
Huit ans après son ouverture, la villa Cavrois offre au photographe plasticien Philippe De Gobert (né en 1946) une carte blanche qui met « En perspective » l’œuvre d’art totale de Robert Mallet-Stevens.
Philippe De Gobert s’initie tôt à la peinture et à la sculpture avant de suivre une formation d’ingénieur en photographie et cinéma. Travail de la matière et intérêt pour la scénographie se mêlent dans sa démarche singulière. Il confectionne des maquettes imaginaires ou reconstituées à partir de dessins préparatoires et de photographies qu’il passe ensuite sous son objectif. Après avoir revisité en 2005 la « Cité moderne » de Robert Mallet-Stevens (1886-1945) à travers sa série « Modern Landscape », qui ouvre l’exposition, Philippe De Gobert poursuit ses recherches artistiques à la villa Cavrois.

Lumière et volumes : un attrait pour l’architecture des année 1930
Jouant avec la lumière et les volumes, l’architecture des années 1930 occupe une place singulière dans l’œuvre du photographe, qui fait écho à plusieurs monuments du genre. Les chambres des enfants accueillent les maquettes de la cage d’escalier de la villa et d’une pièce de la Cité radieuse, dont les tirages sont exposés dans le couloir ; celui de la Maison de verre de Pierre Chareau (1883-1950) fait particulièrement illusion. La démarche de l’artiste – partir d’une photographie pour constituer une maquette et retrouver l’atmosphère de l’image sans avoir visité les lieux – nous est ainsi dévoilée. On y découvre l’importance de la perspective et de la lumière, qui nous invitent à plonger dans cette illusion. La maquette Atelier d’artiste 12, dont les parois amovibles permettent une multitude de prises de vues, s’inscrit parfaitement dans la dernière chambre d’enfant qui conserve volontairement les stigmates du long délabrement de la villa avant sa restauration en 2015 (voir EOA N° 513, pp. 46-53).

La radicalité de Mallet-Stevens en maquettes
Clôturant l’exposition, les maquettes des décors intérieurs de la villa sont accompagnées de leurs dessins et aquarelles préparatoires, dont les héliogravures aux couleurs franches de Mallet-Stevens exposées dans le bureau de Paul Cavrois sont l’une des sources principales. La polychromie de ces « retables » intimistes et le jeu des volumes soulignent l’ampleur de la radicalité de Robert Mallet-Stevens. Ces œuvres amènent le visiteur à appréhender la villa sous des angles nouveaux, à porter sur celle-ci des regards multiples dans un jeu de déambulation et de perception des espaces.

Gaspard Douin
« “En perspective” Carte blanche à Philippe De Gobert à la villa Cavrois »
Jusqu’au 10 septembre 2023 à la villa Cavrois
60 avenue John Fitzgerald Kennedy, 59710 Croix
Tél. 03 28 32 36 10
www.villa-cavrois.fr