L’art autrement : regards choisis sur l’art.

 

Le soleil se lève sur le musée Marmottan Monet

Paul Signac (1863-1935), Le Port au soleil couchant, Opus 236 (Saint-Tropez), 1892. Potsdam, Museen der Hasso Plattner Foundation gGmbH. Photo service de presse. © Hasso Platner Collection
Paul Signac (1863-1935), Le Port au soleil couchant, Opus 236 (Saint-Tropez), 1892. Potsdam, Museen der Hasso Plattner Foundation gGmbH. Photo service de presse. © Hasso Platner Collection

Le 13 novembre 1872, il y a très exactement 150 ans, dans la lumière blafarde d’un matin de novembre, Claude Monet peignait au Havre Impression, soleil levant, chef-d’œuvre aujourd’hui conservé au musée Marmottan Monet. Pour célébrer dignement cet anniversaire, le musée réunit une centaine de peintures, sculptures, dessins et photographies retraçant l’évolution de la représentation du soleil par les artistes, de l’Antiquité à l’époque contemporaine.

Les hommes de l’Antiquité considéraient le soleil comme leur dieu « créateur », grand ordonnateur de leur vie quotidienne. Prenant chez les Égyptiens la forme d’une orbe rouge, ce véritable élan vital prend ensuite chez les Grecs, puis les Romains, les traits d’Hélios, d’Apollon, et de Phébus.

Stèle funéraire cintrée au nom de la dame Tahy, VIIe-VIe siècles av. J.-C. Bois, stuc et pigments polychromes, 24,7 cm x 20,5 cm x 2,2 cm. Genève, Fondation Gandur pour l'Art. Photo service de presse. © Fondation Gandur pour l'Art, Genève. André Longchamp
Stèle funéraire cintrée au nom de la dame Tahy, VIIe-VIe siècles av. J.-C. Bois, stuc et pigments polychromes, 24,7 cm x 20,5 cm x 2,2 cm. Genève, Fondation Gandur pour l’Art. Photo service de presse. © Fondation Gandur pour l’Art, Genève. André Longchamp

Éclipse médiévale

Durant le Moyen Âge, l’astre du jour perd de son éclat. Dans un Occident chrétien dominé par Dieu, le soleil est relégué au second plan. Réduite à un visage humain, sa représentation se raréfie. Il faut attendre le XVIIe siècle pour qu’il retrouve son zénith, alors que la mythologie s’impose définitivement comme le support iconographique de prédilection des monarchies européennes. Les avancées scientifiques et l’évolution du regard sur la nature contribuent également à son retour sur le devant de la scène. On retrouve çà et là l’astre solaire éclairant la chute d’Icare ou celle de Phaéton, avant que Louis XIV ne décide de consacrer ses rayons à l’affirmation de sa gloire.

Carlo Saraceni (1579-1620), La Chute d'Icare, 1606-1607. Huile sur cuivre, 41 × 53 cm. Naples, Museo e Real Bosco di Capodimonte. Photo service de presse. © Courtesy of Ministero della Cultura – Museo e Real Bosco di Capodimonte
Carlo Saraceni (1579-1620), La Chute d’Icare, 1606-1607. Huile sur cuivre, 41 × 53 cm. Naples, Museo e Real Bosco di Capodimonte. Photo service de presse. © Courtesy of Ministero della Cultura – Museo e Real Bosco di Capodimonte

Au cœur du tableau

La fin du XIXe siècle, et plus particulièrement les années 1880-1914, ouvrent un nouveau chapitre de l’histoire de sa représentation. Le développement de l’astrophysique transforme le soleil en véritable sujet d’étude ; il devient dès lors pour les artistes un sujet à part entière, occupant une place croissante dans l’espace de la toile. Chaque mouvement pictural en livrera une vision différente : poétique pour le fauve André Derain, expressionniste pour Edvard Munch, symboliste chez Félix Vallotton…

Edvard Munch (1863-1944), Le Soleil, 1910–1913. Huile sur toile, 162 x 205 cm. Oslo, Munchmuseet. Photo service de presse. © Oslo, Munchmuseet
Edvard Munch (1863-1944), Le Soleil, 1910–1913. Huile sur toile, 162 x 205 cm. Oslo, Munchmuseet. Photo service de presse. © Oslo, Munchmuseet

Une modeste étoile ?

Une dernière page s’ouvre dans les années 1920 lorsque la théorie de la relativité générale d’Einstein vient redéfinir notre vision de l’univers, qu’il faut désormais voir en perpétuelle croissance. Perdu au cœur de son immensité, le soleil n’est désormais plus qu’une modeste étoile parmi les autres.

Gérard Fromanger (1939-2021), Impression, soleil levant 2019, 2019. Acrylique sur toile, 200 x 300 cm. Collection Anna Kamp. Photo service de presse. © Studio Christian Baraja SLB / Fonds de dotation Fromanger
Gérard Fromanger (1939-2021), Impression, soleil levant 2019, 2019. Acrylique sur toile, 200 x 300 cm. Collection Anna Kamp. Photo service de presse. © Studio Christian Baraja SLB / Fonds de dotation Fromanger

Olivier Paze-Mazzi


« Face au soleil. Un astre dans les arts »
Jusqu’au 29 janvier 2023 au musée Marmottan Monet
2 rue Louis-Boilly, 75016 Paris
Tél. 01 44 96 50 33
www.marmottan.fr

Catalogue, Hazan, 240 p., 35 €.

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