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La chapelle de la Sorbonne va enfin être restaurée

Détail de la façade de la chapelle Saint-Ursule.

Détail de la façade de la chapelle Saint-Ursule. Photo CC BY 2.0 / A. Laporte

Le World Monuments Fund (WMF) a annoncé, le 15 janvier dernier, le programme de la Watch pour les deux années à venir. 25 sites répartis dans 29 pays ont été sélectionnés, de la ville historique de Gaza à la maison des enseignants à Kyiv en Ukraine, la côte swahilie en Afrique, la ville d’Antakya en Turquie, les monastères de la vallée du Drino en Albanie, les grottes bouddhiques du Mont Maiji et Yungang en Chine, les traces de la mission Apollo 11 sur la Lune (!) et, en France, la chapelle de la Sorbonne.

Depuis sa création en 1996, la Watch a inclus 904 sites patrimoniaux menacés provenant de 135 pays. Le WMF a ainsi investi 120 millions de dollars pour la protection en urgence. Cette année quelque 200 candidatures émanant de 69 pays ont été reçues.

Les acteurs français

Le comité scientifique français qui réunit Louis Benech, ­Mathieu Deldicque, Colette di Matteo, Alexandre Gady, ­Cinzia Pasquali et Yves Ubelmann, sous la présidence de Stéphane Bern, se réjouit que la chapelle de la Sorbonne, fermée au public depuis 25 ans en raison de problèmes structurels, soit ainsi inscrite sur la Watch.

Classée au titre des Monuments historiques en 1887, ce « lieu emblématique de la culture française et de son rayonnement dans le monde » sera restauré en partenariat avec la Ville de Paris dont elle est la propriété et la Chancellerie des Universités de Paris qui en assure la gestion.

La cour d’honneur de la Sorbonne.

La cour d’honneur de la Sorbonne. © DR

La chapelle Sainte-Ursule

C’est au mitan du XIIIe siècle que Robert de Sorbon (1201-1274) fonde le premier collège séculier de théologie de Paris sur la rive gauche de la Seine. Chef-d’œuvre de l’architecte Jacques Lemercier (1585-1654), la chapelle Sainte-Ursule constitue le cœur battant de la plus vieille université de France. Commandée par le cardinal de Richelieu, alors proviseur du collège de Sorbonne, désireux de faire réédifier une fastueuse chapelle pour le collège, elle abrite son tombeau, qui fut profané à la Révolution. Sa coupole est ornée de peintures murales réalisées entre 1641 et 1644 par Philippe de Champaigne (1602-1674), tandis que l’extraordinaire monument funéraire du cardinal de Richelieu est l’œuvre de François Girardon (1628-1715). Ce dernier a bénéficié d’une restauration récente grâce à la Sauvegarde de l’Art français.

Le tombeau de Richelieu sculpté par François Girardon.

Le tombeau de Richelieu sculpté par François Girardon. Photo service de presse. © Ville de Paris

Un lieu soumis aux aléas de l’histoire

La chapelle de la Sorbonne fut vandalisée pendant la ­Révolution, sa voûte finit par s’effondrer et elle resta dans un état de dégradation jusqu’à sa restauration en 1822, grâce au duc de ­Richelieu, ministre de Louis XVIII ; elle fut alors rendue au culte jusqu’au vote de la loi de 1906 sur la séparation de l’Église et de l’État. Elle constitue aujourd’hui l’unique témoignage subsistant de la Sorbonne de Richelieu, disparue avec la construction de la Sorbonne nouvelle à l’issue du concours lancé en 1882.

L'une des peintures de Philippe de Champaigne décorant la coupole de la chapelle.

L'une des peintures de Philippe de Champaigne décorant la coupole de la chapelle. Photo service de presse. © Ville de Paris

La nécessité d’une restauration de grande ampleur

En 1999, la tempête endommagea à nouveau la toiture et occasionna des dégâts sur une partie de la voûte et des parements intérieurs, nécessitant une fermeture complète du monument pour des raisons de sécurité. Entre 2004 et 2008, une campagne de restauration permit de stopper les infiltrations en colmatant les brèches mais une restauration d’envergure s’impose aujourd’hui. Le projet porté par le WMF s’attachera en priorité au chœur, à la coupole (notamment les peintures de Champaigne) et à la tribune d’orgue.