Un rarissime missel ayant appartenu à Marie-Antoinette mis en vente chez Osenat à Versailles

Détail de la couverture du missel de Marie-Antoinette. Photo service de presse. © Osenat
La maison de ventes Osenat donne rendez-vous à tous les amateurs d’histoire le dimanche 18 mai prochain à Versailles, à deux pas du château, pour une vacation consacrée aux têtes couronnées. Parmi les fleurons proposés, un important missel ayant appartenu à la dauphine, future reine de France, Marie-Antoinette, ne devrait pas manquer de retenir l’intérêt des bibliophiles.
Ce grand livre d’autel de près de 40 cm de hauteur porte sur le maroquin grenat de sa reliure les armes de Marie-Antoinette ainsi que la mention « Chapelle de Madame la Dauphine ».
La chapelle de Madame la Dauphine
Il s’agit du service ecclésiastique de sa Maison qui comprenait un premier aumônier (l’évêque de Chartres Pierre-Augustin-Bernardin Rosset de Rocozels de Fleury), un aumônier ordinaire (l’abbé Jean-Marie du Chastel jusqu’en 1772 puis l’abbé Pierre-Louis de Sainte-Hermine), un confesseur (l’abbé Louis-Nicolas Maudoux), ainsi que quatre « aumôniers de quartier », les abbés du Cheylard, de Saint-Pern, du Chilleau et de Sainte-Hermine, déjà cité, remplacé en 1772 par l’abbé de Fontanges. Les onglets fixés en décalé aux marges extérieures de onze feuillets du volume permettaient à l’officiant de tourner aisément les pages de la partie renfermant le canon de la messe et les textes liturgiques de la Semaine Sainte. À l’époque où Marie-Antoinette fait apposer ses armes sur le missel, elle n’est encore que dauphine. Ce n’est que lorsque Louis XVI monte sur le trône en mai 1774, quatre ans après leur mariage célébré en mai 1770, qu’elle devient reine de France.
Missel de Marie-Antoinette, reine de France, imprimé à Lyon chez Aimé Delaroche en 1761. In-folio, exemplaire à grandes marges, 39,5 x 25,5 cm, impression en rouge et noir dans des encadrements de filets typographiques, plusieurs pages de musique notée imprimée ; maroquin grenat, dos à nerfs cloisonné et fleuronné, large dentelle aux petits fers encadrant les plats avec armoiries dorée au centre, tranches dorées, vestiges d’onglets de soie bleue et rouge. Illustration gravée sur cuivre : 9 compositions dont 8 à pleine page (2 hors texte). Vente Osenat, 18 mai 2025. Estimé : 80 000 / 100 000 €. Photo service de presse. © Osenat
Dans la tourmente révolutionnaire
Cette rarissime relique en parfait état de conservation a été sauvée de la tourmente révolutionnaire par le premier aumônier du roi, Monseigneur de Roquelaure, comme l’indique une note du XIXe siècle portée au verso de la première garde volante : « Missel ayant appartenu à sa Majesté la reine Marie-Antoinette et sauvé par son grand-aumônier [sic] M[onsei]gneur l’évêque de Senlis, depuis archevêque de Malines. » Refusant d’émigrer, ce dernier est emprisonné sous la Terreur mais est finalement épargné. Le missel est ensuite conservé par sa sœur Françoise-Rose de Bessuéjouls de Roquelaure, épouse du marquis de Bélestat, Antoine de Pons, puis par la fille de ces derniers, Marguerite-Victoire, épouse du comte de Fargues, Jean-Joseph de Méallet. Il est resté dans la famille jusqu’à aujourd’hui.
« Les souvenirs des rois sont comme des étoiles dans le ciel de notre histoire : ils ne se fanent jamais, et illuminent toujours le chemin de ceux qui cherchent à comprendre la grandeur passée. »
François-René de Chateaubriand (1768-1848), Mémoires d’Outre-Tombe
Souvenirs des rois
Parmi les autres lots phares de cette vente, on notera une suite de dix panneaux peints datant du XVIIe siècle provenant du château de Fontainebleau, décorés de bustes de vestales et de rinceaux, témoignant du raffinement des boiseries sous le règne de Louis XIII (15 000/20 000 €) ; un portrait d’Anne d’Autriche en compagnie du dauphin Louis, futur Louis XIV, réalisé par les cousins Henri et Charles Beaubrun (150 000/200 000 €) ; ou encore une mèche de cheveux de Marie-Antoinette devenus blancs, soigneusement conservée dans un médaillon accompagné d’une note manuscrite précisant l’origine de ce souvenir, datant de l’époque où la reine était détenue au Temple (3 000/4 000 €).
Médaillon contenant une mèche de cheveux blancs de Marie-Antoinette nouée avec un petit ruban et un fil noir. Sous verre, dans un médaillon ovale à suspendre en laiton ciselé à décor de rinceaux et de fleurettes, 6,5 x 5,1 cm. Photo service de presse. © Osenat
Vente Versailles, Osenat, Hôtel des Ventes du Château, 13 avenue de Saint-Cloud, 78000 Versailles, le 18 mai 2025 à 14h.
En lien avec la vente de cet objet d’exception qu’est le rarissime missel de la dauphine et future reine Marie-Antoinette, l’historien et écrivain Emmanuel de Waresquiel présentera son livre Juger la Reine (2016) le mardi 13 mai à 19h à l’Hôtel des Ventes du Château. Réservation auprès de Maître Philippe Chauvin : royaute@osenat.com