Le média en ligne des Éditions Faton

Galerie Capazza  : cinquante ans, le bel âge !

Le jardin de la galerie Capazza à Nançay.

Le jardin de la galerie Capazza à Nançay. © galerie Capazza

À la fin du mois de mars, la galerie Capazza a fêté à Nançay ses cinquante ans d’existence. Une histoire de passion et de famille qui s’ancre en Sologne et rayonne bien au-delà, pour le plus grand bonheur des artistes, des collectionneurs et des curieux. Retour sur un week-end mémorable.

Vêtu d’un ciré bleu, le photographe et poète Claude Mollard guide un petit groupe sous la pluie. Dans le cadre de la célébration du cinquantième anniversaire de la galerie Capazza, à Nançay (Cher), son exposition « Les Origènes de l’art » s’égrène dans le village et la campagne alentour. Poursuivant son travail sur la paréidolie (voir un éléphant dans un nuage est une paréidolie), il a photographié en gros plan des détails d’œuvres d’artistes de la galerie pour en faire surgir des personnages et a accompagné chacun de ses clichés d’un petit texte. Sous son parapluie rouge, la céramiste Sandra Zeenni est ravie de découvrir Masque d’après l’une de ses sculptures.

Claude Mollard, Le Petit Prince vert, Origène surgi de l’œuvre de Philippe Charpentier. Photographie.

Claude Mollard, Le Petit Prince vert, Origène surgi de l’œuvre de Philippe Charpentier. Photographie. © Claude Mollard / courtesy galerie Capazza

Artistes, collectionneurs et amis

Pendant ce temps, ce samedi 23 mars 2025, les voitures commencent à se ­rassembler au bord de la rue menant à la galerie installée dans les bâtiments adjacents au château. À 18 heures, les portes s’ouvriront aux artistes, aux collectionneurs, aux amis qui vont célébrer cet anniversaire avec Sophie Capazza, Laura Capazza-Durand, Denis Durand et toute l’équipe de la galerie. Venus de toute la France et même de l’étranger, ils vont découvrir l’exposition « Équilibre » qui les rassemble, écouter le chœur Mikrokosmos et se laisser murmurer à l’oreille des textes par Les Souffleurs en « commandos poétiques ». Sur la pelouse, les sculptures de Denis Monfleur ressemblent à des menhirs dans la nuit qui tombe.
Le lendemain, c’est à 11 heures que le public est convié : des artistes et collectionneurs, comme la veille, mais aussi les habitants de la commune et des alentours qui vivent en symbiose avec la galerie. Marie-Claude Thenaisy vient de Salbris et témoigne de cet attachement : « dès qu’il se passe quelque chose, nous sommes là. Nous voyons les expositions, même si nous ne connaissons pas grand-chose à l’art. Nous apprenons petit à petit. C’est toujours un grand plaisir, on ressent ici beaucoup de générosité, une chaleur humaine qui fait du bien ».

Une dynamique locale, nationale et européenne

Gérard Lacroix qui, en 1998, venait d’être nommé sous-­préfet à Vierzon, a connu les lieux alors que Gérard Capazza y menait d’importants travaux : « Je me souviens d’une réunion de chantier ici, avec lui et les architectes, pour inscrire ce projet dans une dynamique locale, nationale et européenne et en faire ce qu’il est devenu maintenant, un endroit où l’on aime se retrouver, entièrement dévolu à l’art moderne, bien sûr, et à l’art en général. Parce que Gérard avait une vraie fibre artistique, comme son épouse Sophie, leur fille Laura qui a succédé à Gérard, et son mari, Denis ». Gérard Lacroix et son épouse Sylvie ont découvert ici Goudji, « le plus grand orfèvre du monde », ou encore le sculpteur Jeanclos. Ils sont devenus collectionneurs.

« Choisir un thème pour l’exposition du 50e anniversaire de la galerie n’était pas anodin. En effet, il nous a semblé que si nous devions résumer cette aventure en un mot, ce serait “Équilibre” […] »

Laura et Denis Capazza-Durand

Un haut lieu de l’art contemporain

Lorsqu’avec ceux qui l’ont connu, on évoque Gérard Capazza, décédé brutalement en 2020, l’émotion est grande. « Il était, raconte le sculpteur Jean-Pierre Viot, un séducteur dans le vrai sens du terme, c’est-à-dire quelqu’un qui avait une présence, beaucoup de charme, d’autorité aussi et un objectif qui était de faire de ce lieu une chose hors du commun. » Nathalie Darzac, amie des Capazza depuis les années 1980, lorsqu’elle était rédactrice en chef du Courrier des métiers d’art, confirme : « C’était un musicien et photographe, un charmeur, un grand angoissé aussi, parce qu’il poursuivait un idéal et qu’ils ont longtemps été sur le fil du rasoir ». « Ils », c’est lui et Sophie, son épouse, qui gérait – et gère toujours – la comptabilité et décidait avec lui quel nouvel artiste entrerait à la galerie. « Et aujourd’hui, Laura a pris la relève avec l’énergie de son père et la sensibilité de sa mère ! »
Prenant la parole après les percussions du Paris Taiko Ensemble, Laura Capazza-Durand insiste sur l’équilibre, mot d’ordre de cet anniversaire. « Parce que c’est quelque chose qui paraît très futile et, en même temps, est parfaitement essentiel, cet équilibre que nous trouvons à travers l’art, la beauté, la poésie et que nous partageons aujourd’hui. » Un équilibre né d’un « pari fou » selon Nathalie Darzac : faire de ce coin de Sologne un haut lieu de l’art contemporain. 

Des femmes aux prises avec la matière

À côté de Goudji, Claude Mollard, Denis Monfleur ou Fabrice Rebeyrolle, la galerie Capazza possède la singularité de réunir un important groupe de femmes artistes. C’est que, dès ses premiers pas, Gérard Capazza s’est intéressé aux « artisans d’art », c’est-à-dire ceux « dont on disait qu’ils faisaient des travaux de femmes », résume Nathalie Darzac. « Gérard et Sophie, eux, avaient une philosophie : peu importe qui métamorphose la matière, il faut que le résultat soit beau et établisse une relation avec son créateur. » Parmi les artistes permanentes de la galerie, on trouve des photographes et des peintres comme Jumi Bae, Marie Morel, Inge Horup ou Lydie Aricks, également sculptrice, et des sculptrices pratiquant les arts du feu telles la verrière Loretta Yang et les céramistes Nani Champy Schott, Fabienne Claesen ou Daphné Corregan. Haguiko, qui a obtenu son diplôme d’architecte au Japon, a ensuite étudié à l’École des beaux-arts de Tours. Elle s’est tournée vers la céramique, un art capital dans son pays d’origine. « Mais je ne pouvais pas m’y adonner là-bas car je n’avais pas envie de tourner des bols et encore des bols. Je préférais les installations. Gérard Capazza était très rigoureux : si cela n’allait pas, il me le disait. Il m’a beaucoup aidée. Et les Capazza sont très attentifs à leurs artistes. La galerie fait connaître mon travail pendant que moi, je me bats avec la terre ! » 

Haguiko, Shigouré (la pluie de début d’hiver), diptyque. Céramique, 36 x 23 cm (chacun).

Haguiko, Shigouré (la pluie de début d’hiver), diptyque. Céramique, 36 x 23 cm (chacun). © Denis Durand, galerie Capazza

Exposition « Les Origènes de l’art » de Claude Mollard dans le village de Nançay et exposition collective « Équilibre » à la galerie Capazza jusqu’au 22 juin 2025. Exposition « Ceux qui restent » de Denis Monfleur dans le jardin jusqu’au 7 décembre 2025.

Galerie Capazza, 1 rue des Faubourgs, 18330 Nançay. Tél. 02 48 51 80 22. www.galerie-capazza.com