Noël Coypel, Vincent van Gogh, Amedeo Modigliani, Nicolas de Staël, Mark Rothko… Un casting quatre étoiles se prépare cet automne à accueillir les visiteurs sur les cimaises des musées français pour une rentrée résolument fastueuse qui mettra notamment à l’honneur les trésors de Notre-Dame de Paris et ceux de la lointaine Asie. L’Objet d’Art vous propose de découvrir les 10 expositions incontournables de cette rentrée. Les nostalgiques de leurs vacances pourront cependant se consoler en consultant notre sélection d’expositions estivales toujours ouvertes.
Revoir Nicolas de Staël — Paris, musée d’Art moderne de Paris
Nicolas de Staël (1914-1955) fascine toujours, à la fois par l’intensité de sa quête picturale et par son destin tragique. Après les nombreuses expositions thématiques qui lui ont été consacrées ces dernières années, le MAM relève le défi de proposer une nouvelle grande rétrospective, vingt ans après celle organisée par le Centre Pompidou. Il souhaite porter un regard neuf sur le travail de l’artiste à travers un parcours chronologique allant de ses voyages de jeunesse à ses derniers mois à Antibes. Celui-ci permettra de découvrir, parmi les 200 œuvres réunies, une cinquantaine qui seront présentées pour la première fois dans un musée français. Mathilde Dillmann
« Nicolas de Staël », du 15 septembre 2023 au 21 janvier 2024 au musée d’Art Moderne de Paris, 11 Avenue du Président Wilson, 75116 Paris. Tél. 01 53 67 40 00. www.mam.paris.fr
Paul Guillaume, le marchand qui changea le destin de Modigliani — Paris, musée de l’Orangerie
« Poète ardent et peintre parmi les grands […]. Il passa tel un météore : il fut tout en grâce, tout colère, tout mépris. Son âme hautaine d’aristocrate flottera longtemps parmi nous dans le chatoiement de ses beaux haillons versicolores. » C’est ainsi que Paul Guillaume, qui fut son premier marchand, rendait hommage à Amedeo Modigliani après sa mort. Mais quels furent exactement les liens et les affinités entre ce jeune galeriste avide d’art moderne et l’artiste italien réputé maudit ? Au musée de l’Orangerie, une exposition reconstituera, avec la rigueur d’une enquête, ce pan méconnu de la carrière de Modigliani. Eva Bensard
« Amedeo Modigliani. Un peintre et son marchand », du 20 septembre 2023 au 15 janvier 2024 au musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries, 75001 Paris. Tél. 01 44 77 80 07. www.musee-orangerie.fr
À paraître : L’Objet d’Art hors-série n° 172, éditions Faton, 48 p., 11 €.
Splendeurs du cristal de roche — Paris, musée de Cluny
Les deux superbes têtes de lion en cristal de roche conservées au musée de Cluny seront bientôt à l’honneur. Elles retrouveront le temps d’une exposition 200 œuvres réalisées dans ce même matériau qui fascine depuis l’Antiquité. Sa transparence l’entoure d’une forte valeur symbolique liée à la notion de pureté. Il fut très utilisé pour la production d’objets liturgiques et de reliquaires, en particulier au Moyen Âge, mais aussi pour créer des œuvres de grand luxe : vaisselle d’apparat, bijoux, objets décoratifs, ou même regalia, comme le sceptre venu du British Museum ; sans oublier son usage dans la réalisation d’instruments scientifiques avec les lentilles de Visby sur l’île de Gotland. M.D.
« Voyage dans le cristal », du 26 septembre 2023 au 14 janvier 2024 au musée de Cluny – musée national du Moyen Âge, 28 rue Du Sommerard, 75005 Paris. Tél. 01 53 73 78 22. www.musee-moyenage.fr
Noël Coypel et Horace Vernet en majesté — Versailles, château de Versailles
Le château de Versailles rendra hommage à deux peintres qui travaillèrent à ses grands décors : Noël Coypel (1628-1707) qui réalisa le plafond de la salle des Gardes de la Reine, et Horace Vernet (1789-1863) qui exécuta pendant plus de treize ans de grandes compositions historiques pour le musée dédié par Louis-Philippe « à toutes les gloires de la France ». Longtemps éclipsé par les succès de ses fils Antoine et Noël-Nicolas et de son petit-fils Charles-Antoine, Noël Coypel se voit enfin consacrer une exposition à la hauteur de son importance parmi les peintres du Grand Siècle. Par sa brillante carrière qui le conduisit jusqu’au poste de directeur de l’Académie de peinture et de sculpture, il incarna le modèle de l’artiste accompli. Il reçut de prestigieuses commandes pour le Louvre, les Tuileries, Versailles et Trianon, mais aussi pour l’église royale des Invalides et le Parlement de Bretagne à Rennes. Peintre prolixe, encensé ou conspué par la critique de son temps, Horace Vernet pratiqua tous les genres avec la même facilité, des portraits aux grands tableaux de bataille. Son évolution stylistique, de la fougue romantique à une peinture plus mesurée, sera au cœur de cette rétrospective. Sa présentation dans les salles d’Afrique permettra exceptionnellement au public d’admirer le décor commandé par Louis-Philipe à son peintre favori. M.D.
« Noël Coypel (1628-1707), peintre des grands décors », du 26 septembre 2023 au 28 janvier 2024 au Grand Trianon et dans le Grand appartement de la Reine au château de Versailles et « Horace Vernet », du 14 novembre 2023 au 17 mars 2024 au château de Versailles, place d’Armes, 78000 Versailles. Tél. 01 30 83 78 00. www.chateauversailles.fr
À lire : Dossiers de l’Art n° 311, 80 p., 11 €.
Bestiaire imaginaire — Lens, Louvre-Lens
Dragons, sphinx, licornes, phénix et autres créatures fantastiques vont envahir le Louvre-Lens ! Bénéfiques ou maléfiques (ou parfois ambivalents), ces animaux extraordinaires, nés de l’imagination humaine, sont présents dans toutes les civilisations. Dès le IVe millénaire avant notre ère, des griffons et d’autres créatures hybrides, comme des aigles à têtes de lions, figurent sur des sceaux-cylindres ou des palettes à fard en Iran, en Mésopotamie et en Égypte. Si les monstres incarnent les forces du Mal, comme l’hydre de Lerne vaincue par Hercule, d’autres animaux possèdent des pouvoirs magiques de guérison et de protection, tels les phénix qui veillent sur les impératrices en Extrême-Orient. Créature fantastique par excellence, le dragon se retrouve de la Chine à l’Amérique latine, en passant par la Scandinavie. De nombreuses variantes de ces serpents monstrueux se déclinent au cours des siècles, du moushkhoushshou représenté sur la porte d’Isthar afin d’assurer la garde de l’entrée de Babylone aux créations contemporaines les plus récentes. M.D.
« Animaux fantastiques », du 27 septembre 2023 au 15 janvier 2024 au Louvre-Lens, 99 rue Paul Bert, 62300 Lens. Tél. 03 21 18 62 62. www.louvrelens.fr
Le dernier Van Gogh — Paris, musée d’Orsay
Le 20 mai 1890, Van Gogh s’installe à Auvers-sur-Oise, auprès du docteur Gachet, médecin spécialisé dans le traitement de la « mélancolie », et par ailleurs collectionneur et peintre amateur. Il s’établit à l’auberge Ravoux où il décède le 29 juillet après sa tentative de suicide. En ces deux derniers mois, Van Gogh réalise 33 dessins et 73 tableaux, dont trois de ses chefs-d’œuvre les plus célèbres, Le Docteur Paul Gachet, L’église d’Auvers-sur-Oise et Champ de blé aux corbeaux. Cette période cruciale est marquée par un profond renouveau artistique, vraisemblablement dû à la tension psychique du peintre, très éprouvé par les crises déjà subies à Arles et dans l’asile de Saint-Rémy. Elle fera pour la première fois spécialement l’objet d’une exposition d’envergure, organisée avec le musée Van Gogh d’Amsterdam, qui présentera l’aboutissement de nombreuses recherches sur ces dernières semaines longtemps nimbées de mystère. M.D.
« Van Gogh à Auvers-sur-Oise. Les derniers mois », du 3 octobre 2023 au 4 février 2024 au musée d’Orsay, esplanade Valéry Giscard d’Estaing, 75007 Paris. Tél. 01 40 49 48 14. www.musee-orsay.fr
À paraître : L’Objet d’Art hors-série n° 173, éditions Faton, 64 p., 11 €.
Notre-Dame racontée par ses trésors — Paris, musée du Louvre
Sauvé de l’incendie qui a ravagé la cathédrale, le trésor de Notre-Dame de Paris est mis en lumière cet automne au Louvre. Il comprend des livres manuscrits, des objets précieux et des vêtements sacerdotaux qui étaient conservés dans la sacristie. L’exposition permettra de retracer toute l’histoire de la cathédrale depuis le Moyen Âge, à travers une centaine de pièces commandées aux plus grands artistes. Chef-d’œuvre du milieu du XIIIe siècle, le Livre des serments sur lequel les évêques et les chanoines prêtaient serment lors de leur intronisation comporte de somptueuses enluminures. Le projet de bâton cantoral dessiné par Rosso Fiorentino, la grande Vierge d’argent offerte par Charles X et les spectaculaires créations de Viollet-le-Duc, comme le Grand Ostensoir et le Reliquaire de la Sainte Couronne d’épines, prouvent le degré de raffinement atteint par l’orfèvrerie. M.D.
« Le trésor de Notre-Dame de Paris, des origines à Viollet-le-Duc », du 18 octobre 2023 au 29 janvier 2024 au musée du Louvre, 99 rue de Rivoli, 75001 Paris. Tél. 01 40 20 53 17. www.louvre.fr
À paraître : Dossiers de l’Art n° 312, 80 p., 11 €.
La rétrospective Rothko — Paris, Fondation Louis Vuitton
« Je suis devenu peintre car je voulais élever la peinture pour qu’elle soit aussi poignante que la musique et la poésie », déclarait Mark Rothko (1903-1970), hanté depuis son enfance par l’image obsessionnelle d’une fosse commune symbolisant les pogroms dans sa Lettonie natale. De ses premières peintures figuratives, des vues urbaines et des scènes du métro new-yorkais réalisées dans les années 1930, à ses célèbres compositions en larges aplats de couleur rectangulaires sur des fonds monochromes, en passant par ses Seascapes proches du surréalisme, cette rétrospective présente toute la carrière de l’artiste et son évolution vers l’abstraction à partir de 1946. Elle rassemble 110 œuvres, dont l’unique autoportrait qu’il réalisa en 1936, et compte des prêts exceptionnels comme les neuf Seagram Murals qui lui furent commandés pour le Seagram Building à New York à partir de 1958, mais qu’il préféra donner à la Tate Gallery où ils forment un ensemble unique. L’exposition met en lumière la complexité de l’art de Rothko qui refusait d’être considéré comme un « coloriste » et cherchait à exprimer dans une quête permanente « les émotions humaines fondamentales ». M.D.
« Mark Rothko », du 18 octobre 2023 au 2 avril 2024 à la Fondation Louis Vuitton, 8 avenue du Mahatma Gandhi, 75116 Paris. Tél. 01 40 69 96 00. www.fondationlouisvuitton.fr
La fête de la Régence — Paris, musée Carnavalet
Paris, le 2 septembre 1715. En ce lendemain de la mort du Roi-Soleil, le Parlement confie la régence à son neveu, Philippe d’Orléans, puisque le jeune Louis XV est âgé de seulement cinq ans. Le Régent abandonne Versailles et ramène le pouvoir dans la capitale qui redevient pendant quelques années le cœur de la vie politique, culturelle et artistique du royaume. Après la sombre fin de règne de Louis XIV, la ville retrouve son effervescence tandis que le système de Law bouleverse l’économie. Plus de 200 œuvres feront revivre à Carnavalet le bouillonnant Paris de cette décennie où, dans les salons mondains, se croisent Watteau, Marivaux, Montesquieu et Voltaire… M.D.
« La Régence à Paris (1715-1723). L’aube des Lumières », du 20 octobre 2023 au 25 février 2024 au musée Carnavalet, 23 rue de Sévigné, 75003 Paris. Tél. 01 44 59 58 58. www.carnavalet.paris.fr
Collectionner l’Asie — Dijon, musée des Beaux-Arts de Dijon
En partenariat avec l’Institut National d’Histoire de l’Art, le musée des Beaux-Arts de Dijon reviendra sur la longue histoire de la fascination pour les arts asiatiques en France. Les plus illustres collectionneurs, à commencer par Louis XV et Marie-Antoinette, acquirent des laques, des porcelaines, des ivoires, des bronzes, mais aussi des estampes et des livres illustrés, des peintures sur soie, ou même des masques de théâtre… Plus de 300 œuvres, créées au Cambodge, en Chine, en Corée et au Japon, et acheminées en France entre le XVIIIe et le XXe siècle, témoigneront de cet engouement qui ne fit que croître au fil du temps. M.D.
« À portée d’Asie. Collectionneurs, collecteurs et marchands d’art asiatique en France (1750-1930) », du 20 octobre 2023 au 22 janvier 2024 au musée des Beaux-Arts – Palais des Ducs et des États de Bourgogne, place de la Sainte-Chapelle, 21000 Dijon. Tél. 03 80 74 52 09. https://musees.dijon.fr