
Quel autre endroit que la Maison de Victor Hugo pouvait accueillir l’exposition consacrée à Louis Boulanger (1806-1867) ? Aucun, sans doute, car ce peintre aujourd’hui quelque peu délaissé avait noué de si solides liens avec l’écrivain que ce dernier n’hésitait pas à l’appeler « mon peintre ».
Le Supplice de Mazeppa (dont les dimensions interdisent la présentation dans l’exposition), au sujet inspiré de Byron, obtient un énorme succès au Salon de 1827 et consacre le jeune peintre de 21 ans comme l’un des chantres du romantisme. Il continuera à puiser des sujets de la même veine littéraire chez les auteurs passés ou plus contemporains qui, transcrits en lithographies, connaîtront une large diffusion. En contrepoint, il se consacre à des œuvres de grand format et va jusqu’à s’engager dans le grand décor. Il s’affirme aussi dans le genre du portrait.
De Victor Hugo à Alexandre Dumas
Dans un contexte éditorial où la vignette engendre le succès de la publication, il accompagne donc les œuvres de son ami Hugo et s’empare de celles de Dumas. Son goût pour le théâtre et l’opéra le conduit à dessiner des décors et des costumes de scène à la véracité historique méticuleusement étudiée.
De l’Espagne à l’Algérie
Son inclination pour l’Espagne se renforce avec le voyage qu’il entreprend en compagnie d’autres artistes amis, à l’occasion du mariage du duc de Montpensier, à Madrid en 1846 ; il pousse même son incursion jusqu’en Algérie. De ce voyage qui couronne un rêve vieux de plusieurs décennies, il rapporte de nombreux dessins. L’œuvre de l’artiste comprend aussi des sujets religieux. Décidément, Boulanger n’est pas que le peintre de Mazeppa qui a éclipsé la réalité multiforme de sa production.
Hélène Guicharnaud
« Louis Boulanger. Peintre rêveur »
Jusqu’au 5 mars 2023 à la Maison de Victor Hugo
6 place des Vosges, 75004 Paris.
Tél. 01 42 72 10 16
www.maisonsvictorhugo.paris.fr
Catalogue, coédition Maison de Victor Hugo / Paris Musées, 168 p., 29,90 !.