Le média en ligne des Éditions Faton

Castle Howard : la fabuleuse ménagerie de Fabergé aux enchères

Mise en scène des animaux de Fabergé mis à l'encan chez Sotheby's au profit du château de Castle Howard.

Mise en scène des animaux de Fabergé mis à l'encan chez Sotheby's au profit du château de Castle Howard. Photo service de presse. © Sotheby’s Art Digital Studio, 2025

D’un minuscule campagnol à un féroce rhinocéros, c’est toute une ménagerie qui se dévoile chez Sotheby’s début mai. Ces vingt-six sculptures d’une grande finesse sont toutes issues des ateliers de Pierre-Karl Fabergé (1846-1920).

Surtout connu pour les œufs somptueux qu’il a livrés à la famille impériale russe, l’orfèvre et joaillier a également exercé son talent dans d’autres domaines, notamment la sculpture animalière. Ces objets aujourd’hui rares proviennent des collections de Castle Howard, l’une des plus belles demeures de la campagne anglaise, située dans le Yorkshire. Dessiné par l’architecte John Vanbrugh en 1699, le château abrite depuis près de 300 ans de magnifiques collections de peinture, de mobilier, d’antiques et d’objets d’art. Parmi eux, les animaux de Fabergé constituent le dernier ensemble important de ce type conservé en mains privées. Leur vente permettra à Nicholas Howard, l’actuel propriétaire des lieux, de financer la restauration de la Tapestry Drawing Room, dévastée par un incendie en 1940. La tenture des Quatre Saisons qui donne son nom à la pièce, livrée en 1706, pourra ainsi y être à nouveau présentée. 

Le château de Castle Howard en Angleterre.

Le château de Castle Howard en Angleterre. Photo service de presse. © Sotheby’s Art Digital Studio, 2025

Les débuts

La production d’animaux sculptés débute chez Fabergé dans les années 1890. Jusqu’en 1908, date à laquelle la maison se dote de son propre atelier pour le travail des pierres dures, la sculpture est réalisée par des sous-traitants. Les pièces imaginées sont alors majoritairement des éléphants. Le choix du jaspe de Kalgan, d’un gris profond, est tout à fait adapté à l’animal. À l’inverse de la plupart des créatures produites par Fabergé, ce minuscule éléphant présente un aspect assez stylisé.

Fabergé, Éléphant, vers 1900. Jaspe de Kalgan, L. 3 cm.

Fabergé, Éléphant, vers 1900. Jaspe de Kalgan, L. 3 cm. Photo service de presse. © Sotheby’s Art Digital Studio, 2025

Un spécimen inattendu

Des ateliers Fabergé sortent essentiellement des animaux domestiques (cochons, chiens, canards…), dans des poses et des pierres variées. On trouve également des animaux exotiques (principalement des éléphants), mais d’autres, comme ce fourmilier en jaspe sanguin, sont plus rares. D’une grande finesse, le mammifère présente une posture très vivante, qui met en valeur sa queue touffue et son museau pointu. Le Walters Art Museum de Baltimore en conserve un exemplaire en jaspe rouge, à l’allure plus raide.

Fabergé, Fourmilier, vers 1900. Jaspe sanguin, L. 6 cm.

Fabergé, Fourmilier, vers 1900. Jaspe sanguin, L. 6 cm. Photo service de presse. © Sotheby’s Art Digital Studio, 2025

Un oiseau signé Wigström

Cette huppe porte les initiales de l’orfèvre Henrik Wigström (1862-1923). D’origine finnoise, ce dernier est l’un des principaux artisans des ateliers Fabergé, dont il devient le directeur en 1903. Tout le talent de la maison consiste à choisir avec soin une pierre adaptée à l’animal qui y sera réalisé. Cette agate reproduit ainsi avec beaucoup de justesse le plumage rayé d’une huppe, et chaque plume est délicatement ciselée, donnant à l’animal un aspect particulièrement vivant.

Henrik Wigström pour Fabergé, Huppe, 1904-1912. Agate, L. 7 cm.

Henrik Wigström pour Fabergé, Huppe, 1904-1912. Agate, L. 7 cm. Photo service de presse. © Sotheby’s Art Digital Studio, 2025

À chaque animal sa pierre

Fabergé propose la plupart du temps des animaux de très petite taille. Ce rhinocéros est un exemple rare d’une pièce plus grande (plus de quinze centimètres de long). Il témoigne de l’attention que porte le joaillier au choix des pierres, et notamment à leur couleur, ici parfaitement adaptée à l’animal sculpté dedans. En effet, les reflets iridescents qui parcourent ce morceau d’obsidienne confèrent au rhinocéros un aspect très réaliste en accentuant le plissé caractéristique de sa peau.

Fabergé, Rhinocéros, vers 1900. Obsidienne, L. 16,8 cm.

Fabergé, Rhinocéros, vers 1900. Obsidienne, L. 16,8 cm. Photo service de presse. © Sotheby’s Art Digital Studio, 2025

De l’Oural à l’Extrême-Orient

Parmi les créations les plus charmantes sorties des ateliers Fabergé se trouve un minuscule campagnol en quartz fumé, qui illustre parfaitement les influences croisées du maître joaillier. Ces petites sculptures animalières ne sont en effet pas sans rappeler les netsuke japonais dont Fabergé conserve une collection de près de 500 pièces. Ces éléments du costume traditionnel japonais servent à maintenir les objets suspendus à la ceinture du kimono. À son admiration pour l’art asiatique, Fabergé associe la sculpture des pierres dures issue de l’art russe.

Fabergé, Campagnol, vers 1900. Quartz fumé, L. 2,4 cm.

Fabergé, Campagnol, vers 1900. Quartz fumé, L. 2,4 cm. Photo service de presse. © Sotheby’s Art Digital Studio, 2025

Vente Sotheby’s, en ligne, du 6 au 16 mai 2025. www.sothebys.com/castlehowardfaberge