L’art autrement : regards choisis sur l’art.

 

Le château de Vaux-sur-Seine vous convie à une journée d’études dédiée au sculpteur Marochetti

Château de Vaux-sur-Seine. © William Jexpire, CC BY-SA 4.0
Château de Vaux-sur-Seine. © William Jexpire, CC BY-SA 4.0

Descendant du sculpteur Carlo Marochetti (1805-1867), qui forgea notamment sa notoriété en élevant dans plusieurs villes d’Europe de prestigieuses statues équestres, Carl-Emmanuel Hedengren orchestre le 15 juin prochain en son château familial de Vaux-sur-Seine une journée d’études marochettiennes (découvrez le programme ci-dessous). Chercheuse indépendante, son épouse Caroline Hedengren-Dillon y donnera une communication sur le projet de statue équestre à Napoléon que Marochetti avait imaginé pour l’esplanade des Invalides. Elle avait récemment retracé dans L’Objet d’Art l’histoire des deux statues équestres du duc d’Orléans que nous vous proposons de découvrir.

« Puisqu’il est question de monuments, je vous citerai encore la statue équestre du duc d’Orléans, celui qui s’est tué en sautant de voiture ; elle sera terminée dans quelques jours. On l’élève sur la place du Louvre ; elle est en bronze algérien, de même que les bas-reliefs. C’est l’œuvre de Marochetti, un des meilleurs sculpteurs de Paris. Quoique son nom soit italien, Marochetti est français ; il possède un talent très remarquable ; tous les travaux importants de ce genre lui sont confiés. La statue regarde les Tuileries ; un des bas-reliefs représente la prise d’Anvers, l’autre un épisode d’Algérie. »

Lettre de Frédéric Chopin, 20 juillet 1845

Cette lettre que Chopin écrivait le 20 juillet 1845 à sa famille témoigne de l’intérêt porté à la sculpture, de la notoriété de l’artiste ainsi que des informations dont le public disposait avant même l’érection de la statue dans la Cour Carrée du Louvre le 26 juillet : son orientation, la provenance du bronze, et ses deux bas-reliefs, La prise de la citadelle d’Anvers en 1832 et Le passage du col de la Mouzaïa en 1840, faits d’armes dans lesquels s’était illustré le jeune duc.

Une double destinée

Commandée à Carlo Marochetti (1805-1867) en novembre 1842, la statue équestre du duc d’Orléans devait connaître une double destinée. En effet, peu après la mort tragique du prince royal, l’armée d’Afrique et la population civile d’Alger émettaient le vœu de dédier, sur la place principale de cette ville, un monument à sa mémoire. La souscription s’étendit bientôt à tous les corps de l’armée, puis à la marine. Grâce aux fonds ainsi recueillis, il devenait possible d’ériger deux statues, la deuxième étant destinée à Paris. Le fondeur Soyer coula successivement dans le même moule les deux exemplaires avec le bronze de quatre canons en provenance d’Algérie ; Marochetti confia à Eck et Durand la fonte des bas-reliefs. Daté de juin 1843, un dessin de Louis Laurent-Atthalin (1818-1893) témoigne de l’avancement de la statue à cette date. Participant à une visite officielle, l’artiste représente le sculpteur dans son atelier du château de Vaux que domine la statue équestre.

Louis Laurent-Atthalin (1818-1893), Vue intérieure de l’atelier du sculpteur Carlo Marochetti, 1843. Mine de plomb, aquarelle, rehauts de blanc et d’encre sur papier, 26 x 35 cm. Collection particulière. © Jean-Louis Josse
Louis Laurent-Atthalin (1818-1893), Vue intérieure de l’atelier du sculpteur Carlo Marochetti, 1843. Mine de plomb, aquarelle, rehauts de blanc et d’encre sur papier, 26 x 35 cm. Collection particulière. © Jean-Louis Josse

De Versailles à Eu, d’Alger à Neuilly

Les statues furent inaugurées le même jour, le 28 octobre 1845, celle d’Alger en grande pompe et en présence du sculpteur tandis que la cérémonie de Paris ne concernait que la famille royale et les représentants de l’armée. L’hommage populaire, la statue parisienne l’avait reçu sur le trajet qui la menait de la fonderie au Louvre lors de l’anniversaire des Journées de juillet. En février 1848, la statue parisienne fut cachée dans une réserve, puis érigée en 1850 dans la cour de la Petite Orangerie du château de Versailles. Après la création du musée Louis-Philippe au château d’Eu, elle y fut transportée en 1973. Sa jumelle algéroise, revenue en France après les accords d’Évian, se dresse, depuis 1981, sur la place dédiée au jeune prince à Neuilly-sur-Seine.

Carlo Marochetti (sculpteur) et Louis-Claude-Ferdinand Soyer (fondeur), Ferdinand- Philippe, duc d’Orléans, 1845. Bronze. Neuilly-sur-Seine, place du duc d’Orléans. © DR
Carlo Marochetti (sculpteur) et Louis-Claude-Ferdinand Soyer (fondeur), Ferdinand-Philippe, duc d’Orléans, 1845. Bronze. Neuilly-sur-Seine, place du duc d’Orléans. © DR

Caroline Hedengren-Dillon


Journée d’Études Marochettiennes
Le jeudi 15 juin 2023 dans l’orangerie du Castello Marochetti – Château de Vaux-sur-Seine
78740 Vaux-sur-Seine
Tél. 06 61 70 09 08

Partager :

Share on facebook
Facebook
Share on twitter
Twitter
Share on email
Email