L’art autrement : regards choisis sur l’art.

 

Madame Récamier déchaîne les passions à Fontainebleau

Joseph Chinard (1756-1813) et Jacob-Frères (socle), Le Silence (détail), vers 1798. Marbre blanc et socle en acajou et bronze doré, 86 x 25,5 x 21,5 cm. Estimé : 400 000/500 000 €. Vendu 918 720 € (frais inclus). © Osenat
Joseph Chinard (1756-1813), Le Silence (détail), vers 1798. Marbre blanc, 86 x 25,5 cm. Estimé : 400 000/500 000 €. Vendu 918 720 € (frais inclus). © Osenat

La vente Osenat orchestrée le 4 décembre dernier à Fontainebleau a offert aux musées l’opportunité de s’offrir, quelques jours avant Noël, de précieuses pièces impériales. Très attendue, la dispersion des dernières reliques de la chambre de Madame Récamier n’a pas manqué d’attirer l’attention du Louvre et des collectionneurs.

Véritable écrin des arts décoratifs sous le Consulat, les appartements de Juliette Récamier, situés à Paris en son hôtel de la rue du Mont Blanc, accueillaient alors le Tout-Paris qui pouvait y admirer le splendide aménagement intérieur conçu par Louis Martin Berthault (1770-1823) avec la collaboration de Charles Percier (1764-1838). La mise à l’encan de plusieurs pièces documentées sur place constituait donc un événement. La sculpture Le Silence, formellement attribuée à Joseph Chinard (1756-1813), a ainsi stimulé les enchères jusqu’à la somme de 918 720 € (frais inclus), décrochant le record du monde pour une œuvre de l’artiste.

Joseph Chinard (1756-1813) et Jacob-Frères (socle), Le Silence, vers 1798. Marbre blanc et socle en acajou et bronze doré, 86 x 25,5 x 21,5 cm. Estimé : 400 000/500 000 €. Vendu 918 720 € (frais inclus). © Osenat
Joseph Chinard (1756-1813) et Jacob-Frères (socle), Le Silence, vers 1798. Marbre blanc et socle en acajou et bronze doré, 86 x 25,5 x 21,5 cm. Estimé : 400 000/500 000 €. Vendu 918 720 € (frais inclus). © Osenat

La « torchère ananas » entre au Louvre

S’il n’a hélas pu se porter acquéreur de cette sculpture, le Louvre, qui depuis 1994 propose une reconstitution de la chambre de la salonnière, a cependant préempté pour 86 770 € (frais inclus) une torchère et sa girandole, connue sous le nom de « torchère ananas ». Dessinée par Charles Percier et Louis Martin Berthault, cette dernière a longtemps orné la chambre de Juliette Récamier. La présence de ces deux objets y est attestée par la planche 92 intitulée La décoration de la chambre à coucher de Mme Récamier du recueil Les plus belles maisons de Paris et des environs publié par l’architecte Jean-Charles Krafft entre 1801 et 1803.

Mise à jour du 10 janvier 2023 : L’année 2023 ne pouvait mieux commencer puisque le Louvre vient d’annoncer qu’un accord avait été trouvé avec le collectionneur adjudicataire de la sculpture du Silence qui accepte élégamment de la lui céder. 

Charles Percier (1764-1823) et Louis Martin Berthault (1770-1823), Torchère et sa girandole, vers 1798. Bois peint vert et doré, H. 194 cm. Estimé : 60 000/80 000 €. Préempté 86 770 € (frais inclus) par le musée du Louvre. © Osenat
Charles Percier (1764-1823) et Louis Martin Berthault (1770-1823), torchère et sa girandole, vers 1798. Bois peint vert et doré, H. 194 cm. Estimé : 60 000/80 000 €. Préempté 86 770 € (frais inclus) par le musée du Louvre. © Osenat

En route vers Fontainebleau et le musée de la Légion d’honneur

Le château de Fontainebleau a de son côté réalisé deux belles préemptions au sein de cette vente. Il a ainsi acquis pour la somme de 51 040 € (frais inclus) une coupe en vermeil de Martin Guillaume Biennais issue du service de Camille Borghèse et de la princesse Pauline Bonaparte.

Martin-Guillaume Biennais, service du prince Camille Borghèse et de la princesse Pauline Bonaparte. Coupe couverte en vermeil, H. 31,7 cm. Estimé : 40 000/60 000 €. Préempté 51 040 € (frais inclus) par le château de Fontainebleau. © Osenat
Martin-Guillaume Biennais, service du prince Camille Borghèse et de la princesse Pauline Bonaparte. Coupe couverte en vermeil, H. 31,7 cm. Estimé : 40 000/60 000 €. Préempté 51 040 € (frais inclus) par le château de Fontainebleau. © Osenat

Un second achat lui a permis de retrouver un pommier qui durant le Premier Empire meublait la chambre de Napoléon Ier.

Pommier, époque Empire. 93 x 110 x 70 cm. Estimé : 6 000/8 000 €. Préempté 11 484 € (frais inclus) par le château de Fontainebleau. © Osenat
Pommier, époque Empire. 93 x 110 x 70 cm. Estimé : 6 000/8 000 €. Préempté 11 484 € (frais inclus) par le château de Fontainebleau. © Osenat

Le musée de la Légion d’honneur a de son côté préempté une rare matrice impériale jamais utilisée pour 2 169 € (frais inclus).

Jeuffroy, Napoléon Empereur des Français chef de la Légion d’honneur, vers 1804. Matrice en fer frappé, D. 11 cm. Estimé : 1 000/1 500 €. Préempté : 2 169 € (frais inclus) par le château de Fontainebleau. © Osenat
Jeuffroy, Napoléon Empereur des Français chef de la Légion d’honneur, vers 1804. Matrice en fer frappé, D. 11 cm. Estimé : 1 000/1 500 €. Préempté : 2 169 € (frais inclus) par le musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie. © Osenat

Simon Poirier

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