
Grâce à un accord passé avec le Centre des monuments nationaux, la collection Al Thani est en mesure de présenter ses oeuvres à l’hôtel de la Marine, mais aussi d’inviter des institutions partenaires à faire de même lors d’expositions temporaires. Cette année, dans le cadre de la Saison France-Portugal, c’est le musée Calouste Gulbenkian de Lisbonne qui est mis à l’honneur.
Son fondateur éponyme a en effet réuni au début du XXe siècle une collection d’une rare qualité, qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler la collection Al Thani elle-même dans son approche et dans sa conception. Reflet de la curiosité inextinguible de Calouste Gulbenkian, cette collection couvre près de 5 000 ans d’histoire de l’art, de l’Égypte ancienne à Jean Dunand. Si ses bornes chronologiques et géographiques sont très larges et les œuvres qui la composent extrêmement diverses, elle n’en demeure pas moins cohérente. Gulbenkian était en effet un collectionneur méthodique et passionné, qui sut rassembler des objets précieux et rares, aux provenances souvent prestigieuses et qui témoignent de savoir-faire exceptionnels. Un régal pour les yeux !
Une alliance de savoir-faire
Dès l’enfance, Gulbenkian s’est passionné pour l’art français et tout particulièrement pour les arts décoratifs du XVIIIe siècle. Ce pot-pourri est typique de la production de la puissante corporation des marchands merciers. Véritables initiateurs des modes au Siècle des lumières, ces hommes qui n’avaient pas le droit de fabriquer mais seulement d’embellir les objets passent maîtres dans l’art de faire se rencontrer Orient et Occident. La somptueuse glaçure de ce vase en porcelaine de Chine est ainsi mise en valeur par le travail virtuose du bronze doré, attribué au bronzier Jacques Caffieri.

Exubérante joaillerie
Inventeur du bijou moderne, René Lalique fait l’admiration de Calouste Gulbenkian, qu’il rencontre au milieu des années 1890 et qui lui achètera près de 200 pièces au cours de sa vie. Ce diadème reflète la créativité sans limites du joaillier. Très inspiré par la flore et la faune, Lalique développe un bestiaire original. Au choix audacieux du motif du coq s’ajoute l’introduction de matériaux jusque-là peu ou pas employés en joaillerie comme la corne ou l’émail, dont les tons bleus et verts iridescents sont caractéristiques du travail de l’artiste. Présenté lors de l’Exposition universelle de 1900 à Paris, ce diadème consacre la réputation de Lalique.

Un bibliophile passionné
Grand bibliophile, Gulbenkian possède des ouvrages d’une très grande qualité (manuscrits médiévaux et Renaissance). Ce luxueux livre d’heures a appartenu à Isabelle de Bretagne, petite-fille du roi Charles VI, ici représentée en prière. Sorti de l’atelier du Maître de Bedford, l’ouvrage est orné de 32 miniatures en pleine page, entourées d’illustrations secondaires. Dans les marges se déploie une délicate décoration florale peuplée de personnages, de monstres, d’anges musiciens, etc.

Camille Jolin
Portfolio à découvrir en intégralité dans L’Objet d’Art n° 592, septembre 2022.
« Gulbenkian par lui-même : dans l’intimité d’un collectionneur »
Jusqu’au 2 octobre 2022 à l’hôtel de la Marine
2 place de la Concorde, 75008 Paris
Tél. 01 87 05 30 30
www.hotel-de-la-marine.paris
Catalogue, éditions du patrimoine, 336 p., 42 €.