
Les couleurs éclatantes des Fauves Matisse, Derain, Vlaminck, Manguin, Rouault, Marquet ou Camoin resplendissent à la Fondation Pierre Gianadda. Organisée en collaboration avec le musée d’Art moderne de Paris, une exposition revient en une centaine d’œuvres sur la naissance du premier grand mouvement d’avant-garde du XXe siècle.
À partir des années 1890, au sein des académies Carrière et Julian ou à l’École des beaux-arts dans l’atelier de Gustave Moreau, de jeunes peintres se lient, unis par leurs réflexions communes autour de la couleur. Henri Matisse (1869-1954), Albert Marquet (1875-1947) et Henri Rouault (1871-1958), puis André Derain (1880-1954), Maurice de Vlaminck (1876-1958) ou encore Robert Delaunay (1885-1941) cherchent à dépasser le divisionnisme des néo-impressionnistes et, dans le sillage de Cézanne, Gauguin et Van Gogh, à pousser plus loin la synthèse expressive et la pureté de la couleur.

La première avant-garde française du XXe siècle
C’est au Salon d’Automne de 1905 que les toiles du jeune groupe d’artistes sont pour la première fois qualifiées de « fauves » par le critique Louis Vauxcelles qui juge leurs teintes trop criardes. Rompant avec l’académisme, le fauvisme donne à voir des espaces forgés par la couleur. Pas de demi-teintes, de nuances ou d’ombres : les rivages de la Seine, les Côtes Vermeille et d’Albâtre sont rendus avec une subjectivité stridente par les artistes, dont se rapprochent bientôt les jeunes Braque (1882-1963) et Picasso (1881-1973).

Un exotisme fauve
Au chromatisme expressif des Fauves se mêle un intérêt nouveau pour les arts premiers. La statuaire africaine et océanienne les inspire notamment par la simplicité puissamment expressive de ses formes, bien éloignée des canons occidentaux. Plusieurs sculptures de diverses régions d’Afrique et de Nouvelle-Guinée prennent place dans l’exposition, illustrant cette influence sur leur production artistique.

L’école d’Asnières : les Fauves et la céramique
La toile n’est pas le seul support sur lequel les Fauves font éclater leurs tubes de peinture – comme des « cartouches de dynamite », d’après l’expression de Maurice de Vlaminck. D’autres médiums, comme la céramique, attirent la jeune avant-garde. Séduits par les innovations techniques, certains se forment auprès du céramiste André Metthey (1871-1920), une collaboration qui donne naissance à l’école d’Asnières. Vases, assiettes ou plats dévoilent dans l’exposition un pan bien moins connu du fauvisme et témoignent de la vitalité, toujours solaire, du mouvement.

Gaspard Douin Cavard
« Les années fauves »
Jusqu’au 21 janvier 2024 à la Fondation Pierre Gianadda
Rue du Forum 59, 1920 Martigny
Tél. 00 41 27 722 39 78
www.gianadda.ch
Catalogue, Fondation Pierre Gianadda, 250 p., CHF 35.