
Une partie de la prestigieuse collection textile de la galerie Chevalier sera dispersée à Drouot le 10 octobre par la maison Giquello.
Les chevaliers entrent traditionnellement en lice. Ceux-ci ont préféré entrer en lisse. Depuis les années 1920, quatre générations de Chevalier portent haut les couleurs de l’art textile, sur les murs de leur galerie comme dans les allées des plus grands salons internationaux, de la TEFAF de Maastricht à la très parisienne Biennale des Antiquaires. En 2017, Dominique Chevalier et son épouse Nicole de Pazzis-Chevalier y créaient l’événement en présentant sous la verrière du Grand Palais quatre pièces de l’exceptionnelle tenture des Chasses de Maximilien qui para les murs de Jean-Baptiste Colbert avant d’orner ceux de Bill Gates.
Un virage vers la création contemporaine
Soutenu par un solide travail de recherche, ce goût des provenances prestigieuses a su séduire au fil des années collectionneurs et grandes institutions françaises et internationales, du J. Paul Getty Museum de Los Angeles au Louvre Abu Dhabi, en passant par le château d’Écouen et le Mobilier national, qui conserve depuis 2007 la tenture complète d’Artémise, tissée pour Henri IV et rassemblée par le couple Chevalier. Celui-ci a depuis quelques années progressivement passé la main à la quatrième génération, représentée par Céline Letessier et Amélie-Margot Chevalier. La galerie s’est aujourd’hui tournée vers des créations plus contemporaines, puisant souvent leur inspiration à des sources historiques.

Suivre le fil de l’histoire du textile
Estimée entre 800 000 et 1,2 million d’euros, la sélection de tapisseries, tapis et textiles anciens proposée en octobre à l’hôtel Drouot sera d’abord présentée aux amateurs du 5 au 29 septembre dans l’écrin de la galerie Chevalier, installée dans le VIIe arrondissement de Paris. Un voyage à travers le temps et l’espace les y attend : on admirera ainsi, parmi plus d’une centaine de pièces insignes, des textiles archéologiques péruviens, une pièce tissée au VIIIe -Xe siècle provenant probablement d’Égypte et passée des mains de Christian Dior à celle de son amant Jacques Tiffeau (20 000/30 000 €), une cinquantaine de tapis anciens ou encore de splendides tapisseries témoignant du savoir-faire des plus illustres manufactures.

Invitation au voyage
Vraisemblablement sortie des ateliers bruxellois durant le premier tiers du XVIe siècle, l’éblouissante tapisserie Mille fleurs ornée d’une allégorie de la charité s’impose à l’œil comme un véritable herbier (120 000/200 000 €), une vision champêtre complétée plus loin par l’Entrefenêtre du Printemps de la tenture des Enfants jardiniers (20 000/30 000 €), tissée à la manufacture royale des Gobelins d’après un modèle de Charles Le Brun (1619-1690). Les amateurs d’horizons lointains plébisciteront assurément deux créations d’Aubusson inspirées par François Boucher (1703-1770) et témoignant du goût pour l’exotisme qui au XVIIIe siècle règne en France et en Europe ; l’une d’entre elles, La Foire chinoise, orna un temps les murs de l’appartement de la créatrice de mode Elsa Schiaparelli (15 000/20 000 €).

Maylis de Cacqueray et Olivier Paze-Mazzi
Vente Paris, Giquello
Le mardi 10 octobre 2023 à 14h30 à l’hôtel Drouot (salles 5 et 6)
www.giquelloetassocies.fr
Exposition à la galerie Chevalier du 5 au 29 septembre 2023, 25 rue de Bourgogne 75007 Paris
www.galerie-chevalier.com
Exposition à l’hôtel Drouot (salle 9), vendredi 6 et lundi 9 octobre 2023 de 11 heures à 18 heures.