
Plus de 200 médailles, sculptures, matrices, peintures et esquisses sont réunies dans sa ville natale afin d’offrir à cet artiste quelque peu oublié sa première rétrospective.
Originaire de Mâcon et issu d’une famille de marbriers, Pierre-Alexandre Morlon (1878-1951) rejoint à dix-neuf ans l’atelier du sculpteur Alexandre Falguière à l’École des beaux-arts de Paris. Il complète sa formation en s’initiant à l’art de la gravure et de la médaille auprès d’Henri Dubois et de Jules Clément. S’il excellera dans cette voie en forgeant essentiellement sa notoriété en tant que médailleur, il n’en demeurera pas moins un sculpteur habile et polyvalent ; en témoignent ses Vendangeurs et le monument aux morts, installés dans la commune il y a un siècle, ou ses « bronzetti », comme la Femme au chevreau.

La reconnaissance officielle
Son art se fait remarquer au Salon des artistes français de 1906 : l’acquisition de six plaquettes de bronze par le ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts marque ainsi la première pierre de sa reconnaissance par l’État. La même année, puis en 1911, lui sont commandés des bas-reliefs pour le musée de Bourbon-Lancy et pour la chambre du commerce et de l’Industrie de Saône-et-Loire.

Une multitude de motifs
En 1907 débute la fructueuse collaboration entre l’artiste et la Monnaie de Paris. Morlon y explore plusieurs motifs, entre imaginaires historiques et réalités contemporaines. Là, une allégorie de la Gaule bardée de fer voit ses belles nattes de bronze coiffées d’un casque ailé ; ici, l’allégorie de la vitesse survole une automobile ou un biplan. Mais la modernité se fait aussi tragique : aux côtés d’une allégorie de la Victoire armée d’un glaive celte, un tank surgit de la médaille… Les commandes se multiplient en effet après la Grande Guerre, tandis qu’abondent les médailles commémoratives : plusieurs modèles réalisés par Morlon sont primés.

Un sculpteur polyvalent
La finesse des réalisations de Morlon et sa maîtrise des volumes et du relief en font un médailleur hors pair : ses bas-reliefs, épais de quelques millimètres, étonnent par leur profondeur. Mais l’artiste ne se contente ni des médailles, ni des commandes publiques et parvient à développer une clientèle privée qui loue la fidélité et le réalisme de ses portraits. Il s’exerce également aux décors sculptés : ses atlantes et décorations au 199 rue de Charenton à Paris sont primés au concours des façades de 1911.

Les très riches heures du Franc Morlon
En 1929, Pierre-Alexandre Morlon conçoit un modèle de médaille qui connaîtra une heureuse destinée. Cette allégorie de la République française prend la forme d’un portrait de femme coiffée d’un bonnet phrygien à cocarde et d’une couronne composée de feuilles de chêne, d’épis de blé et d’un rameau d’olivier ou de laurier. Cette France triplement couronnée de la force, de la fertilité, et de la paix ou la gloire apparaît à partir de 1931 sur plusieurs pièces de monnaie suite à la réforme monétaire Poincaré. Les pièces de 50 centimes, 1 ou 2 francs présentant ce « type Morlon » circuleront jusqu’en 1951.

Gaspard Douin Cavard
« Pierre-Alexandre Morlon, 1878-1951. Un art au service de la République »
Jusqu’au 5 novembre au musée des Ursulines
5 rue de la Préfecture, 71000 Mâcon
Tél. 03 85 39 90 38
www.macon.fr
Catalogue, Snoeck, 160 p., 30 €.