
Pour sa 31e édition, le Salon du dessin retrouve sa programmation initiale au début du printemps.
Si cet événement devenu incontournable pour les arts graphiques reste fidèle à un nombre limité d’exposants, il accueillera cette année davantage de galeries étrangères (18 sur 39) et 9 nouveaux participants. Les invités de cette édition 2023 sont le musée de l’Armée, dont on peut découvrir une sélection choisie parmi ses quelque 10 000 œuvres sur papier, et la Fondation Custodia, en hommage au très regretté Ger Luijten, directeur de l’institution depuis 2010, décédé brutalement il y a quelques semaines. Comme à l’accoutumée, le salon abritera les rencontres internationales du dessin, consacrées pour cette XVIe édition à l’art des jardins et à la botanique, tandis que sera remis le prix du dessin contemporain de la Fondation Daniel & Florence Guerlain. Pour la première fois, il organisera un dîner de gala en faveur de l’Institut Curie spécialisé dans la lutte contre le cancer. Enfin la Semaine du dessin proposera dans son riche parcours hors les murs des visites inédites de cabinets d’arts graphiques dans une vingtaine d’institutions publiques, auxquelles s’ajoutent cette fois-ci des visites exceptionnelles de jardins, à l’instar de celui de la BnF récemment créé par le paysagiste Gilles Clément. L’Objet d’Art vous propose de découvrir en avant-première une première sélection de feuilles insignes à admirer dès demain dans les allées du palais Brongniart.
Guerchin dessinateur virtuose
« La sophistication du dessin ancien touche l’âme de nouveaux collectionneurs. Il n’y a pas de mensonge, la beauté de l’image parle d’elle-même » déclare Nathalie Motte Masselink qui constate un intérêt croissant pour le dessin ancien chez les amateurs d’art moderne et de design. Cette étude du Guerchin allie la force de l’expression à une parfaite maîtrise de l’anatomie. Le peintre bolonais a montré très tôt des prédispositions pour le dessin, copiant seul des images dès l’âge de six ans. Son œuvre graphique, dont une importante partie est conservée aux Offices à Florence, en fait l’un des dessinateurs les plus doués de son temps. www.mottemasselink.com

Une promenade aux Tuileries du temps de Louis XV
En symbiose avec le programme de visite de la Semaine du dessin, cette Vue du jardin des Tuileries réalisée avec minutie par Alexis-Nicolas Pérignon, en 1772, nous plonge avec délice dans le Paris de l’Ancien Régime. Spécialisé dans la peinture de paysages, l’artiste, qui entre à l’Académie royale en 1774, montra aussi un talent remarquable pour la représentation de fleurs et d’architectures. Il était très apprécié de la marquise de Pompadour. www.wmbrady.com

L’exotisme selon Gustave Doré
Gustave Doré fut un artiste prolifique, particulièrement comme dessinateur puisqu’il a laissé une production graphique de plus de 10 000 œuvres. Ce peintre à l’imagination fertile ne commença pourtant à s’intéresser à l’aquarelle qu’en 1873. En 1885 – soit deux ans après son décès – sont exposés dans les salons du Cercle de la Librairie un ensemble de dessins où figurent deux aquarelles portant le titre Perroquets. Datable également des années 1880, cette feuille où se détache la tache écarlate d’un perroquet sur un fond esquissé laissant apparaître d’autres oiseaux exotiques fit partie, en 1885, de la vente posthume de l’atelier de l’artiste. www.fabiennefiacre.com

Un délicat paysage d’automne par Renoir
Tout l’art de Renoir s’exprime dans cette lumineuse aquarelle à la touche aérienne. Quelques coups de pinceaux lui suffisent pour suggérer la douceur évanescente d’un paysage automnal. Ce géant de l’impressionnisme, également réputé pour la virtuosité avec laquelle il exalte la sensualité et la beauté féminines, a dédicacé cette œuvre à madame Léon Clapisson dont le mari était collectionneur. Le peintre réalisa le portrait de la jeune femme à deux reprises, la première fois dans une composition ayant déplu au couple et la seconde dans un tableau plus conventionnel présenté au Salon de 1883. Renoir lui aurait-il fait présent de cette aquarelle afin de se faire pardonner le premier portrait refusé ? www.jlbmdc.com

Dans l’intimité de Carl Larsson
Redécouverts depuis quelques années à la faveur de plusieurs expositions, les artistes scandinaves seront bien représentés sur le Salon. La galerie suisse Grand-Rue présentera une très belle aquarelle du Suédois Carl Larsson, figurant une petite fille dans un intérieur. Très connu comme illustrateur, cet artiste d’une farouche indépendance a été associé au mouvement Arts and Crafts et il a produit un œuvre d’une grande variété. Père de huit enfants, Larsson a souvent décrit des scènes de la vie familiale ayant pour cadre le décor lumineux de sa maison de Sundborn, devenue l’une des demeures d’artistes les plus célèbres au monde. www.galerie-grand-rue.ch

Le cubisme de Louis Marcoussis
Parmi les plus belles feuilles du XXe siècle exposées au Salon, figure cette composition cubiste du peintre français d’origine polonaise Louis Marcoussis. Arrivé à Paris en 1903, Ludwig Casimir Ladislas Markus fréquente rapidement la bohème artistique de Montparnasse et rencontre Braque, Picasso et Apollinaire qui lui fait franciser son nom. Si sa peinture est au début proche de l’impressionnisme, il rejoint dès 1910 le mouvement cubiste dont il sera le premier graveur reconnu. Sa première exposition personnelle est organisée en 1925 à la galerie Pierre Chareau. www.galerieberes.com

Nathalie Mandel
31e édition du Salon du dessin
Du 22 au 27 mars 2023 au Palais Brongniart
Place de la Bourse, 75002 Paris
Informations pratiques et programmation complète sur www.salondudessin.com