
Le marteau vient de retomber à 190 000 € pour cette splendide réduction du grand portrait du duc de Choiseul par Adélaïde Labille-Guiard, très judicieusement préemptée par le château de Versailles.
Disgracié en 1770, le puissant ministre de Louis XV n’aura de cesse de retrouver durant le règne de Louis XVI sa position perdue. En vain. Alors que Versailles honore en cette fin d’année le « Bien-Aimé », le duc de Choiseul semble pourtant bien en passe de s’offrir une revanche posthume en captant les feux de l’actualité : tandis que sa légendaire tabatière, conservée dans les collections Rothschild, s’apprête à entrer au Louvre, son portrait par Adélaïde Labille-Guiard (1749-1803), provenant des collections parisiennes d’Anne-Aymone et Valéry Giscard d’Estaing, vient d’être préempté chez Beaussant Lefèvre & Associés pour 243 200 € (frais inclus) par le château de Versailles.
La chambre bleue du ministre disgracié
Daté de 1786, il représente l’ancien grand serviteur de l’État dans la chambre bleue de son hôtel parisien, dont le somptueux décor a justement été soigneusement reproduit par Louis-Nicolas Van Blarenberghe (1716-1794) sur le couvercle de sa tabatière. Immortalisé peu de temps avant sa disparition, Choiseul est ici montré dans son intimité, comme surpris en pleine lecture de sa correspondance, vêtu d’une somptueuse robe de chambre doublée de soie devant le riche bureau livré par Oeben vers 1765-1770.

Une réduction du grand portrait original
Il s’agit là d’une réduction du grand portrait original, longtemps conservé dans un château bourguignon avant de rejoindre en 2008 les collections de Waddesdon Manor. L’acquisition de cette version par Versailles est donc plus que bienvenue et permet de rappeler que le château consacrera en 2024 une grande rétrospective à Adélaïde Labille-Guiard, qui demeure encore aujourd’hui dans l’ombre de sa rivale Élisabeth Vigée-Lebrun, déjà honorée au Grand Palais en 2015.
Olivier Paze-Mazzi