Adjugé ! Pierre Gole ou l’avant-garde du Grand Siècle

Pierre Gole (vers 1620-1685) quitte sa Hollande natale vers 1640 pour rejoindre à Paris l’atelier d’Adriaan Garbrandt dont il épouse la fille aînée en 1645. Dès 1650, il est le véritable maître de l’atelier et reçoit de nombreuses commandes de particuliers pour des cabinets en ébène richement sculptés et très rapidement, les commandes d’Anne d’Autriche et du jeune Louis XIV qui lui confère en 1651 le titre d’« ébéniste du roi ». Fournisseur du Grand ­Dauphin et du ­Cardinal ­Mazarin, il sera l’un des ébénistes les plus importants de Paris, livrant des tables marquetées sur fond d’écaille et inventant la marqueterie de bois sur fond d’ivoire, comme sur le cabinet du ­Victoria & Albert ­Museum, conçu vers 1662 pour ­Philippe d’Orléans, frère du roi.

Pierre Gole (vers 1620-1685), cabinet, Paris, vers 1665. Chêne, ébène, ivoire teinté et au naturel, palissandre, cèdre, nacre, vernis noir et doré, velours brodé, bronze doré et ciselé, noyer au naturel et patiné, 181,5 x 126 x 44 cm. Statuette ancienne et piètement rapportés. Vente Rennes, Rennes Enchères, 17 février 2025. © Rennes Enchères

Ainsi en est-il de ce cabinet breton marqueté sur fond d’ivoire, de vases sur des socles coiffés d’élégantes draperies, de fleurs et de rinceaux en bois ombré au sable chaud pour plus de réalisme. Un naturalisme similaire apparaît sur le cabinet du Dallas ­Museum of Art (vers 1665, in Pierre Gole ébéniste de Louis XIV, éditions Faton), dont le cabinet de Rennes est très proche par sa structure et son décor. Sur les façades des deux cabinets, apparaît le même principe d’une niche surmontée d’un panneau, à frontons et pilastres identiques, mais aussi les mêmes réserves et ornements, dont les élégants rinceaux et acanthes propres au maître.

Pierre Gole (vers 1620-1685), cabinet (détail), Paris, vers 1665. Chêne, ébène, ivoire teinté et au naturel, palissandre, cèdre, nacre, vernis noir et doré, velours brodé, bronze doré et ciselé, noyer au naturel et patiné, 181,5 x 126 x 44 cm. Vente Rennes, Rennes Enchères, 17 février 2025. © Rennes Enchères

Quant à la laque burgautée ou « nacre de perle », identique à celle du cabinet de Dallas, elle était probablement présente sur le piètement d’origine – hélas perdu – sans doute composé de colonnes marquetées de fleurs sur ivoire dans leur tiers inférieur, le reste étant couvert de cette même laque burgautée, témoin du savoir-faire du maître dans l’imitation des laques orientales. Enfin, le velours grenat brodé de fleurs et rinceaux dorés sur certains tiroirs – qui trouvent un remarquable épanouissement sur le panneau central au revers de la porte – rappelle que le velours est attesté sur certains des treize tiroirs de l’un des deux cabinets marquetés que Pierre Gole livra en 1665 à Louis XIV pour y ranger la collection de médailles antiques que le roi avait héritée de son oncle Gaston d’Orléans.

Pierre Gole (vers 1620-1685), cabinet, Paris, vers 1665. Chêne, ébène, ivoire teinté et au naturel, palissandre, cèdre, nacre, vernis noir et doré, velours brodé, bronze doré et ciselé, noyer au naturel et patiné, 181,5 x 126 x 44 cm. Statuette ancienne et piètement rapportés. Vente Rennes, Rennes Enchères, 17 février 2025. © Rennes Enchères