
Cinquante manuscrits médiévaux ayant appartenu à la famille des Bourbons sont présentés dans l’écrin somptueux du cabinet des livres du musée Condé. Ces volumes exceptionnels, dont un grand nombre aux pages enluminées, racontent la relation étroite que ces ducs et princes ont entretenue avec le livre.
600 volumes composaient la bibliothèque des ducs de Bourbon à son apogée. Cet ensemble, parmi les plus importants de la fin du Moyen Âge, a été réuni à Moulins dans l’Allier, cité qui accueillit la cour princière de 1327 à 1523. Aujourd’hui, 50 de ces vénérables volumes font partie du fonds du musée Condé. Accompagnés de sept livres prestigieux de la Bibliothèque nationale de France, ils dévoilent leurs trésors peints dans le splendide cabinet des livres de Chantilly.
Guides du « bon gouvernement »
Par ordre chronologique, les ouvrages juridiques et savants en latin de Louis II de Bourbon (1337-1410), initiateur de la bibliothèque, côtoient les livres de spiritualité et de dévotion ornés des miniatures et des décors de François Barbier fils (XVe siècle) que possédait Anne de Beaujeu (1462-1522), ou encore un recueil des œuvres de Christine de Pisan dont hérita Marie de Berry (1375-1434), fille de Jean de Berry, elle-même bibliophile. Les duchesses de Bourbon, en effet, jouèrent un rôle actif dans les acquisitions et les commandes de livres. Pour les membres de la dynastie royale des Bourbons qui se réclamait de Saint Louis, leur bibliothèque était un instrument concourant à les guider dans le « bon gouvernement », mais aussi à asseoir leur pouvoir politique.

Insigne florilège
Parmi les réalisations les plus spectaculaires, citons La Bouquechardière (vers 1460-1470), ouvrage d’histoire orné avec raffinement par le Maître de l’Échevinage de Rouen, ou les Heures de Jeanne de France (vers 1452), un petit format dont les 31 miniatures aux coloris éclatants sont l’œuvre du Maître de Jouvenel des Ursins, réalisées dans le Val de Loire, et probablement, pour deux d’entre elles, du jeune Jean Fouquet (vers 1420-1480). Ailleurs, on peut admirer des pages dues à des ateliers de Lyon et de Bologne et à des maîtres parisiens tel Dunois. Des images sont particulièrement inattendues, comme une carte en double page des monts de la Sibylle imaginés par Antoine de La Sale dans son conte Le Paradis de la reine Sibylle (vers 1440). Des recueils de pièces de théâtre religieux au format spécifique, tout en hauteur, et quelques imprimés du début du XVIe siècle viennent enrichir cet admirable florilège.

Naly Gérard
« Les Manuscrits des ducs de Bourbon, XIVe-XVIe siècle »
Jusqu’au 7 janvier 2024 au cabinet des livres du musée Condé
Château de Chantilly, 60500 Chantilly
Tél. 03 44 27 31 80
www.chateaudechantilly.fr