Installées rue du Bac, les Missions Étrangères de Paris (MEP) retracent l’histoire mouvementée de l’implantation du christianisme au Japon, de ses débuts tumultueux au XVIe siècle à sa pleine expansion durant l’ère Meiji (1868-1912). L’exposition bénéficie de prêts de différentes paroisses japonaises, des musées de Nagasaki ou encore de l’exquise bibliothèque Inguimbertine de Carpentras qui vient d’être entièrement réhabilitée.
En débarquant au Japon en 1549, saint François-Xavier donne le coup d’envoi d’un véritable « siècle chrétien » : rapide, l’expansion du christianisme sur le sol nippon suscite la conversion de plusieurs gouverneurs (daïmyō) autour de Nagasaki. Trente ans plus tard, c’est au tour du jésuite Alexandre Valignano de prendre pied sur les côtes de l’archipel. Il est à l’origine de la fondation de l’école d’art de Nagasaki qui introduit dans le pays des techniques occidentales afin de répondre aux exigences des nouveaux chrétiens. À partir de 1591, l’imprimerie se développe au Japon, diffusant images religieuses et manuels de piété.
Le temps des persécutions
Un premier coup de semonce retentit en 1587 avec l’interdiction du christianisme par le shōgun Toyotomi Hideyoshi. La situation se dégrade rapidement : dix ans plus tard, vingt-six martyrs sont crucifiés à Nagasaki. Diverses lois répressives suivront dès le début du XVIIe siècle. On installe alors dans les villes et villages, d’abord à Nagasaki puis dans tout le pays, des panneaux (kōsatsu) proclamant l’interdiction du christianisme et encourageant à la dénonciation. Les persécutions atteignent alors leur apogée. Plusieurs gravures gardent le souvenir des supplices perpétrés, à l’image de celui des eaux bouillantes de Unzen. En 1637-1638, la rébellion de paysans chrétiens sous la conduite d’un adolescent se solde par le massacre de 30 000 fidèles.
Vers la détente
La situation évolue au XIXe siècle. Un premier traité franco-japonais est signé en 1858, avant que, dix ans plus tard, l’avènement de l’ère Meiji ne vienne initier l’ouverture et la modernisation du pays. Une poignée d’années plus tôt, en février 1865, les Missions Étrangères de Paris (MEP) avaient pu établir une première église à Nagasaki. Des liens se nouent rapidement entre missionnaires et descendants d’anciens chrétiens japonais. Alors que plusieurs intellectuels nippons militent pour une séparation de la religion et de l’État, la détente s’installe enfin durant l’année 1872. Grâce à la pression des délégations étrangères, un édit de tolérance autorise un an plus tard les Japonais à pratiquer la religion chrétienne. En 1889, la Constitution du Japon leur accorde la liberté religieuse, permettant au christianisme de s’étendre à tout l’archipel.
Olivier Paze-Mazzi
« Des Samouraïs aux mangas. L’épopée chrétienne au Japon. »
Jusqu’au 13 juillet 2024 aux Missions Étrangères de Paris (MEP)
128 rue du Bac, 75007 Paris
Tél. 01 44 39 91 21
https://missionsetrangeres.com