Témoin de la fascination de l’artiste autrichien pour l’Extrême-Orient, l’ultime portrait de Gustav Klimt (1862-1918) affrontait le feu des enchères chez Sotheby’s à Londres le 27 juin dernier. Vendue 85,3 millions de livres, soit près de 99 millions d’euros (frais inclus), La Dame à l’éventail devient la toile la plus chère de l’artiste en ventes publiques et décroche le record européen pour une adjudication.
Apparue cet été pour la première fois sur le marché de l’art depuis 30 ans, la demoiselle a affolé les enchères. Devenue le deuxième portrait le plus cher jamais adjugé au monde, La Dame à l’éventail, acquise pour 85,3 millions de livres par un collectionneur hongkongais, a dépassé L’homme qui marche d’Alberto Giacometti (1901-1966), vendu en 2010 chez Sotheby’s pour 65 millions de livres.
Une ode à la beauté idéale
Contrastant avec ses œuvres précédentes, dont la palette tendait vers la monochromie, cette exquise effigie est l’une des rares toiles de l’artiste peintes uniquement pour lui-même. Témoignant de sa liberté et de sa spontanéité, ce tableau reflète le plaisir pris par Klimt dans la célébration de la beauté sous sa forme la plus pure. Il traduit également sa fascination pour les cultures chinoises et japonaises : une jeune femme en kimono de soie pose sur un fond chatoyant orné de nombreux motifs décoratifs venant d’Extrême-Orient, comme la grue, le faisan doré, le phénix, symbole de la bonne fortune, de la renaissance et de l’immortalité, mais aussi le lotus, symbole d’amour, de mariage heureux et de pureté. On sait d’ailleurs que le peintre conservait des kimonos et des robes chinoises dans une armoire.
Jeune et mystérieuse inconnue
En plus de son élégance, ce tableau constitue un véritable tour de force technique. Klimt expérimente de nouvelles idées et innove. Usant d’un format carré, comme pour Le Baiser, il peint le portrait d’une jeune inconnue, belle, et riche. Ses cheveux relevés, les yeux brillants, elle semble contempler une scène extérieure au tableau. Un léger sourire flotte sur ses lèvres, lui conférant un air mystérieux. Elle tient nonchalamment un éventail, et son kimono de soie a glissé de son épaule, allongeant indéfiniment son cou de cygne.
Maylis de Cacqueray