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Le Louvre acquiert une exceptionnelle collection de 272 icônes byzantines et orientales

Le Concile de Nicée (détail), 1637 (?). 85 x 120 cm. Paris, département des Arts de Byzance et des Chrétientés d’Orient du musée du Louvre.

Le Concile de Nicée (détail), 1637 (?). 85 x 120 cm. Paris, département des Arts de Byzance et des Chrétientés d’Orient du musée du Louvre. Photo service de presse. © Musée du Louvre, Dist. GrandPalaisRmn / Julien Vidal

Deux ans avant l’ouverture de son futur département des Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient, le musée du Louvre vient d’acquérir une collection privée de 272 icônes datant du XVe au XXe siècle. Cet ensemble exceptionnel a été constitué au Liban durant plusieurs décennies par deux hommes d’affaires passionnés, Georges Abou Adal et son fils, Freddy Abou Adal.

Dès 1952 et jusqu’en 1970, l’homme d’affaires et patron de presse libanais Georges Abou Adal, disparu en 2001, a rassemblé une collection d’icônes couvrant une large période et une vaste aire géographique. Son fils, Freddy Abou Adal, l’a enrichie par des acquisitions en ventes publiques durant les années 1990. C’est au cours de cette même décennie que la collection a commencé à être montrée au public et à dévoiler ses trésors.

« Notre collection raconte une histoire familiale autant qu’une histoire artistique et spirituelle. Chaque icône porte en elle les traces des mains qui l’ont créée, vénérée, sauvegardée et transmise jusqu’à nous. »

Freddy Abou Adal

Une collection bien connue des spécialistes

En 1993, le musée Carnavalet, à Paris, présentait 129 œuvres dans l’exposition « Icônes grecques, melkites, russes. Collection Abou Adal ». En 1997, c’est au tour du musée d’Art et d’Histoire de Genève de choisir 138 œuvres présentées dans « Lumières de l’Orient chrétien. Icônes de la collection Abou Adal ». « Notre collection raconte une histoire familiale autant qu’une histoire artistique et spirituelle. Chaque icône porte en elle les traces des mains qui l’ont créée, vénérée, sauvegardée et transmise jusqu’à nous », confiait Freddy Abou Adal à l’occasion de l’exposition genevoise. Ce rare ensemble régulièrement montré au public est donc parfaitement connu et apprécié des spécialistes depuis plusieurs décennies.

Des provenances et des fonctions variées

La collection Abou Adal rassemble des icônes d’époques – du XVe au XXe siècle – et de provenances d’une grande variété. Des œuvres crétoises, grecques, balkaniques, transylvaines, valaques, russes, levantines et melkites s’y côtoient, représentant de nombreux centres de production et mettant en lumière les spécificités de chacun. Les différents usages de l’icône sont également illustrés, des peintures d’iconostases à la dévotion privée. Certaines œuvres sont signées de grands artistes, tandis que d’autres peuvent leur être attribuées avec certitude. On y trouve aussi de rares iconographies, comme la représentation du concile de Nicée dans une icône du XVIIe siècle (voir l’image en ouverture).

Attribué à Ne'meh al-Musawwir, Michel Archange, début du XVIIIe siècle. 48 x 38 cm. Paris,  département des Arts de Byzance et des Chrétientés d’Orient du musée du Louvre.

Attribué à Ne'meh al-Musawwir, Michel Archange, début du XVIIIe siècle. 48 x 38 cm. Paris, département des Arts de Byzance et des Chrétientés d’Orient du musée du Louvre. Photo service de presse. © Musée du Louvre, Dist. GrandPalaisRmn / Julien Vidal

Un ensemble d’icônes melkites

Les œuvres melkites composent l’un des ensembles les plus intéressants de la collection. Elles désignent des peintures réalisées par les chrétiens de rite byzantin. L’église melkite est née au XVIIIe siècle, lorsque des chrétiens se sont séparés de l’église orthodoxe pour se rapprocher de l’Église de Rome. Sous l’empire ottoman, ces Grecs catholiques ont cherché à affirmer leur identité et leurs croyances. La collection Abou Adal rassemble plusieurs icônes dues à des peintres melkites. Parmi elles, des œuvres hagiographiques où une image centrale du saint est entourée de saynètes représentant les épisodes de sa vie, un type de composition dont témoigne l’icône consacrée à saint Georges reproduite ci-dessous.

Prêtre Stylianos le Crétois, Triptyque, Grèce, vers 1500. 40 x 62 cm. Paris,  département des Arts de Byzance et des Chrétientés d’Orient du musée du Louvre.

Prêtre Stylianos le Crétois, Triptyque, Grèce, vers 1500. 40 x 62 cm. Paris, département des Arts de Byzance et des Chrétientés d’Orient du musée du Louvre. Photo service de presse. © Musée du Louvre, Dist. GrandPalaisRmn / Julien Vidal

Un 9e département au Louvre en 2027

Le département des Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient a été officiellement créé en 2022. Quelque 2 200 mètres carrés lui seront consacrés au rez-de-chaussée et à l’entresol de l’aile Denon dès 2027. Ce nouveau département est d’ores et déjà riche de 20 000 œuvres aujourd’hui conservées dans les autres départements du musée, qui s’étendent des origines de l’image chrétienne jusqu’au début du XXe siècle, et de l’Éthiopie à la Russie, aux Balkans et à la Mésopotamie. Plusieurs acquisitions sont déjà venues compléter ce fonds, dont celle d’une maquette du saint Sépulcre de Jérusalem (voir l’encadré ci-dessous). Les œuvres de la collection Abou Adal constituent assurément un ajout majeur à cet ensemble. Il en sera notamment question lors du colloque international « En chair et en or : regards sur l’icône, XVe-XXe siècle », qui se tiendra les 7 et 8 avril 2025 au Collège de France et à l’École du Louvre.

​​​​​Saint Georges et scènes de sa vie. Tempera sur bois. Paris, département des Arts de Byzance et des Chrétientés d’Orient du musée du Louvre.

Saint Georges et scènes de sa vie. Tempera sur bois. Paris, département des Arts de Byzance et des Chrétientés d’Orient du musée du Louvre. Photo service de presse. © Musée du Louvre, Dist. GrandPalaisRmn / Julien Vidal

Une rare maquette du saint Sépulcre de Jérusalem

En prévision de l’ouverture du département des Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient, le musée du Louvre procède régulièrement à des acquisitions. Parmi les plus importantes figure cette maquette du saint Sépulcre de Jérusalem en bois et marqueterie de nacre, os et bois, datant du XVIIe siècle, qui a intégré les collections nationales en octobre 2022.

Maquette du complexe du Saint-Sépulcre, Bethléem, seconde moitié du XVIIe siècle. Bois d’olivier, marqueterie de nacre, os et bois de buis, 22 x 41 x 35cm.

Maquette du complexe du Saint-Sépulcre, Bethléem, seconde moitié du XVIIe siècle. Bois d’olivier, marqueterie de nacre, os et bois de buis, 22 x 41 x 35cm. Photo service de presse. © Nicolas Roux Dit Buisson Photography

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