Inaugurée par Emmanuel Macron le 30 octobre dernier, la Cité internationale de la langue française redonne vie au château de Villers-Cotterêts. Conçue comme un lieu de création, cette nouvelle institution culturelle célèbre la richesse linguistique et la diversité de la francophonie.
Le grand projet culturel du président de la République voit enfin le jour. Après cinq années de travaux, la Cité internationale de la langue française vient d’ouvrir ses portes au public dans un lieu éminemment symbolique, le château de Villers-Cotterêts où François Ier signa en 1539 l’ordonnance imposant l’usage du français dans les actes administratifs et juridiques. Un exemplaire de ce texte fondateur, prêté par les Archives nationales, est présenté dans la dernière salle du parcours, comme « un aboutissement de la visite » selon l’expression de Paul Rondin, directeur de la Cité.
« L’aventure du français »
Intitulée « L’Aventure du français », l’exposition permanente a été réalisée sous le commissariat de Xavier North, ancien délégué à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture, Barbara Cassin, membre de l’Académie française, Zeev Gourarier, ancien directeur scientifique du Mucem, et Hassane Kassi Kouyaté, directeur du festival des Francophonies. Conçue de manière pédagogique et ludique, elle multiplie les dispositifs de médiation interactifs ou immersifs : la Bibliothèque magique dotée d’une intelligence artificielle prodigue ses conseils de lecture, le Voyage des mots donne à voir les évolutions et emprunts linguistiques, le Dictionnaire des francophones s’ouvre à la diversité du vocabulaire dans le monde… Les nombreux écrans permettent de s’essayer à des jeux littéraires et de se familiariser avec les anagrammes et les palindromes. Ils voisinent avec 150 œuvres prêtées par une vingtaine d’institutions dont le musée Guimet, le Mucem, la Comédie-Française et l’Imprimerie nationale. Un tableau anonyme du XVIIe siècle venu du Louvre montre ainsi l’importance des petits livres vendus par les colporteurs pour la diffusion de la langue française.
Un ambitieux programme de restauration mené par le CMN
La visite se termine par la chapelle, seule pièce avec les escaliers du Roi et de la Reine à avoir conservé son décor sculpté du XVIe siècle. Véritable chef-d’œuvre, elle constitue l’une des premières acclimatations de l’architecture italienne de la Renaissance au goût français. La restauration confiée par le Centre des monuments nationaux à l’architecte en chef Olivier Weets lui a redonné tout son éclat. Elle a également rendu leur lisibilité aux scènes mythologiques inspirées par les Métamorphoses d’Ovide qui ornent le plafond à caissons de l’escalier de la Reine. Quant aux autres pièces, elles ont subi de nombreuses transformations dès le XVIIe siècle. La résidence de chasse édifiée pour François Ier fut cédée en apanage par Louis XIV à son frère Philippe d’Orléans en 1661. Saisie comme bien national en 1790, elle accueillit ensuite un dépôt de mendicité, puis une maison de retraite à partir de 1889, mais aussi un hôpital militaire pendant la Première Guerre mondiale. Le château ouvre à présent une nouvelle page de son histoire tout en renouant avec son passé intimement lié au rayonnement de la langue française.
Mathilde Dillmann
Cité internationale de la langue française – Château de Villers-Cotterêts
1 place Aristide Briand, 02600 Villers-Cotterêts
Tél. 03 64 92 43 43.
www.cite-langue-francaise.fr
À lire : Barbara Cassin (dir.), Le livre d’une langue, éditions du Patrimoine, 240 p., 42 €.
Leïla Slimani (dir.), Nos langues françaises, éditions du Patrimoine, 112 p., 10 €.
Xavier Bailly, Valérie Senghor, Le château de Villers-Cotterêts – Cité internationale de la langue française, éditions du Patrimoine, 64 p., 14 €.