
Élevé au XVIIe siècle et remanié au siècle suivant, le château de Gagny (Seine-Saint-Denis), un temps propriété du Régent, donnait le 29 août dernier rendez-vous aux amoureux du patrimoine. Déployée par la Fondation du patrimoine et soutenue par le ministère de la Culture et la Française des jeux (FDJ), la Mission patrimoine conduite pour la cinquième année consécutive par Stéphane Bern y révélait la liste des 100 sites départementaux en péril qui bénéficieront bientôt d’une aide financière, rejoignant ainsi les dix-huit lieux emblématiques du patrimoine national déjà dévoilés en mars dernier. Le désormais familier Loto du patrimoine mettra à nouveau ces derniers à l’honneur sur son ticket à gratter vendu 15 euros, tandis que sept tirages spéciaux seront organisés entre le 5 et le 17 septembre. L’Objet d’Art vous propose de découvrir cinq de ces sites en instance de renaissance.

Palazzu de Belgodère (Haute-Corse)
Située en Balagne, au sein du village de Belgodère, à quelques kilomètres de L’Île-Rousse, cette belle demeure bourgeoise du XIXe siècle est caractéristique de ces maisons de notables ruraux connues sous le nom de « palazzi ». Tour à tour séminaire puis école privée, elle se distingue par la présence de remarquables plafonds de la main du peintre et photographe Joseph Marchesi (1823-1885). Déjà mis hors de péril en 2017 grâce à l’action de la Fondation du patrimoine, l’édifice fait désormais l’objet d’un projet de valorisation, qui à l’horizon 2024 devrait mettre à l’honneur l’histoire rurale de la Balagne.

Le Paraïs – Maison de Jean Giono à Manosque (Alpes de Haute-Provence)
Dominant les toits de Manosque, la demeure où trouva refuge dès 1930 Jean Giono (1895-1970) accueillit l’essentiel de son activité d’écrivain. Vendue à la Ville par sa fille en 2016, puis transférée en gestion à l’agglomération, elle devient un an plus tard le siège de l’association des Amis de Giono, qui conduira l’acquisition de la riche bibliothèque de l’écrivain, ainsi que d’une partie de son mobilier et de ses objets d’art. Vétuste, l’édifice nécessite désormais une réhabilitation complète, incluant notamment la restauration des décors peints et la valorisation des jardins.

Collégiale Saint-Pierre à La Romieu (Gers)
D’abord modeste prieuré élevé durant la seconde moitié du XIe siècle, La Romieu accueille vers 1312 la belle église collégiale destinée à servir de tombeau au cardinal Arnaud d’Aux, proche du pape Clément V. Les bâtiments d’un collège de chanoines seront dans la foulée érigés dans la même enceinte, ainsi qu’un remarquable palais, dont seule subsiste aujourd’hui la tour dite « du cardinal ». Saccagée par les Protestants durant les guerres de religion, la collégiale vécut alors le pillage de ses trésors et la disparition dans les flammes des deux étages en bois de son cloître. Abritant aujourd’hui un festival mettant à l’honneur chants et musique de la Renaissance, le site nécessite une urgente campagne de sauvegarde, de sécurisation et de valorisation.

Moulin de Beauchet à Saint-Père-Marc-en-Poulet (Ille-et-Vilaine)
Actif jusqu’en 1981, le moulin à marée de Beauchet domine le cours de la Rance depuis 1542. Un incendie survenu en 1882 fera disparaître le bâti initial fait de bois qui laissera place à une structure de pierre. Désireuse d’ouvrir ses portes au public, l’ancienne famille de meuniers qui en est la propriétaire entend désormais rendre sa superbe à l’édifice, unique moulin de la Rance inscrit au titre des Monuments historiques (1986), dont la structure s’est détériorée depuis la fin de son exploitation. Le projet vise notamment à remettre en état la machinerie intérieure et à rétablir sa motorisation.

Grande Saline de Salins-les-Bains (Jura)
Inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO et classée Monument historique, la Grande Saline de Salins-les-Bains s’impose, grâce à ses 70 000 visiteurs annuels, comme le site touristique et culturel le plus prisé du Jura. Longue de 165 mètres et haute de 10 mètres, la galerie souterraine voûtée de pierre qu’abrite son sous-sol constitue un remarquable témoignage de la splendeur de l’architecture médiévale. Déformations et fissures menacent désormais plusieurs travées et rendent indispensable une intervention urgente. Les phases ultérieures de travaux concerneront l’ensemble des bâtiments du site auxquels seront rendues leurs différentes fonctions.

Olivier Paze-Mazzi