L’art autrement : regards choisis sur l’art.

 

L’œuvre cristallin et vibrant de Michèle Perozeni s’expose au MusVerre

Michèle Perozeni, Je regarde au-dedans et l’arbre en moi grandit. Photo service de presse. © JLHess
Michèle Perozeni, Je regarde au-dedans et l’arbre en moi grandit. Photo service de presse. © JLHess

Le MusVerre consacre une rétrospective à l’artiste Michèle Perozeni à l’occasion de la donation de plusieurs de ses œuvres, retraçant un cheminement artistique entre histoire intime et universelle, mémoire personnelle et collective.

Espace de préservation et de valorisation du patrimoine verrier, le MusVerre est aussi un lieu de création contemporaine qui accueille des artistes en résidence depuis 1974 ; ce fut le cas de Michèle Perozeni, en 2011. Son cheminement artistique est intimement lié à l’institution : c’est en effet dans ses ateliers que s’est révélée sa vocation. La céramique, puis la porcelaine, l’ont amenée au verre, devenu son médium de prédilection. Cette donation, que l’artiste préfère qualifier de reconnaissance partagée avec l’institution, révèle un œuvre léger et cohérent, porté tout à la fois vers l’introspection et le monde, qui explore les rapports que l’Homme entretient avec lui-même et son environnement.

Michèle Perozeni, Péril en la demeure. Photo service de presse. © JLHess
Michèle Perozeni, Péril en la demeure. Photo service de presse. © JLHess

Au Nord, le bois et le verre

Lors de sa résidence en 2011 et celle effectuée à l’Atelier Silex (Trois-Rivières, Canada), Michèle Perozeni explore le Grand Nord silencieux, le permafrost et les immensités glacées où les seules forêts qui poussent sont celles des bois des cervidés qui les peuplent. Ce motif du bois – organe animal à l’allure de végétal – revient incessamment dans son œuvre, devenant igloo – habitat éphémère –, plumes ou feuilles mortes figées dans leur chute, méduses ou sacs plastique à la dérive…  Ces bois, couronnes qui tombent chaque année du front des cervidés, Michèle Perozeni les récupère pour les mouler et en faire des répliques transparentes et immaculées. L’artiste et les jeux de lumière semblent ici donner vie au verre inerte, mais ces bois évoquent inévitablement les « trophées » et « massacres » morbides que l’Homme, prédateur du vivant, expose sur ses murs, rappelant son impact sur l’environnement.

Michèle Perozeni, Forêt improbable. Photo service de presse. © Michèle Perozeni
Michèle Perozeni, Forêt improbable. Photo service de presse. © Michèle Perozeni

Une critique contemplative entre le monde et le moi

La couleur blanche, omniprésente, et la transparence du verre révèlent une vérité que Michèle Perozeni expose sans porter de jugement direct : la prégnance des problématiques environnementales. Destruction du vivant, pollution, fonte des glaces ou exploitations à outrance transparaissent dans ses œuvres tout en finesse, à l’équilibre instable, qui, presque organiques ou fluides, semblent parfois se mouvoir et évoquent les actions souvent délétères de l’humanité sur son habitat. Ce travail critique est avant tout contemplatif. Si l’une de ses œuvres, un arbre vitrifié aux allures de colonne vertébrale, est titrée Je regarde au-dedans et l’arbre en moi grandit, c’est aussi au-dehors, comme le poète Rilke, que Michèle Perozeni regarde, tirant d’évènements intimes ou globaux la source de ses créations. L’incendie d’un puit de gaz de schiste, une tempête au Canada, la pandémie… Autant d’épisodes dramatiques que l’artiste cristallise avec humilité via la pâte de verre, la paraffine, la céramique ou le verre translucide.

Michèle Perozeni, Bel’Alberta. Photo service de presse. © Michèle Perozeni
Michèle Perozeni, Bel’Alberta. Photo service de presse. © Michèle Perozeni

Gaspard Douin Cavard


« Mémoire vive »
Jusqu’au 7 janvier 2024 au MusVerre
76 rue du Général de Gaulle 
59216 Sars-Poteries
Tél. 03 59 73 16 16
https://musverre.fr/

Le catalogue de l’exposition paraîtra en octobre 2023.

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