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Adjugé ! Le style moghol déçoit, la porcelaine chinoise du XVIIIᵉ siècle s’envole

Chine, XVIIIᵉ siècle. Vase en porcelaine émaillée polychrome de la famille rose (détail), H. 51 cm. Vente Paris, Piasa, 3 juillet 2025. Estimé : 10 000/15 000 € Adjugé : 119 600 € (frais inclus).

Chine, XVIIIᵉ siècle. Vase en porcelaine émaillée polychrome de la famille rose (détail), H. 51 cm. Vente Paris, Piasa, 3 juillet 2025. Estimé : 10 000/15 000 € Adjugé : 119 600 € (frais inclus). © Piasa

C’est comme si le mois de juillet avait bénéficié de l’élan de juin : les ventes se sont succédé presque au même rythme, du moins pour la courte période précédant le long sommeil estival. Quelques beaux résultats ont donc vu le jour.

Un bodhisattva de la collection Corvisart

Le bodhisattva est figuré sur un double lotus ; il présente des traces de polychromie bleues et rouges. Il est doté de huit bras et de trois visages à trois yeux. Il est assis en vajraparyanka (posture de méditation) sur un double lotus. Chaque visage est orné d’un diadème serti de cabochons de pierres dures, corail, turquoise et lapis-lazuli. Cette belle figurine provient de la collection de la famille Corvisart, dont l’aïeul Jean-Nicolas (1755-1821) fut le médecin personnel de Napoléon Ier. Cette statuette a perdu les attributs qu’elle avait dans les mains ; Ushnishavijaya est une émanation du Bouddha Vairocana ; elle est l’une des trois divinités de longévité avec Amithayus et la Tara blanche.

Tibet, XVIIᵉ siècle. Groupe en bronze doré de Ushnishavijaya. H. 24,5 cm. Vente Nantes, Ivoire Nantes, 19 juin 2025. Experts : cabinet Ansas, Papillon et de Léry. Estimé : 15 000/20 000 € Adjugé : 52 080 € (frais inclus).

Tibet, XVIIᵉ siècle. Groupe en bronze doré de Ushnishavijaya. H. 24,5 cm. Vente Nantes, Ivoire Nantes, 19 juin 2025. Experts : cabinet Ansas, Papillon et de Léry. Estimé : 15 000/20 000 € Adjugé : 52 080 € (frais inclus). © Ivoire Nantes

Iconographie classique pour un jade céladon

Le pourtour est finement sculpté de deux qilong ; l’anse sort de la gueule d’un masque de taotie. Des motifs de lingzhi sont incisés en demi-relief et complètent l’ornementation de l’anse. La pierre est d’une belle teinte céladon finement tachée de rouille. La coupe repose sur un talon court et droit. La facture et le style de cet objet suggèrent une datation de la fin du XIXe siècle, dans le goût des Ming. Les coupes libatoires, originellement en bronze, furent déclinées en divers matériaux, les plus appréciées étant en jade.

Chine, dynastie Qing (1644-1911). Coupe libatoire, en jade céladon légèrement infusé de rouille, 5,9 x 12 cm. Vente Paris Drouot, Delon / Hoebanx, 26 juin 2025. Experts : cabinet Ansas, Papillon & de Léry. Estimé : 3 000/5 000 € Adjugé : 3 640 € (frais inclus).

Chine, dynastie Qing (1644-1911). Coupe libatoire, en jade céladon légèrement infusé de rouille, 5,9 x 12 cm. Vente Paris Drouot, Delon / Hoebanx, 26 juin 2025. Experts : cabinet Ansas, Papillon & de Léry. Estimé : 3 000/5 000 € Adjugé : 3 640 € (frais inclus). © Drouot / Delon / Hoebanx

Résultat atypique pour une pièce typique du XVIIIe siècle chinois

Le vase est court, de forme balustre et pansue. Il présente un décor animé des huit immortels taoïstes (baxian). Un côté nous laisse voir sept d’entre eux installés sur une terrasse sous des pins. De l’autre, on distingue He Xiangu qui amène Shoulao, Liu Hai avec son crapaud et un immortel pointant une grue en vol, dans une embarcation. Selon la mode typique de l’époque, les deux anses sont en forme de têtes d’éléphant émaillées rouge et or. Cette pièce est caractéristique du règne de Qianlong (1736-1795). Les couleurs sont franches ; c’est l’apogée de la famille rose. Le caractère propitiatoire est évident, laissant penser que cette pièce a été offerte comme vœu de longévité à l’occasion d’un anniversaire.

Chine, XVIIIᵉ siècle. Vase en porcelaine émaillée polychrome de la famille rose, H. 51 cm. Vente Paris, Piasa, 3 juillet 2025. Estimé : 10 000/15 000 € Adjugé : 119 600 € (frais inclus).

Chine, XVIIIᵉ siècle. Vase en porcelaine émaillée polychrome de la famille rose, H. 51 cm. Vente Paris, Piasa, 3 juillet 2025. Estimé : 10 000/15 000 € Adjugé : 119 600 € (frais inclus). © Piasa

Un précieux instrument de lettré

Le petit ustensile est en forme de citrouille. La couverte émaillée vert foncé présente de fines craquelures sur toute sa surface, ce qui correspond à une recherche esthétique délibérée. La tige forme le bec verseur. Le compte-gouttes, en Chine, est utilisé pour délayer l’encre solide du bâton qui est délicatement frotté sur une pierre spécifique, afin d’obtenir de l’encre liquide pour la peinture ou la calligraphie. Il fait partie des fameux instruments du lettré. À ce titre, il bénéficie de l’aura de ces intellectuels férus d’art et de culture. Voilà un résultat inattendu pour un objet d’une grande simplicité.

Chine, dynastie Qing, XIXᵉ siècle. Compte-gouttes en porcelaine monochrome vert, L. 10 cm. Vente Paris Drouot, Farrando, 4 juillet 2025. Expert : Qinghua YIN. Estimé : 80/120 € Adjugé : 2 857 € (frais inclus).

Chine, dynastie Qing, XIXᵉ siècle. Compte-gouttes en porcelaine monochrome vert, L. 10 cm. Vente Paris Drouot, Farrando, 4 juillet 2025. Expert : Qinghua YIN. Estimé : 80/120 € Adjugé : 2 857 € (frais inclus). © Drouot / Farrando

Le style moghol peu récompensé

Le pommeau en cristal de roche est en forme de tête de bouquetin. Il est incrusté d’émaux cloisonnés sertis en kundan. La lame incurvée est en acier trempé et damassé. La mitre est ornée de cartouches niellés et damasquinés or. La technique du kundan, créée par l’Inde moghole, consiste à sertir des gemmes avec de l’or pur et massé, produisant ainsi une soudure à froid. Ce poignard d’apparat se rattache au style de ­l’Inde moghole des XVIIe-XVIIIe siècles. La cote de ces réalisations, pourtant virtuoses et d’un rendu superbe, reste basse faute d’amateurs avertis.

Inde, Rajasthan. Poignard dit « Khanjar » en acier et cristal de roche, L. 42 cm. Vente Paris Drouot, Mirabaud-Mercier, 25 juin 2025. Estimé : 500/600 € Adjugé : 2 516 € (frais inclus).

Inde, Rajasthan. Poignard dit « Khanjar » en acier et cristal de roche, L. 42 cm. Vente Paris Drouot, Mirabaud-Mercier, 25 juin 2025. Estimé : 500/600 € Adjugé : 2 516 € (frais inclus). © Drouot / Mirabaud-Mercier

Ravissant ensemble de deux théières de la dynastie Qing

La maison Farrando proposait de très jolies théières en forme de fagots de bambou. Elles sont toutes deux moulées dans de la porcelaine, avec des émaux appliqués sur le biscuit. Le choix des couleurs est particulièrement bien étudié, ce qui en fait des objets d’art à part entière. Le bec verseur, la prise du couvercle et l’anse sont aussi en forme de bambou. Elles sont munies d’un socle en bois. L’une porte une étiquette de la prestigieuse collection F. Langweil ; l’autre une étiquette « S. Gorer & Son ». Une théière presque semblable figure dans les collections du musée des Arts décoratifs de Paris ; on peut d’ailleurs l’y admirer actuellement au sein de l’exposition « Bambou, du motif à l’objet » (voir « Nos itinéraires de l’été 2025 (11/17). À chacun son style »).

Chine, dynastie Qing, règne de Kangxi (1662-1722). Théières en porcelaine de la famille verte, H. 10 cm. Vente Paris Drouot, Farrando, 4 juillet 2025. Expert : Qinghua YIN. Estimé : 400/600 € Adjugé : 5 974 € (frais inclus).

Chine, dynastie Qing, règne de Kangxi (1662-1722). Théières en porcelaine de la famille verte, H. 10 cm. Vente Paris Drouot, Farrando, 4 juillet 2025. Expert : Qinghua YIN. Estimé : 400/600 € Adjugé : 5 974 € (frais inclus). © Drouot / Farrando