
Entourée des siens, Maya Ruiz-Picasso est décédée hier mardi 20 décembre à l’âge de 87 ans.
Première fille de Pablo Picasso née en 1935 de sa liaison avec Marie-Thérèse Walter, elle partageait une relation privilégiée avec son père dont elle fut l’une des sources d’inspiration. Sa disparition intervient alors même que le musée national Picasso-Paris consacre une double exposition à l’artiste et à sa fille célébrant l’exceptionnelle dation en septembre 2021 de huit œuvres de son père. Véritable relais de la mémoire du maître espagnol, elle s’attacha toute sa vie à la préservation et à la valorisation de son art, comme le rappelait ce mardi son fils Olivier : « Après le décès de son père, elle a toujours eu le sens d’une mission, que ces œuvres devaient retourner à l’État, pour tous. C’était ça la dation ».
Une exceptionnelle dation
Le 20 septembre 2021 avait lieu à l’hôtel Salé, autour de l’Enfant à la sucette assis sous une chaise (1938), la cérémonie célébrant le don à l’État français par Maya Ruiz-Picasso de huit œuvres du maître (six peintures, une sculpture et un carnet de dessins, réalisés entre 1895 et 1971) et d’une statuette « tiki » provenant de sa collection personnelle. La fille aînée de l’artiste avait fait usage du dispositif fiscal de la dation qui permet de manière exceptionnelle le paiement des droits de succession et de mutation à titre gratuit entre vifs, du droit de partage (dans le cas présent) et de l’impôt sur la fortune immobilière par la remise à l’État de biens culturels reconnus de haute valeur artistique ou historique. Adoptée sous l’impulsion de Malraux, la loi sur la dation est entrée en application en 1970.

Simon Poirier