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Fréquentation des musées en 2024 : une année rythmée par les célébrations

Vue de l’exposition « Van Gogh à Auvers-sur-Oise. Les derniers mois » présentée au musée d’Orsay du 3 octobre 2023 au 4 février 2024.

Vue de l’exposition « Van Gogh à Auvers-sur-Oise. Les derniers mois » présentée au musée d’Orsay du 3 octobre 2023 au 4 février 2024. Photo service de presse. © Photo musée d’Orsay / Sophie Crépy

Bien que l’événement majeur de l’année, les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, ait significativement impacté l’offre culturelle, particulièrement en Île-de-France, on constate une relative stabilité dans la fréquentation des musées et monuments français.

Jeux Olympiques et Paralympiques : des effets contrastés

Épicentre des célébrations, Paris a vu ses sites et musées grandement impactés par les JOP en l’honneur desquels ils avaient organisé moult expositions : les diverses restrictions, fermetures, ainsi que les travaux et rénovations auxquels certains établissements ont consacré la période, comme la Crypte archéologique de l’Île de la Cité, ont logiquement entraîné une baisse de fréquentation. Celle-ci se maintient tout de même à plus de 4 800 000 visiteurs sur l’ensemble des sites gérés par la Ville, tandis que certains sites, notamment ceux dépendant du Centre des monuments nationaux, ont au contraire réussi à inverser la tendance : en particulier la basilique Saint-Denis, qui voit sa fréquentation exploser (+ 61 %), mais aussi l’Arc de Triomphe qui reste le monument le plus visité (1 758 000 visiteurs), la Sainte Chapelle (1 234 000) et le Panthéon (922 000). Quant au Louvre, dont le magnifique décor a sublimé la cérémonie d’ouverture, il demeure le musée le plus fréquenté du monde avec 8,7 millions de visiteurs, des chiffres proches de 2024 ; la part des primo-visiteurs (66 %) montre qu’il continue d’exercer la même fascination à l’étranger (77 %) et dans l’Hexagone (23 % de visiteurs).

Sur le podium…

D’autres sites ont su tirer leur épingle du jeu. Avec 1 459 000 visiteurs, le Petit Palais enregistre ainsi une fréquentation record depuis sa réouverture en 2005 ; l’institution a marqué l’actualité culturelle avec son exposition « Le Paris de la modernité, 1905-1925 », rappelant l’avant-gardisme artistique de la Ville Lumière, ou encore la belle rétrospective consacrée au peintre épris de nature, Théodore Rousseau. Le musée d’Orsay affiche un chiffre stable malgré les JOP (3,9 millions), porté par le succès de ses expositions (« Van Gogh à Auvers-sur-Oise » a attiré près de 800 000 curieux, ce qui constitue la meilleure fréquentation d’exposition depuis l’inauguration de l’institution), tandis que le musée de l’Orangerie, grâce entre autres à son exposition « Amedeo Modigliani. Un peintre et son marchand », affiche son plus haut taux de fréquentation depuis dix ans avec plus de 452 000 visiteurs. Année record aussi pour la BnF, dont les établissements ont accueilli 1,7 million de personnes, et dont les divers sites de ressources en ligne (RetroNews, Gallica et bnf.fr) ont recueilli 44 millions de consultations.

Des châteaux toujours plus prisés

Emblèmes de la France et de son histoire, les châteaux demeurent très attractifs auprès des Français comme des touristes étrangers. En témoigne la fréquentation record du château de Chantilly (+ 4,6 % avec plus de 546 000 visiteurs), incarnant « l’art de vivre » à la française, selon son administratrice générale Anne Miller, l’un des sites les plus visités des Hauts-de-France, en progression régulière depuis plusieurs années malgré l’intermède de la crise sanitaire. Une fréquentation historique est aussi à noter pour le château de Chambord (+ 3 %) qui conforte sa position de monument le plus visité de la région Centre-Val de Loire et deuxième château le plus visité de France, et qui célèbre en 2025 les vingt ans de la fondation de son établissement public. Plus confidentiel, le château de Compiègne aura néanmoins connu la hausse la plus impressionnante sur un an (117 000 visites, + 15 %). Quant à l’indétrônable château de Fontainebleau, il suit cette courbe ascendante (+ 4 %), avec ses 1 850 000 visiteurs, attirés par ses jardins historiques (1,27 million) et par l’édifice (580 000), qui a accueilli en 2024 une formidable exposition consacrée à Jean-Baptiste Oudry, le fameux peintre des chasses royales (54 000 visiteurs) (cf. EOA n° 617, pp. 36-43).

La cour d’honneur du château de Fontainebleau.

La cour d’honneur du château de Fontainebleau. Photo service de presse. © François Lison – Cémaprod

« Emblèmes de la France et de son histoire, les châteaux demeurent très attractifs auprès des Français comme des touristes étrangers. »

L’embellie se confirme en régions…

L’actualité n’a pas été sans incidence non plus sur la fréquentation des musées en régions : c’est ce qu’indique le nombre spectaculaire d’entrées pour le Mémorial de Caen (475 000), qui commémorait le 80e anniversaire du Débarquement en Normandie, mais aussi à Bayeux où l’ensemble des musées a bénéficié de cet élan mémoriel. C’est avant tout la célébrissime tapisserie de Bayeux qui a attiré amateurs et touristes ; ils sont même venus plus nombreux que jamais pour l’admirer avant la fermeture du musée programmée en septembre pour deux ans (430 000 visiteurs, dont les 2/3 sont étrangers). Dans l’Est, on observe de même une certaine stabilité : les musées de la Ville de Strasbourg restent à l’équilibre (652 000 visiteurs) et le Centre Pompidou-Metz enregistre une légère hausse (+ 2,3 % avec plus de 308 000 d’entrées). Les 150 ans de la naissance de l’impressionnisme ont aussi contribué à l’engouement du public en régions, porté par les généreux prêts de 178 chefs-d’œuvre consentis par le musée d’Orsay en faveur de trente-quatre institutions partenaires : mentionnons par exemple le musée des Impressionnismes de Giverny qui annonce une nette hausse (+ 6,7 %, soit 142 000 visiteurs), ou encore le musée Toulouse-Lautrec qui se félicite d’avoir attiré 176 000 visiteurs.

… et à l’étranger

Du côté des grandes institutions à l’étranger, si certains établissements comme le Metropolitan Museum of Art de New York ou le British Museum de Londres déclarent revenir à des chiffres satisfaisants, correspondant aux tendances d’avant l’annus horribilis de 2021, d’autres se réjouissent d’une hausse historique. C’est ainsi qu’à Madrid le musée Reina Sofia dépasse les 1,5 million de visiteurs tandis que le musée du Prado en a accueilli près de 3,5 millions.