Le mobilier « à l’Étrusque » livré pour Marie-Antoinette retrouve la laiterie de Rambouillet

En 2021, l'exposition « Vivre à l'antique » permettait pour la première fois au mobilier étrusque de retrouver son écrin d'origine. © Actu-culture.com / OPM
Le bon meuble à la bonne place. Une fois n’est pas coutume, le château de Versailles a déposé à Rambouillet l’exceptionnel mobilier « à l’Étrusque » longtemps présenté au Petit Trianon. Commandé par Louis XVI au crépuscule de l’Ancien Régime, il devait attirer la reine dans cette nouvelle résidence.
Le projet fait long feu : peu séduite par le domaine qu’elle considère comme une « crapaudière », Marie-Antoinette ne l’y admirera en réalité qu’une seule fois.
« Piètement en X évoquant les sièges curules, pieds en sabre, dossiers en crosse, et absence de garniture textile afin d’imiter le mobilier antique en bronze. »
Anticomania
Hubert Robert, qui en fournit les dessins, puise son inspiration dans l’Antiquité à son retour de Rome : piètement en X évoquant les sièges curules, pieds en sabre, dossiers en crosse, et absence de garniture textile afin d’imiter le mobilier antique en bronze. Éminemment original, cet ensemble en acajou massif composé de quatre fauteuils, dix chaises, six tabourets, une grande table circulaire et quatre plus petites « en forme de guéridon » est livré par Georges Jacob pour la laiterie le 1er mai 1787. Épargné par les ventes révolutionnaires de 1793, il gagne le Muséum central du Louvre.
Détail de l'un des fauteuils en acajou massif livrés pour la laiterie de Rambouillet en 1787. © Actu-culture.com / OPM
Tribulations d’un mobilier insigne
En 1810, douze pièces sont déposées au Petit Trianon et sous la Restauration, le reste est placé dans les appartements du duc d’Orléans au Palais-Royal. La grande table centrale part quant à elle, en 1810, pour le château de Pau où elle demeure toujours. En 1889, cinq des six chaises conservées à Trianon sont vendues par les domaines ; acquises par le comte Henry Greffulhe, elles passent ensuite dans la collection de l’industriel Alfred Beit, qui les offre au château de Versailles en 1951. Quant aux meubles partis au Palais-Royal, ils restèrent en place durant la Monarchie de Juillet avant de passer en mains privées ; ils sont finalement préemptés, en juin 1932, par Versailles dans la vente Hayem sous le marteau de maître Couturier.
Georges Jacob (1739-1814), fauteuil de la laiterie de Marie-Antoinette à Rambouillet, d’après les dessins d’Hubert Robert (1733-1808), 1787. Acajou, 96,5 x 64 x 71,1 cm. © Actu-culture.com / OPM
De Versailles à Rambouillet
Le Centre des monuments nationaux (CMN), gestionnaire du château de Rambouillet, ouvre l’ancienne résidence présidentielle à la visite en 2009 ; grâce au généreux dépôt de Versailles, dans le cadre de la politique de remeublement des anciennes demeures royales, le public peut aujourd’hui admirer le décor d’origine de la laiterie, joyau architectural conçu pour le plaisir de la reine.