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Adjugé ! Retour sur les plus belles enchères du mois du dessin

Eugène Delacroix (1798-1863), Étude de lions couchés (détail). Huile sur toile (châssis d’origine), 61 x 50 cm. Vente Paris Drouot, Daguerre, 28 mars 2025. Expert : Cabinet Turquin. Estimé : 200 000/300 000 € Adjugé : 455 000 € (frais inclus).

Eugène Delacroix (1798-1863), Étude de lions couchés (détail). Huile sur toile (châssis d’origine), 61 x 50 cm. Vente Paris Drouot, Daguerre, 28 mars 2025. Expert : Cabinet Turquin. Estimé : 200 000/300 000 € Adjugé : 455 000 € (frais inclus). © Drouot / Daguerre

Le Salon du dessin fut l’occasion de belles ventes parisiennes et de quelques records, notamment chez Christie’s.

Une feuille de Poussin très convoitée

Ce beau dessin à la composition très aboutie de ­Nicolas Poussin est une découverte, ce qui explique son record mondial pour une œuvre sur papier de l’artiste. Le style de cette œuvre s’apparente à celui du début de sa carrière, alors qu’arrivé à Rome en 1624, il ne briguait pas les commandes officielles mais préférait travailler pour des commanditaires privés avec des sujets religieux traditionnels. Cette feuille daterait des années 1627-1630. Elle ne fut pas transcrite en peinture ; en revanche, elle est très proche d’un dessin conservé à ­Chantilly figurant Mars et Vénus et certains détails, comme le groupe de putti, se retrouvent dans sa Fuite en Égypte. Poussin représente ici une sainte Catherine sereine, recevant des mains de différents putti une image pieuse, une couronne de fleurs et la palme du martyre, alors que la roue est reléguée au sol.

Nicolas Poussin (1594-1665), La conversion de sainte Catherine (avec inscription « S. Chaterina » en bas à droite). Plume et encre brune, lavis brun, 15,9 x 12 cm. Vente Paris, Christie’s, 26 mars 2025. Estimé : 60 000/80 000 € Adjugé : 277 200 € (frais inclus).

Nicolas Poussin (1594-1665), La conversion de sainte Catherine (avec inscription « S. Chaterina » en bas à droite). Plume et encre brune, lavis brun, 15,9 x 12 cm. Vente Paris, Christie’s, 26 mars 2025. Estimé : 60 000/80 000 € Adjugé : 277 200 € (frais inclus). © Christie’s Image Ltd, 2025

Record mondial pour Primatice

Il s’agit d’un record mondial pour un dessin de Primatice datant sans doute de 1540, année de la mort de Rosso Fiorentino. C’est pourquoi Primatice compléta la décoration du château de Fontainebleau inachevée par son aîné, soit les six compositions qui décorent le vestibule de la Porte Dorée encore en place aujourd’hui (cf. EOA n° 614, pp. 36-45). Primatice, né à Bologne et formé sur les chantiers du Palais du Te à Mantoue, arriva en France en 1532 au moment où François Ier rénovait le château bellifontain en employant des artistes italiens qui formèrent la Première École de Fontainebleau. Inscrite au titre des Monuments historiques depuis 2012, cette feuille montre des études anatomiques de personnages en partant des os, puis des muscles et de la peau, suivant les directives établies par le traité d’Alberti en 1435, et reprises ensuite par Vésale.

Francesco Primatice (1504-1570), Étude d’anatomie pour Hercule abordant à l’île de Cos et blessé par Chacodon. Sanguine rehaussée de blanc, traces de graphite, 24,6 x 38,8 cm. Vente Paris, Christie’s, 26 mars 2025. Estimé : 40 000/60 000 € Adjugé : 831 600 € (frais inclus).

Francesco Primatice (1504-1570), Étude d’anatomie pour Hercule abordant à l’île de Cos et blessé par Chacodon. Sanguine rehaussée de blanc, traces de graphite, 24,6 x 38,8 cm. Vente Paris, Christie’s, 26 mars 2025. Estimé : 40 000/60 000 € Adjugé : 831 600 € (frais inclus). © Christie’s Image Ltd, 2025

Danaé recevant la pluie d’or

Une annotation au dos de cette feuille prouve qu’elle provient de la collection du prince Charles de Faucigny-Lucinge ; elle fut acquise en 1900 par les ascendants des derniers propriétaires. Ce dessin de François Boucher fut sans doute réalisé après la création du tableau de même sujet en 1740 (conservé au Nationalmuseum de Stockholm). Le thème est resté célèbre : Danaé reçoit la visite de Jupiter sous la forme d’une pluie d’or dont naîtra Persée. À cette époque, l’artiste qui venait d’être reçu à l’Académie fit preuve d’une intense activité. Il établit dans son œuvre un « hymne à la femme », tout à fait en phase avec la société parisienne de l’époque où la sensualité raffinée était de mise, avec des sujets provenant souvent de la mythologie, comme ici.

François Boucher (1703-1770), Danaé recevant la pluie d’or. Crayon noir sur traits de sanguine, craie blanche et estompe, rehauts de pastel bleu sur papier beige, 30 x 47 cm. Vente Paris Drouot, Daguerre, 28 mars 2025. Expert : Cabinet de Bayser. Estimé : 30 000/50 000 € Adjugé : 48 100 € (frais inclus).

François Boucher (1703-1770), Danaé recevant la pluie d’or. Crayon noir sur traits de sanguine, craie blanche et estompe, rehauts de pastel bleu sur papier beige, 30 x 47 cm. Vente Paris Drouot, Daguerre, 28 mars 2025. Expert : Cabinet de Bayser. Estimé : 30 000/50 000 € Adjugé : 48 100 € (frais inclus). © Drouot / Daguerre

Véritables portraits de fauves

Delacroix peignit sur le vif de nombreux animaux, en compagnie de Barye avec qui il se rendait au Muséum d’Histoire naturelle de Paris, l’occasion d’observer au plus près l’attitude de ces bêtes sauvages qui exerçaient sur eux une véritable fascination (ils assistaient même au cours de dissection). Delacroix pouvait ensuite inclure ces études dans de multiples compositions ; on connaît en effet de lui plusieurs tableaux montrant de grands fauves. On peut notamment en citer deux, l’un conservé à Cambridge et l’autre à Budapest. On remarquera ici la touche tout à fait particulière, faite de hachures que d’aucuns considèrent comme un prélude à l’impressionnisme.

Eugène Delacroix (1798-1863), Étude de lions couchés. Huile sur toile (châssis d’origine), 61 x 50 cm. Vente Paris Drouot, Daguerre, 28 mars 2025. Expert : Cabinet Turquin. Estimé : 200 000/300 000 € Adjugé : 455 000 € (frais inclus).

Eugène Delacroix (1798-1863), Étude de lions couchés. Huile sur toile (châssis d’origine), 61 x 50 cm. Vente Paris Drouot, Daguerre, 28 mars 2025. Expert : Cabinet Turquin. Estimé : 200 000/300 000 € Adjugé : 455 000 € (frais inclus). © Drouot / Daguerre

Un léopard fait rugir les enchères

Cette étude est préparatoire à l’un des tableaux montrant les animaux de la Ménagerie du Roi exposé au Salon de 1741 (Un tigre masle en colère, pendant d’Un tigre femelle dans une attitude tranquille). Oudry s’illustra d’abord dans des scènes de chasse, dont certaines furent transposées en tapisseries, notamment pour les Gobelins. Puis il se consacra aux animaux sauvages, comme le léopard que l’on retrouve dans Combat entre des léopards et des chevaux sauvages et Combat d’éléphants, lions, léopards et tigres, ou encore La chasse au loup – des scènes prévues elles aussi pour être intégrées à des tapisseries qui ne virent cependant jamais le jour. L’attitude de ce fauve est remarquable par sa vivacité et sa férocité.

Jean-Baptiste Oudry (1686-1755), Léopard en colère. Pierre noire, estompe et rehauts de craie blanche, 31,5 x 42 cm. Vente Paris, Artcurial, 26 mars 2025. Expert : Cabinet de Bayser. Estimé : 30 000/50 000 € Adjugé : 65 600 € (frais inclus).

Jean-Baptiste Oudry (1686-1755), Léopard en colère. Pierre noire, estompe et rehauts de craie blanche, 31,5 x 42 cm. Vente Paris, Artcurial, 26 mars 2025. Expert : Cabinet de Bayser. Estimé : 30 000/50 000 € Adjugé : 65 600 € (frais inclus). © Artcurial

L’amitié selon Ingres

Au-delà de sa qualité, cette feuille est l’image de l’amitié jamais démentie qui liait Charles Marcotte d’Argenteuil et Ingres. Ils se connurent à Rome, lors du premier séjour d’Ingres dans la Ville éternelle. Après son passage à l’Académie, ce dernier décida de rester en Italie où l’administration impériale lui assurait beaucoup de commandes. Après avoir peint un portrait de Marcotte, nommé Inspecteur général des Forêts en 1806, l’artiste poursuivit en livrant de nombreuses effigies de toute sa famille. Ingres laissa dans ce domaine de multiples études et ses portraits à la mine de plomb peuvent être considérés comme des « chefs-d’œuvre de l’art universel ».

Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), Portrait de Charles Marcotte d’Argenteuil assis de profil, à mi-corps. Signé et daté Ingres 1811, retouché en 1835. Crayon noir, estompe, 22 x 16 cm. Vente Paris, Artcurial, 26 mars 2025. Expert : Cabinet de Bayser. Estimé : 120 000/150 000 € Adjugé : 137 760 € (frais inclus).

Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), Portrait de Charles Marcotte d’Argenteuil assis de profil, à mi-corps. Signé et daté Ingres 1811, retouché en 1835. Crayon noir, estompe, 22 x 16 cm. Vente Paris, Artcurial, 26 mars 2025. Expert : Cabinet de Bayser. Estimé : 120 000/150 000 € Adjugé : 137 760 € (frais inclus). © Artcurial