Adjugé ! Le meilleur des arts d’Asie
Japon, fin de la période Edo – début de la période Meiji, vers 1850-1880. Paravent à six feuilles à décor peint sur papier (détail), 182 x 46 cm pour une feuille. © Osenat
C’est encore la Chine qui a dominé le paysage des enchères au mois de mars, emportant les acquéreurs sur le chemin mythique de la Chine archaïque, vraie ou suggérée. Mais on sait bien que les maisons de ventes gardent leurs pépites pour les vacations de juin !
La dynastie des Shang et l’art de la libation
Le corps du récipient est évasé vers le haut. Il est muni de deux becs verseurs, l’un large terminé en pointe, l’autre long et étroit. Deux tenons latéraux sont terminés par des « boutons ». Le décor, moulé, est constitué de motifs stylisés de leiwen (nuages), de masques de taotie (monstres gloutons) et de dragons archaïques kui. Un des côtés est flanqué d’une tête de bovidé. Le jue repose sur trois pieds triangulaires effilés en forme de lames. La dynastie des Shang fut réputée pour ses rituels nombreux, à tel point que certains historiens pensent qu’elle doit sa disparition au nombre de ses libations alcoolisées. De provenance impeccable – ancienne collection Evrard de Rouvre (1923-1979), avec la fiche manuscrite du collectionneur –, ce vase fut récompensé à juste titre. Il ornait la couverture du catalogue de la vente.
Chine, dynastie des Shang (1600-1045 avant J.-C.). Vase rituel à boisson fermentée jue en alliage de cuivre, H. 19,5 cm ; poids 723 g. Vente Paris Drouot, Ader, 28 février 2025. Expert : cabinet Frantz Fray et Laurence Souksi. Estimé : 30 000/40 000 €. Adjugé : 75 400 € (frais inclus). © Drouot / Ader
Des pouvoirs de la corne de rhinocéros
La présente coupe libatoire est en corne de rhinocéros sculptée, à décor de deux dragons archaïsants qilong, de grappes de raisins et de flots à la base. Des petits manques sur la bordure et un trou dans la paroi sont à noter. Le décor ainsi que la sculpture sont souples et nerveux, et très bien ordonnancés sur la surface. Les coupes libatoires, qu’elles soient en porcelaine ou en corne de rhinocéros, ne sont pas sans rappeler les vases à libations de la période archaïque. Le matériau de celle-ci est réputé détecter les poisons et produire de supposés effets aphrodisiaques. Le pouvoir de l’imagination est sans borne…
Chine, dynastie Qing, XVIIe-XVIIIe siècle. Coupe libatoire en corne de rhinocéros sculptée, 9,8 x 17 x 10 cm ; poids 258 g. Vente Paris Drouot, Yann le Mouel, 11 mars 2025. Expert : Laurent Schroeder. Estimé : 15 000/20 000 €. Adjugé : 18 750 € (frais inclus). © Drouot / Yann Le Mouel
Un éventail d’une très rare qualité
Voici un superbe éventail dont les brins sont parés de personnages et de pagodes à l’or sur fond vert, et les feuilles double face de quarante personnages sur des terrasses de pavillons. Les costumes de soie sont traités en polychromie, les têtes sont en relief. Le revers est peint sur fond argenté de cinq médaillons à décor de faisans parmi des fleurs, de personnages sur des terrasses et d’une vue de rivière. La monture est en os repercé, gravé, teinté en vert et doré, à décor, sur les deux faces, de personnages dans des jardins animés de pavillons à l’ombre de saules-pleureurs et de bambous. Les panaches sont en bambou laqué vert à décor à l’or. Cette pièce, tout simplement somptueuse, mérite amplement le résultat obtenu.
Chine, XIXe siècle. Éventail plié en papier peint, H. (ouvert) 28,5 cm. Vente Paris Drouot, Coutau-Bégarie & Associés, 28 février 2025. Expert : Georgina Letourmy-Bordier. Estimé : 600/800 €. Adjugé : 3 250 € (frais inclus). © Drouot / Coutau-Bégarie & Associés
Un paravent japonais au curieux thème équestre
Les six chevaux sont traités individuellement, chacun sur une feuille, de manière réaliste, dans des positions et des attitudes différentes ; le décor court en suite sur toute la surface du paravent ; des bambous surmontent la scène. C’est probablement davantage la rareté du thème équestre qui a produit cette enchère, plutôt que la qualité de réalisation, somme toute assez simple.
Japon, fin de la période Edo – début de la période Meiji, vers 1850-1880. Paravent à six feuilles à décor peint sur papier, 182 x 46 cm pour une feuille. Vente Fontainebleau, Osenat, 1er mars 2025. Experts : cabinet Ansas, Papillon, de Léry. Estimé : 1 500/2 000 €. Adjugé : 4 536 € (frais inclus). © Osenat
La revanche de Bien Hôa
Le décor floral en léger relief, en brun foncé sur fond crème, évoque d’énormes pivoines stylisées. La forme rappelle les meiping, les vases chinois dans lesquels on place les branches de prunier. Les émaux et la composition sont ceux des grès de Cizhou de l’époque Song. La hardiesse et l’harmonie du décor ont favorisé les enchères à un juste niveau. Une marque des fours de Bien Hôa figure sous la base ; ces productions, habituellement négligées, trouvent avec ce résultat une jolie récompense.
Vietnam, XXe siècle. Jarre pansue en grès vernissé brun et crème, H. 50 cm. Vente Charenton-le-Pont, Crait + Müller, 27 février 2025. Expert : Laurent Schroeder. Estimé : 300/500 €. Adjugé : 2 967 € (frais inclus). © Crait + Müller
