
Les commissaires de cette seizième édition, reportée en 2022 pour cause de pandémie, puisent dans l’Histoire pour constituer ce qu’ils désignent comme un « manifeste de la fragilité » autour de trois sections.
Un petit jardin pour se promener, et l’immensité pour rêver. » Isabelle Bertolotti, directrice artistique de la Biennale de Lyon, nous entraîne avec cette citation de Victor Hugo dans le monde de la création contemporaine. Sam Bardaouil et Till Fellrath, commissaires de cette édition, ont conçu la Biennale autour de trois sections. La première tire son titre, « Les nombreuses vies et morts de Louise Brunet », du nom d’une des participantes au soulèvement des ouvriers de la soie menant à la révolte des Canuts en 1834 et qui se propagera ensuite vers les usines de la soie du mont Liban. Au premier étage du MAC (musée d’Art contemporain de Lyon) se croisent des armures de samouraïs et des pièces de design des années 1960 issues de collections internationales, du musée Gadagne au Metropolitan Museum of Art de New York. La deuxième, « Beyrouth et les Golden Sixties », s’articule autour de la capitale libanaise, de la crise de 1958 à la guerre civile. Plus de 200 œuvres d’art d’une trentaine d’artistes, associées à des documents d’archives provenant de collections privées, soulignent l’importance et la complexité de la scène artistique libanaise, avec les œuvres d’Huguette Caland, Etel Adnan, Shafic Abboud ou l’installation multimédia de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, à la fois constat des effets de la violence sur l’art et du pouvoir salvateur de celui-ci. La dernière section, « Un monde d’une promesse infinie », offre un panorama de cette fragilité créatrice.

Penone au couvent de La Tourette
Aux lieux proprement lyonnais, des Usines Fagor au MAC Lyon, en passant par le musée des Beaux-Arts ou l’Institut d’Art Contemporain qui abrite Jeune création internationale, s’ajoute une programmation ouverte sur la région, avec Veduta et Résonance, et tout un réseau de résidences d’artistes sur le territoire. Au couvent de La Tourette, dessiné au milieu des années 1950 par Le Corbusier, est invité Giuseppe Penone. L’artiste italien, figure majeure de l’Arte Povera, y a étudié tant l’architecture que le nuancier de couleurs du célèbre architecte. Ses œuvres, créées pour l’ex- position, instaurent un nouveau dialogue avec le lieu. Ses frottages des murs lient le béton et la nature, en s’attachant aux traces des planches de bois qui demeurent dans le béton ; son missel d’empreintes renvoie à la vie religieuse du couvent, comme il l’explique au frère Marc Chauveau, commissaire de l’exposition : « L’œuvre est un paysage d’empreintes de feuilles qui évoquent des mots ».

Fanny Drugeon
« Biennale d’art contemporain de Lyon »
Jusqu’au 31 décembre 2022 aux Usines Fagor, au MAC Lyon et au musée Guimet
Programme complet sur www.labiennaledelyon.com
« Giuseppe Penone à la Tourette »
Jusqu’au 24 décembre 2022 au couvent de la Tourette
69210 Éveux
www.couventdelatourette.fr
Catalogue, Bernard Chauveau éditeur, 192 p., 35 €.