Bientôt sous le marteau : les ventes aux enchères à ne pas manquer en octobre 2025

Une riche actualité mettra le design à l’honneur chez Bonhams Cornette de Saint Cyr à travers trois remarquables collections. La première est composée du mobilier provenant d’une villa entièrement décorée à la fin des année 1940 par la Maison Leleu. Cette maison de décoration fondée en 1882 par le père de Jules Leleu a déployé ses activités avec succès des années 1920 aux années 1960, agissant dans tous les domaines de la profession, des boiseries aux éclairages en passant par les tapis, en collaboration avec de nombreux artistes. En vedette, on verra une double porte pliante à six volets créée par Pierre Dunand (troisième fils de Jean Dunand) pour la Maison Leleu entre 1942 et 1946, réalisée en laque, bois et laiton (30 000/50 000 €). La seconde collection propose un bel ensemble de seize pièces de mobilier du designer belge Jules Wabbes (1919-1974) issu de la collection personnelle de Lucien Leborgne, qui fut contremaître des Ateliers de ce dernier dans les années 1950. Enfin le dernier groupe concerne la célèbre créatrice Line Vautrin, dont seront présentés cinquante-quatre boîtes, poudriers et bijoux en bronze doré d’une grande poésie, réalisés dans les années 1940, pour des valeurs estimatives allant de 500 à 5 000 €.

Pierre Dunand (1914-1996) pour la Maison Leleu, double porte pliante à six volets, vers 1942-1946. Laque, bois et laiton, 236 x 206 x 3,5 cm. Estimé : 30 000/50 000 €. Photo service de presse. © Adagp, Paris, 2025

Fidèle à sa spécialité de design, Piasa dispersera l’intérieur de l’appartement parisien de la photographe Cindy Sherman (née en 1954). L’agencement et la décoration de ce pied-à-terre sont le fruit d’une collaboration entre l’artiste américaine et le cabinet architectural de Luis Laplace et Christophe Comoy. « Concevoir cet appartement pour Cindy Sherman a été un dialogue créatif passionnant. Nous avons cherché à traduire son univers visuel en un espace harmonieux, à la fois intemporel et audacieux », déclarent les deux architectes. De son côté, malgré son importante culture du design, la plasticienne raconte avoir senti la nécessité d’une aide pour créer son cadre de vie, en se réveillant un matin dans son appartement vide au début des années 2000. La vacation comprend mobilier moderniste, œuvres d’art contemporain, pièces rares de design et de luxe témoignant d’une sensibilité partagée pour l’élégance et l’expérimentation des formes. Dans la salle à manger, six chaises signées par le designer italo-brésilien Guglielmo Ulrich (6 000/9 000 €) font écho à une paire de fauteuils Pilot du Suédois Arne Norell (2 500/3 500 €) et à deux consoles dans le goût de Marc du Plantier (4 000/6 000 €), sur lesquelles reposent des vases en verre de Murano de Massimo Micheluzzi. La suite de la vente est consacrée aux objets personnels de Cindy Sherman, dont la fameuse malle studio, réalisée pour les 160 ans de la toile Monogram de Louis Vuitton, soutien indéfectible de l’artiste depuis ses débuts (50 000/70 000 €).

Chez Artcurial, sera organisée une vente en trois chapitres mettant à l’encan des livres, dessins et objets liés à de grandes figures historiques telles que Bonaparte ou de Gaulle. La première partie de la vacation illustrera la campagne d’Égypte (1798-1801) menée par Bonaparte et l’équipe de scientifiques qui l’accompagnait, à travers un ensemble de dessins et de documents issus de l’ancienne collection de Jean-Joseph Marcel. Ingénieur et orientaliste, nommé en 1803 directeur de l’Imprimerie nationale, ce dernier fut un témoin majeur de cette expédition où il servit d’interprète grâce à sa connaissance de la langue arabe et recueillit sur place manuscrits et inscriptions afin de mener une étude méthodique de la civilisation égyptienne. Notons en particulier un rare exemplaire de la Description de l’Égypte dans sa reliure de 1830 (100 000/150 000 €). Dans la seconde section, un riche corpus de soixante-dix lettres autographes et de souvenirs inédits provenant des descendants de Paul Reynaud, ministre de la III^e République, président du Conseil Constitutionnel et résistant, mettra en lumière la relation privilégiée qui le liait à Charles de Gaulle. Enfin le dernier chapitre se concentrera sur l’histoire de la principauté de Monaco avec la dispersion de trois montres reflétant l’excellence horlogère des maisons Patek et Cartier ayant appartenu à Pierre Rey, conseiller privé du prince Rainier III, qui joua un rôle fondamental dans la modernisation du Rocher.

Ensemble de croquis et dessins préparatoires aux planches de la Description de l’Égypte. Estimé : 100 000/150 000 €. Photo service de presse. © Artcurial

La vente « Moderne(s), une collection particulière européenne » ouvrira chez Christie’s la semaine des ventes consacrées à l’art des XX^e et XXI^e siècles, organisées pour faire écho à la foire Art Basel Paris. Cette vente inaugurale propose un ensemble d’une quarantaine d’œuvres issues de la même collection rendant hommage aux différents mouvements des avant-gardes européennes – de l’impressionnisme au surréalisme –, avec des œuvres insignes telles qu’une huile sur toile de 1903 de Paul Signac, La Passerelle Debilly (4/6 M€), une toile de Magritte de 1927, Le Ciel passe dans l’air (1/2 M€) et un rare assemblage de bois peint et collage en métal de Max Ernst, Fruit d’une longue expérience (800 000/1 200 000 €). Cette vacation sera suivie le même soir par la vente « Avant-Garde(s) including Thinking Italian » concentrant les pièces majeures de la saison dans ce domaine. En vedette, une œuvre de Pierre Soulages Peinture 165 x 130 cm, 7 avril 1960 (2/3 M€) provenant de la collection de Max et Cecile Draime. Soutenant activement les arts et l’éducation, très proche du Butler Institute of American Art (Ohio) qui avait exposé leur collection en 2022, le couple a réuni au fil des ans un ensemble mêlant chefs-d’œuvre de Picasso ou Chagall et pièces plus audacieuses. La vente comprendra également une électrisante toile de Sam Francis, Deep Blue (700 000/ 1 000 000 €), une peinture de Nicolas de Staël provenant de l’ancienne collection de Paul Rosenberg, Fiesole (1/1,5 M€), ainsi qu’une œuvre de 1956 de Joan Mitchell, Untitled (700 000/ 1 000 000 €). Enfin, cette semaine bien remplie s’achèvera avec les ventes du jour d’art moderne et contemporain.

Paul Signac (1863-1935), La Passerelle Debilly, 1903. Huile sur toile, 65,2 x 81 cm. Estimé : 4/6 M€. Photo service de presse. © Christie’s images Limited 2025. Photo : Anna Buklovska