
« Elle a ses longues mains de dentellière à damner l’âme d’un Vermeer », chantait en 1980 Pierre Bachelet (Elle est d’ailleurs), deux ans avant d’offrir son hymne au Nord. Réunis par la chanson, La Dentellière et les corons le sont désormais à Lens : après le Scribe accroupi, qui célébrait l’année dernière le dixième anniversaire du musée, c’est en effet au tour du chef-d’œuvre de Vermeer d’installer son ouvrage pour une durée d’un an dans la Galerie du temps.
À peine rentrée de son séjour de près de quatre mois au Rijksmuseum d’Amsterdam à l’occasion de la grande exposition dédiée au Sphinx de Delft, La Dentellière prend donc la route des Hauts-de-France. Les plus de 500 000 visiteurs annuels du musée peuvent désormais admirer gratuitement ce chef-d’œuvre qui fait écho à l’activité de la région, vieille terre de dentellerie. Ce prêt réaffirme l’engagement du musée parisien envers ce « deuxième Louvre » à travers une politique de partage de ses œuvres insignes et de décloisonnement de la culture.

La dentelle à la loupe
La virtuosité de Vermeer transparaît pleinement dans ce tableau, l’un des plus petits de sa carrière. La concentration de la jeune femme penchée sur son ouvrage incite le spectateur à faire de même, découvrant la dentellière derrière une succession de plans et sous une myriade de jeux de lumière. Un dispositif numérique a été mis en place afin d’explorer l’œuvre dans ses plus infimes détails, comme ces fils colorés semblant couler du coussin à couture…

Gaspard Douin