Petite parcelle de Suède nichée depuis 1971 au cœur du Marais, l’Institut suédois déploie, outre une belle collection d’art ancien témoignant des fructueuses relations nouées depuis le XVIIe siècle avec la France, une ambitieuse programmation.
Les murs quatre fois centenaires de l’hôtel de Marle abritent la collection de l’Institut Tessin, riche de plus de 500 peintures et de près de 5 000 œuvres sur papier – dessins, aquarelles et gravures –, ainsi que des sculptures, médailles et ouvrages anciens.
Gloire à Carl Gustaf Tessin
Conseiller culturel auprès de l’ambassade de Suède à Paris, l’historien de l’art Gunnar W. Lundberg (1903-1986) est à l’origine de cet ensemble insigne qui, sous son impulsion, se vit offrir par l’État suédois, en prévision de son legs, ce bel écrin parisien. Placée depuis 1982 sous la houlette du Nationalmuseum, la collection tire son nom du comte Carl Gustaf Tessin (1695-1770), grand amateur et diplomate qui s’imposa comme une brillante figure de la francophilie suédoise ; le musée du Louvre l’avait honoré en 2016-2017 d’une remarquable exposition. Parmi les œuvres phares actuellement visibles à Paris, citons le délicat portrait de la pastelliste Marie-Suzanne Giroust (1734-1772), immortalisée en 1770, deux ans avant sa mort prématurée à l’âge de trente-huit ans, par son époux suédois, Alexander Roslin (1718-1793).
Une nature sombre et indomptable
L’hôtel de Marle ouvre cet hiver ses cimaises aux grandes toiles figuratives de Sara-Vide Ericson, née à Stockholm en 1983, qui expose pour la première fois dans l’Hexagone. Spécialement créée pour l’occasion, la vingtaine d’œuvres est inspirée par le vécu et l’environnement familier de l’artiste, élevés par la grâce de son pinceau au rang de mythe. On découvrira d’une salle à l’autre certains motifs récurrents, à l’image des chevaux qu’elle monte quotidiennement, de mystérieuses scènes d’intérieurs, ou des marécages du Hälsingland, la très sauvage région du Nord de la Suède qui fut le berceau de sa jeunesse et où elle réside désormais depuis une dizaine d’années. Ce n’est cependant pas une nature de carte postale qui se dévoile sous nos yeux : rejetant l’aimable vert printanier, Sara-Vide Ericson dépeint une nature sombre et indomptable, dangereuse et boueuse.
Olivier Paze-Mazzi
« Desire of the Tail. Sara-Vide Ericson »
Jusqu’au 18 février 2024 à l’Institut suédois
11 rue Payenne, 75003 Paris
Tél. 01 44 78 80 20
www.institutsuedois.fr