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Le futur musée du Grand Siècle, à Saint-Cloud, acquiert un tableau de Jacques Blanchard, souvenir d’une galerie disparue

Jacques Blanchard (1600-1638), Diane et Endymion (détail), vers 1631-1632. Huile sur toile, 142,5 x 83,5 cm. Saint-Cloud, musée du Grand Siècle.

Jacques Blanchard (1600-1638), Diane et Endymion (détail), vers 1631-1632. Huile sur toile, 142,5 x 83,5 cm. Saint-Cloud, musée du Grand Siècle. Photo service de presse. © CD92 – Julien Garraud

Alors que les travaux vont bon train dans ses futurs bâtiments, le musée du Grand Siècle, qui devrait ouvrir au public fin 2026, continue d’enrichir ses collections. L’institution a acquis ce printemps, grâce au mécénat d’un particulier, un tableau de Jacques Blanchard (1600-1638), Diane et Endymion, qui sera exposé aux côtés de son pendant sur les futures cimaises du musée.

Louis Le Barbier (mort en 1641), conseiller secrétaire et maître d’hôtel ordinaire du Roi, possédait une vaste fortune, issue de la spéculation immobilière. Il fit édifier, dans les années 1620, un hôtel particulier, aujourd’hui quai Malaquais à Paris, qui comportait, comme c’était alors la mode, une galerie. Jacques Blanchard livra plusieurs tableaux pour sa décoration.

Les amours des dieux

Ce premier grand chantier parisien du peintre fut réalisé vers 1632 et démantelé à la fin du XVIIIe siècle. Quatorze compositions mythologiques évoquant les amours des dieux en ornaient les murs, inspirées des Métamorphoses d’Ovide et d’autres textes antiques : huit toiles de format carré et six verticales. Parmi elles se trouvaient la toile récemment acquise par le musée du Grand Siècle, Diane et Endymion, et son pendant, Apollon et Daphné, entré dans les collections de l’institution en 2020. Leur format resserré, en hauteur, correspond bien à la commande : des tableaux devant être insérés dans des boiseries. Présentée par Star Sainty Gallery lors de la dernière TEFAF Maastricht, une toile de format carré représentant la déesse Vénus suppliant Adonis de ne pas partir chasser pourrait aussi avoir fait partie de cet ensemble.

Jacques Blanchard (1600-1638), Diane et Endymion, vers 1631-1632. Huile sur toile, 142,5 x 83,5 cm. Saint-Cloud, musée du Grand Siècle.

Jacques Blanchard (1600-1638), Diane et Endymion, vers 1631-1632. Huile sur toile, 142,5 x 83,5 cm. Saint-Cloud, musée du Grand Siècle. Photo service de presse. © CD92 – Julien Garraud

Le berger et la déesse

Les sources du mythe d’Endymion varient. Le jeune homme est généralement décrit comme un berger dont la déesse de la Lune, Séléné – qui a souvent été confondue avec Diane –, tombe amoureuse. Afin de préserver sa beauté, elle le plonge dans le sommeil et vient, la nuit, le contempler en secret. Celui que l’on surnomma le « Titien français » éclaire cette scène nocturne d’une douce lumière et fait le choix de coloris rappelant son passage à Venise et son admiration pour ses peintres. Dans le catalogue de l’exposition « Jacques Blanchard », organisée au musée des Beaux-Arts de Rennes en 1998, Jacques Thuillier en souligne la « sûreté de facture qui ne permet pas de douter de sa qualité d’original ».

« Soucieux toujours de coloris, Blanchard a profité du sujet pour traiter le tableau dans une gamme argentée, que ne vient briser aucune tache trop vive, et dont on trouverait peu d’exemples dans la peinture parisienne du temps. » 

​​​​Jacques Thuillier

Une paire reconstituée

Diane et Endymion sera exposé, sur les cimaises du musée du Grand Siècle, aux côtés d’Apollon et Daphné, qui l’a précédé dans ses collections. Dans les deux compositions, les personnages occupent tout l’espace ; les coloris sont en revanche très différents. Daphné se métamorphose en plein jour, baignée d’une lumière claire et drapée d’un rose franc. Elle est poursuivie par un Apollon juvénile dont le vêtement fait écho à la blondeur.

Jacques Blanchard (1600-1638), Apollon et Daphné, vers 1631-1632. Huile sur toile, 145 x 88 cm. Saint-Cloud, musée du Grand Siècle.

Jacques Blanchard (1600-1638), Apollon et Daphné, vers 1631-1632. Huile sur toile, 145 x 88 cm. Saint-Cloud, musée du Grand Siècle. Photo service de presse. © CD92 – Julien Garraud

Le futur musée du Grand Siècle

Membre de l’Académie française, ancien président-directeur du musée du Louvre et historien de l’art renommé, Pierre Rosenberg (né en 1936) a souhaité faire don de son inestimable collection au département des Hauts-de-Seine. Signé le 25 septembre 2020, l’acte de donation recense 3 502 dessins allant du XVIe au XXe siècle, 673 tableaux d’artistes du XVe à la première moitié du XXe siècle, 805 animaux de verre de Murano du XXe siècle, ainsi qu’une bibliothèque d’histoire de l’art riche de 50 000 ouvrages. L’idée d’un musée dédié à ces collections d’une part, et au Grand Siècle d’autre part, qui accueillerait aussi un centre de recherches, s’est rapidement imposée grâce au soutien décisif du Département. Cette nouvelle institution prendra ses quartiers dans l’ancienne caserne royale de Saint-Cloud, actuellement en travaux sous la supervision de Rudy Ricciotti, architecte du Mucem, à Marseille, ou du Centre national chorégraphique Pavillon noir, à Aix-en-Provence. 

Le bâtiment du futur musée du Grand Siècle, qui devrait ouvrir fin 2026 à Saint-Cloud. Maître d'ouvrage : Département des Hauts-de-Seine, entreprise générale : Fayat Bâtiment, architecte : Rudy Riciotti.

Le bâtiment du futur musée du Grand Siècle, qui devrait ouvrir fin 2026 à Saint-Cloud. Maître d'ouvrage : Département des Hauts-de-Seine, entreprise générale : Fayat Bâtiment, architecte : Rudy Riciotti. Photo service de presse © Rudy Riciotti Architecte