L’art autrement : regards choisis sur l’art.

 

Le MusVerre donne le coup d’envoi de sa nouvelle saison

Jeremy Maxwell Wintrebert (né en 1980), Matter Sunrise Terminal G12 (détail), 2022. 50 cives en verre soufflé à la bouche et à main levée, miroitées. Support en bois peint et aluminium, 350 x 688 x 30 cm. © Jeremy Josselin
Jeremy Maxwell Wintrebert (né en 1980), Matter Sunrise Terminal G12 (détail), 2022. 50 cives en verre soufflé à la bouche et à main levée, miroitées. Support en bois peint et aluminium, 350 x 688 x 30 cm. © Jeremy Josselin

Voilà six ans que le MusVerre rend hommage à l’industrie verrière qui s’est épanouie à Sars-Poteries (Nord) entre le XIXe siècle et 1937, tout en célébrant la création contemporaine dans toute sa diversité. Cet automne, le public est convié à découvrir l’univers poétique de Jeremy Maxwell Wintrebert.

Niché au cœur du Parc naturel régional de l’Avesnois, le MusVerre est largement ouvert sur le bocage vallonné caractéristique de la région. Vus du ciel, ses volumes ciselés imaginés par le cabinet toulousain W-Architectures évoquent aussi bien une main que la structure cristalline de la silice à partir de laquelle est fabriqué le verre. Plongées dans la pénombre ou au contraire baignées de lumière naturelle, ses différentes salles composent un écrin sur mesure pour le fonds exceptionnel du musée, qui allient quelque 3000 pièces de « bousillés » à l’une des plus importantes collections d’art verrier contemporain d’Europe !

Une capitale du verre creux

Sars-Poterie : le nom trahit d’emblée l’activité majeure de cette localité au riche sous-sol argileux et siliceux. C’est cependant l’industrie verrière qui fera la notoriété de la commune entre 1802 et 1937. Au plus fort de l’activité, quelque 800 ouvriers sont employés. Spécialisées dans la gobeleterie et le flaconnage, les deux verreries doivent toutefois fermer leurs portes en 1937, sous l’effet de crises conjuguées. Après trente ans d’oubli, le passé industriel de la commune est remis à l’honneur par le curé Louis Mériaux, qui expose les bousillés découverts chez les anciens ouvriers verriers. Ils forment le noyau initial des collections. Réalisés durant les temps de repos pour un usage strictement personnel, ces vases, verres, objets de dévotion, encriers ou cannes de mariage déployés au début du parcours historique rivalisent volontiers de fantaisie et de virtuosité.

L'espace dédié aux « bousillés ». © Philippe Robin
L’espace dédié aux « bousillés ». © Philippe Robin

Perpétuer les savoir-faire

Louis Mériaux poursuit inlassablement sa tâche. En 1976, il transforme une vieille grange en un atelier où d’anciens verriers sont invités à faire revivre leur savoir-faire. L’ecclésiastique organise en 1982 le premier Symposium international du verre contemporain, en 1984 le colloque « Verre et architecture », et en 1986 les premières universités d’été ; autant d’événements qui attirent bientôt de nombreux artistes à la renommée internationale. Les œuvres réalisées ou offertes à ces occasions constituent la base de la collection contemporaine du musée.

© Philippe Robin
© Philippe Robin

Les artistes à l’œuvre

Le soutien à la création et l’enrichissement du fonds contemporain comptent aujourd’hui parmi les missions fondamentales du MusVerre qui a inauguré en 2001 un nouvel atelier, doté d’un équipement des plus performants pour offrir aux artistes en résidence un cadre de travail idéal. Après Colin Rennie, Annie Cantin ou Jean-Baptiste Sibertin-Blanc, c’est au tour de Kim KototamaLune d’investir les lieux. La plasticienne d’origine vietnamienne donne actuellement vie à une nouvelle création en verre filé, dentelle organique et aérienne de verre translucide patiemment tissée à l’aide d’un chalumeau.

© Philippe Robin
© Philippe Robin

Et le MusVerre fut

C’est d’abord dans les murs du château Imbert, ancienne maison du directeur des verreries, que Louis Mériaux installe son musée associatif. Mais en 1994, le Conseil général du Nord décide de s’investir et de mettre sur pied une ambitieuse politique d’acquisitions, d’expositions et de résidences d’artistes. Quinze ans plus tard, le Département se lance dans la construction d’un nouveau bâtiment, moins exigu et plus adapté à la nature de ses exceptionnelles collections qui comptent des milliers de pièces anciennes et 850 œuvres contemporaines, conçues par une centaine d’artistes du monde entier tels Vladimír Kopecký, Isabelle Monod, Scott Chaseling, Karen LaMonte, Bohumil Eliáš, Jaroslav Matouš…

L'art verrier contemporain en majesté au musée. © Philippe Robin
L’art verrier contemporain en majesté au musée. © Philippe Robin

Jeremy Maxwell Wintrebert, en apesanteur

Cet automne, le souffleur de verre franco-américain (né en 1980) a investi les lieux avec trois installations monumentales qui conjuguent tradition et modernité et dialoguent entre elles. Se jouant avec bonheur de la gravité, les œuvres aux formes épurées et à l’aspect évanescent invitent à la contemplation. Ces installations composées de sphères étincelantes ou noires sablées et de cives bleu nuit toujours soufflées à la bouche évoquent aussi bien les arcanes de l’univers que la naissance de la lumière ou l’onde gravitationnelle. Lauréat du prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main, Jeremy Maxwell Wintrebert a créé en 2015 son propre atelier au cœur du XIIe arrondissement de Paris. Le film de Christo Roussev entraîne le visiteur dans l’antre de la création, au plus près des fours et de la matière en fusion, pour se laisser hypnotiser par les gestes de l’artiste et de son équipe.

Jeremy Maxwell Wintrebert (né en 1980), Principles Terminal G050, 2022. Installation de sphères en verre soufflées à la bouche et à main levée, sablées et huilées. Barre d’acier, bois et miroir, 246 x 1140 x 250 cm. © Jeremy Josselin
Jeremy Maxwell Wintrebert (né en 1980), Principles Terminal G050, 2022. Installation de sphères en verre soufflées à la bouche et à main levée, sablées et huilées. Barre d’acier, bois et miroir, 246 x 1140 x 250 cm. © Jeremy Josselin

Myriam Escard-Bugat


« Jeremy Maxwell Wintrebert, chapitre 2 – Terminal »
Jusqu’au 8 janvier 2023 au MusVerre
76 rue du Général de Gaulle, 59555 Sars-Poteries
www.musverre.lenord.fr

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