Enquête : le nouveau visage des musées du Vatican (3/3). Les chefs-d’œuvre de la collection

Le Laocoon (détail), copie romaine d'un original grec en bronze, vers 30-40 av. J.-C. Marbre, 242 x 160 cm. États pontificaux du Vatican, musées du Vatican. © Musei Vaticani
Réparties au sein de douze musées différents, les collections vaticanes abritent autant de trésors de l’art antique que d’insignes réalisations de la Renaissance italienne, dont les plus remarquables sont de la main de Michel-Ange et de Raphaël. Mais loin d’être cantonnées à cet héritage classique, elles donnent également à voir des œuvres d’origine extra-européenne qui ne manqueront pas de surprendre les visiteurs.
La galerie des cartes géographiques
Restaurée en 2016, la galerie des cartes géographiques, longue de 120 mètres, fait défiler les régions d’Italie dans toute leur beauté et leur diversité. Réalisées en 1581 à la demande de Grégoire XIII, qui souhaitait voyager sans quitter le Vatican, ces cartes – qui restituent dans leurs moindres détails les villes, forêts et les reliefs de la péninsule –, offrent un témoignage précis des connaissances géographiques au XVIᵉ siècle. Confiées à des peintres talentueux, tel le paysagiste flamand Paul Brill, elles sont aussi un régal pour les yeux.
Galerie des cartes géographiques. États pontificaux du Vatican, musées du Vatican. © Adobe Stock
La voûte de la chapelle Sixtine
En 1508, à la demande de Jules II, Michel-Ange s’attela à un chantier titanesque : le décor de la voûte de la chapelle Sixtine, longue de 40 mètres. Pendant 4 ans, du haut de son échafaudage, il peignit presque seul ce cycle étourdissant, illustrant la création du Monde et l’histoire de l’humanité avant la venue du Christ.
Michel-Ange, Voûte de la chapelle Sixtine (détail), 1508-1512. Fresque, L. 40 m. États pontificaux du Vatican, musées du Vatican. © Éric Vandeville / akg-images
Le Laocoon
Le Laocoon fut exhumé en 1506 à Rome sur la colline de l’Esquilin et acquis par Jules II. Ce groupe hellénistique devint l’une des sculptures les plus admirées et copiées par les artistes, à commencer par Michel-Ange, qui s’en inspira pour les fresques de la chapelle Sixtine, commencées deux ans plus tard. C’est pour exposer cette sculpture, mais aussi l’Apollon du Belvédère, joyaux de sa collection d’antiques, que le pape fit construire la « Cour des statues », embryon des futurs musées du Vatican.
Le Laocoon, copie romaine d'un original grec en bronze, vers 30-40 av. J.-C. Marbre, 242 x 160 cm. États pontificaux du Vatican, musées du Vatican. © Musei Vaticani
Les Chambres du Vatican
Alexandre VI Borgia (1492-1503) confia la décoration des six pièces de son appartement à l’Ombrien Pinturicchio, qui mit son talent de miniaturiste au service d’un cycle érudit et fastueux, enrichi de dorures et de stucs. À la mort d’Alexandre VI – qu’il haïssait –, son successeur Jules II refusa de s’y installer et emménagea à l’étage supérieur ! Ces nouveaux appartements donnèrent lieu à l’un des cycles les plus aboutis de la Renaissance : les Chambres du Vatican. Après la mort de Jules II en 1513, Raphaël et ses élèves réalisèrent pour Léon X le décor de cette Chambre, glorifiant les hauts faits de papes nommés – eux aussi – Léon. En particulier l’arrêt miraculeux par Léon IV, en l’an 847, d’un incendie dans le Borgo, un quartier romain voisin de la basilique Saint-Pierre. Cette composition, aux accents épiques et dramatiques, laisse deviner l’influence de la chapelle Sixtine, dont la voûte venait d’être achevée.
Raphaël, La chambre de l’Incendie du Borgo (détail), 1514-1517. Fresque. États pontificaux du Vatican, musées du Vatican. © Musei Vaticani
Le département d’« ethnologie »
En 1925, pour affirmer la grandeur de l’Église et les bienfaits de son évangélisation sur tous les continents, Pie XI organisa dans les jardins du Vatican une gigantesque Exposition missionnaire. Parmi les dizaines de milliers d’objets envoyés par les Missions, figurait ce splendide diadème chinois. Un an plus tard, l’Exposition devenait permanente, avec la création d’un département « Ethnologie » au sein des musées du pape. Bouddhas coréens, amulettes chamanistes de Mongolie, coiffes cérémonielles amazoniennes, totems amérindiens, céramiques perses… Le « museo etnologico » possède aujourd’hui quelque 100 000 témoignages des cultures et religions du monde entier.
Couronne de phénix, Chine, XVIIIᵉ-XIXᵉ siècle, Dynastie Qing (1644-1911). Métal, plumes de martin-pêcheur, pâte de verre, verre, papier, coton, soie, 37 x 19 x 26 cm. États pontificaux du Vatican, musées du Vatican. © Musei Vaticani
Le cycle des Actes des apôtres
Voici l’un des trésors de la pinacothèque. Commandée en 1515 par le pape Léon X pour orner la partie inférieure des murs de la chapelle Sixtine, la série des Actes des apôtres comprend dix tapisseries de 5 mètres de long chacune, toutes tissées dans l’atelier de Pieter van Aelst à Bruxelles, d’après des cartons de Raphaël. La finesse du tissage, rivalisant avec la peinture, est exceptionnelle. À l’occasion du Ve centenaire de la mort de l’artiste en 2020, l’intégralité de cette série a été accrochée, pendant une semaine, sur les murs de la Sixtine !
Atelier de Pieter van Aelst d'après les cartons de Raphaël, Série des Actes des apôtres, La Pêche miraculeuse, Bruxelles, 1515-1519. États pontificaux du Vatican, musées du Vatican. © Musei Vaticani
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