes expositions monographiques consacrées à l’artiste, notamment l’année dernière à Francfort et à Madrid, le musée d’Orléans aborde l’angle passionnant de la bottega. Une restauration a en effet montré que le tableau David contemplant la tête de Goliath (vers 1605-1606), conservé au musée et considéré comme une copie de celui du Louvre ayant appartenu aux collections de Louis XIV, est autographe et même la première version peinte par Guido Reni.
« Dans l’atelier de Guido Reni », du 30 novembre 2024 au 30 mars 2025 au musée des Beaux-Arts, 1 rue Fernand-Rabier, 45000 Orléans. Tél. 02 38 79 21 83. www.orleans.fr
Catalogue, coédition musée des Beaux-Arts d’Orléans / Silvana Editoriale, 304 p., 39 €.
17e Biennale de Lyon : au fil des eaux
La commissaire, Alexia Fabre, directrice des Beaux-Arts de Paris, a choisi de placer la manifestation sous le signe du Rhône, « métaphore de toutes les eaux qui se rejoignent pour former un courant plus fort ». La Biennale se déploie sur plusieurs sites qui permettent de (re)découvrir la ville et sa région, des Grandes Locos (ancienne friche industrielle de réparation de matériel SNCF) au mac-Lyon musée d’art contemporain ou à la Cité internationale de la gastronomie, première incursion dans l’ancien hôpital du Grand Hôtel-Dieu, ou au musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal. Les artistes conviés, d’horizons et de générations variés, ont une sensibilité accrue pour l’humain, la nature et les transformations contemporaines. Ce voyage croisant réalités et imaginaires se prolonge dans le territoire lyonnais. Au Couvent de la Tourette, par exemple, le travail singulier de Michel Mouffe déplace la peinture, en dialogue avec Le Corbusier qui l’avait marqué lors de sa résidence en 1983 à la maison Guiette, à Anvers.
« 17e Biennale de Lyon », jusqu’au 5 janvier 2025. Programme complet sur www.labiennaledelyon.com. Tél. 04 27 46 65 60. « Michel Mouffe chez Le Corbusier », jusqu’au 23 décembre 2024 au Couvent de la Tourette, 69210 Éveux. Tél. 04 72 19 10.90. www.couventdelatourette.fr
Catalogue, Bernard Chauveau éditeur, 192 p., 35 €
Mémoire du déracinement au Louvre-Lens
L’exil accompagne l’humanité depuis si longtemps qu’il irrigue ses premières épopées et ses textes religieux. Le Louvre-Lens présente près de 200 œuvres et objets, anciens et contemporains, sur ce thème. Marine Terrace (1855), un dessin de Victor Hugo montrant son lieu d’exil à Jersey, est exposé pour la première fois depuis son acquisition par la société des Amis du Louvre, en 2023. Avec Voici mon cœur ! (2018-2022), le Syrien Khaled Dawwa a choisi au contraire de montrer le lieu de départ, le quartier de la Ghouta à Damas après son bombardement. Et pour la section « Mémoires d’exil », des habitants du Bassin minier ont confié des objets constituant la trace de leur propre migration.
« Exils. Regards d’artistes », jusqu’au 20 janvier 2025 au Louvre-Lens, 99 rue Paul-Bert, 62300 Lens. Tél. 03 21 18 62 62. www.louvrelens.fr
Catalogue, coédition Grand Palais RMN / Louvre-Lens, 288 p., 35 €.
Au plus près du divin Raphaël au palais des Beaux-Arts de Lille
Le palais des Beaux-Arts de Lille conserve trente-sept dessins de Raphaël (1483-1520). Leur présentation exceptionnelle s’accompagne d’une évocation immersive de la vie du peintre et de témoignages artistiques de sa célébrité au XIXe siècle. Grâce à des dispositifs numériques, les dessins peuvent être examinés en détail et l’on peut découvrir une reconstitution virtuelle du Retable Baronci dont les fragments sont dispersés dans différents musées. Des prêts internationaux complètent ce parcours. Il est ainsi possible de comparer par exemple les études d’enfants de Raphaël avec sa merveilleuse petite Madone Aldobrandini (dite aussi Madone Garvagh) de la National Gallery de Londres.
« Expérience Raphaël », jusqu’au 17 février 2025 au palais des Beaux-Arts, place de la République, 59000 Lille. Tél. 03 20 06 78 28. pba.lille.fr
Catalogue, Grand Palais RMN / palais des Beaux-Arts de Lille, 176 p., 19,90 €.
L’âge d’or des paquebots au musée d’Arts de Nantes
Moins de vingt ans après le naufrage du Titanic, le chantier naval de Saint-Nazaire lançait la construction du Normandie. En 1939, l’actrice Norma Shearer est photographiée sur le pont de celui qui était le plus grand paquebot du monde et auquel la Seconde Guerre mondiale devait être fatale. Bénéficiant d’exceptionnels prêts nazairiens, le musée d’Arts de Nantes célèbre ces navires qui, entre 1913 et 1942, reçurent la Café Society dans un luxe inouï. À bord de cette traversée nantaise, c’est un monde qu’on découvre car ces paquebots, à la pointe des arts décoratifs de l’entre-deux-guerres, inspirèrent aussi les artistes par leurs qualités esthétiques et l’imaginaire qu’ils incarnaient.
« Paquebots, 1913-1942. Une esthétique transatlantique », jusqu’au 23 février 2025 au musée d’Arts de Nantes, 10 rue Georges-Clemenceau, 44000 Nantes. Tél. 02 51 17 45 00. museedartsdenantes.nantesmetropole.fr
Catalogue, coédition musée d’Arts de Nantes / MuMa / In Fine, 280 p., 32 €.
Les livres d’artiste d’Henri Matisse au Cateau-Cambrésis
En 1952, le peintre Henri Matisse (1869-1954) offrait quatre-vingt-deux œuvres et objets lui appartenant à sa ville natale du Cateau-Cambrésis. Après d’autres acquisitions, les donations de deux autres artistes, Auguste Herbin et Geneviève Claisse, et plus récemment de la collection Tériade, un emménagement au Palais Fénelon et sa reprise par le département, le musée devenu grand avait besoin de pousser les murs et de se refaire une beauté. C’est chose faite depuis la fin septembre et il accueille, pour sa réouverture, une exposition présentant les livres illustrés par Matisse. L’artiste a supervisé l’édition de quatorze livres dont Poésies de Stéphane Mallarmé (1932), Ulysse de James Joyce (1935), Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire (1947) ou Jazz, constitué de ses propres notes et de ses premiers papiers découpés (1947). Ils sont tous présentés, ainsi que quatre albums de reproduction de ses dessins qu’il a lui-même composés et des couvertures pour la revue Verve éditée par Tériade. En même temps que les nouvelles salles du musée, c’est l’occasion de découvrir un aspect de l’œuvre du peintre surtout connu des bibliophiles.
« Comment j’ai fait mes livres », jusqu’au 13 avril 2025 au musée Henri Matisse, Palais Fénelon, 59360 Le Cateau-Cambrésis. Tél. 03 59 73 38 06. museematisse.fr