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« La plus belle et la plus intéressante effigie d’enfant » de Michel Martin Drölling entre au Louvre

Michel Martin Drölling (1786-1851), Portrait de Caroline Hayard (détail), 1816. Huile sur toile, 46,5 x 37 cm. Paris, département des Peintures du musée du Louvre.

Michel Martin Drölling (1786-1851), Portrait de Caroline Hayard (détail), 1816. Huile sur toile, 46,5 x 37 cm. Paris, département des Peintures du musée du Louvre. © DR

Après l’acquisition de sa première peinture de Pierre Puget, Le Chef de saint Jean-Baptiste, présentée lors de la dernière édition de FAB Paris, en novembre 2024, le musée du Louvre vient d’annoncer l’achat d’une autre œuvre admirée des amateurs sous la verrière du Grand Palais : le Portrait de Caroline Hayard par Michel Martin Drölling (1786-1851), dévoilée sur le stand de la galerie new-yorkaise Adam Williams Fine Art. Il s’agit du premier portrait de l’artiste à intégrer les collections du musée.

Né en 1786, Michel Martin Drölling est le fils de Martin Drölling (1752-1817), peintre né en Alsace et installé à Paris. Sa formation a débuté auprès de son père avant de se poursuivre à l’École des beaux-arts, dans l’atelier de Jacques-Louis David. En 1810, le jeune homme remporte le Prix de Rome avec La Colère d’Achille (Paris, École nationale des beaux-arts). Il séjourne cinq ans à la Villa Médicis, siège de l’Académie de France à Rome, avant de regagner Paris. Exposant régulièrement au Salon, il acquiert une renommée qui lui vaut de nombreuses commandes comme peintre d’histoire, pour le palais du Louvre et le musée d’Histoire de Versailles, par exemple, et comme portraitiste.

La plus belle effigie d’enfant de Drölling

Connue par le musée du Louvre depuis son apparition en vente publique, à Londres, en 1974, cette toile avait été acquise par des collectionneurs qui l’avaient revendue quatre ans plus tard. « Le tableau a refait surface lors de la foire FAB Paris en novembre 2024 : nous l’avons remarqué sur le stand de la galerie new-yorkaise Adam Williams Ldt. Une procédure d’achat pour le musée du Louvre a alors été lancée, car c’est, à ce jour, la plus belle et la plus intéressante effigie d’enfant que l’on connaisse de la main de Michel Martin Drölling » a déclaré Côme Fabre, conservateur des peintures françaises et européennes de la fin du XVIIIe et du XIXe siècle au Louvre, à Actu-culture.com. C’est aussi le tout premier portrait du peintre à y être exposé. « Techniquement, ce n’est pas le premier portrait d’enfant de Drölling fils inscrit sur l’inventaire des peintures du Louvre. Il est en effet précédé d’un portrait de petit garçon (non identifié) acheté en 1944 par les Musées nationaux. Mais cet achat avait pour vocation de bénéficier au musée de Strasbourg », précise Côme Fabre. Ce portrait est en effet en dépôt au musée des Beaux-Arts de Strasbourg depuis 1946 et le restera.

Michel Martin Drölling (1786-1851), Portrait de Caroline Hayard, 1816. Huile sur toile, 46,5 x 37 cm. Paris, département des Peintures du musée du Louvre.

Michel Martin Drölling (1786-1851), Portrait de Caroline Hayard, 1816. Huile sur toile, 46,5 x 37 cm. Paris, département des Peintures du musée du Louvre. © DR

Un charmant portrait d’enfant

Cette effigie a été peinte en 1816, alors que l’artiste achevait son séjour romain. Elle représente une petite fille posant sagement devant un paysage en camaïeux de verts et de gris, où seules les silhouettes d’un cyprès et d’un pin parasol évoquent l’Italie. « Anxieux à l’idée de rentrer à Paris, Drölling souhaitait prolonger son séjour en sollicitant des commandes de portraits pour des particuliers. On connaît précisément son état d’esprit à cette époque par un ensemble de lettres écrites à son père et conservées au département des Arts graphiques du Louvre », précise Côme Fabre. Ce département conserve également des dessins de l’artiste. En déambulant dans les salles du musée, les visiteurs peuvent aussi admirer deux décors peints par Drölling.

« Ce portrait présente aussi l’avantage d’être toujours identifié : le modèle s’appelle Caroline Hayard (1810-1894). Lorsqu’elle pose pour Drölling, elle est âgée de six ans et est la quatrième fille d’un couple français de marchands de couleurs, Charles et Suzanne Hayard, installés à Rome (place d’Espagne) depuis une décennie. À l’instar de ses parents, Caroline Hayard s’est attirée l’amitié de nombreux artistes francophones séjournant à Rome, celle d’Ingres en particulier qui a dessiné son portrait à deux reprises, le premier en 1815 (Cambridge, Harvard Art Museums, Fogg Museum), le second en 1841 (collection particulière). »

Côme Fabre

Au Louvre, deux plafonds peints par Drölling

Le premier de ces plafonds, La Loi descend sur Terre, elle y établit son empire et y répand ses bienfaits (1827), a été commandé à Drölling pour le Conseil d’État, alors situé dans le palais du Louvre. Il est visible au premier étage de l’aile Sully, dans le bureau de l’Électeur de Bavière. L’artiste a peint le second, Louis XII proclamé « Père du Peuple » aux États généraux tenus à Tours en 1506 (1828), pour le premier étage de l’aile sud de la Cour Carrée, où se trouve aujourd’hui la galerie Campana. Peu après l’inauguration du « musée Charles X », installé dans cette aile en 1827 et orné de plafonds peints par divers artistes, une deuxième série de salles, destinées à accueillir des collections d’objets d’art et de peintures françaises, a été décorée sur le thème du mécénat des rois de France, un sujet pour lequel Drölling avait toutes les qualités.

Michel Martin Drölling (1786-1851), Louis XII proclamé « Père du Peuple » aux États généraux tenus à Tours en 1506, 1828. Huile sur enduit. Paris, département des Peintures du musée du Louvre.

Michel Martin Drölling (1786-1851), Louis XII proclamé « Père du Peuple » aux États généraux tenus à Tours en 1506, 1828. Huile sur enduit. Paris, département des Peintures du musée du Louvre. © Wikimedia Commons