Le musée de Cluny lance un appel au mécénat pour acquérir un chef-d’œuvre médiéval

Attribuée au Maître du retable de Lautenbach, entourage de Nicolas de Leyde, Sainte Marie-Madeleine (détail), Strasbourg, vers 1470-1480. Tilleul sculpté en ronde-bosse avec traces de polychromie et de dorure, H. 55,5 cm. Photo service de presse. © Azur Enchères
Le musée de Cluny – musée national du Moyen Âge convoite une délicate Marie-Madeleine, chef-d’œuvre de la sculpture alsacienne du XVe siècle. Classée « Trésor national », elle ne peut être exportée et représenterait une acquisition de tout premier plan pour les collections du musée, qui a lancé un appel au mécénat des entreprises et des particuliers.
Provenant d’une collection particulière et connue des historiens de l’art, la statuette que souhaite acquérir le musée de Cluny avait été adjugée 429 000 € (frais inclus) le 14 juin 2023 chez Azur Enchères.
Une sculpture impossible à exporter
Ce résultat à la hauteur de sa rareté et de sa qualité n’a pourtant pas sonné la fin de l’histoire. L’acquéreur, un marchand étranger, s’est vu refuser le certificat d’exportation en novembre 2023, l’œuvre, qui n’a pas d’équivalent dans les collections publiques, obtenant alors le classement « Trésor national ». L’État cherche aujourd’hui des mécènes pour la faire entrer dans les collections du musée national du Moyen Âge.

Attribuée au Maître du retable de Lautenbach, entourage de Nicolas de Leyde, Sainte Marie-Madeleine, Strasbourg, vers 1470-1480. Tilleul sculpté en ronde-bosse avec traces de polychromie et de dorure, H. 55,5 cm. Photo service de presse. © Azur Enchères
Un chef-d’œuvre de la sculpture médiévale alsacienne
La statuette en bois de tilleul a été identifiée comme une représentation de sainte Marie-Madeleine grâce au vase à parfum qu’elle porte dans ses mains et qu’elle ouvre d’un geste gracieux. Sa longue chevelure ondulée, travail d’un sculpteur chevronné, et le drapé aux profonds plis cassés de son manteau témoignent de son exécution dans l’atelier d’un maître strasbourgeois de la fin du XVe siècle, au temps du gothique tardif.

Attribuée au Maître du retable de Lautenbach, entourage de Nicolas de Leyde, Sainte Marie-Madeleine (de dos), Strasbourg, vers 1470-1480. Tilleul sculpté en ronde-bosse avec traces de polychromie et de dorure, H. 55,5 cm. Photo service de presse. © Azur Enchères
Dans l’entourage de Nicolas de Leyde
La comparaison de Marie-Madeleine avec d’autres sculptures alsaciennes de cette époque permet de l’attribuer au Maître du retable de Lautenbach, actif dans la région de Strasbourg dans les années 1470-1480. Ce maître a œuvré dans l’entourage de Nicolas Gerhaert de Leyde (vers 1420-1473), artiste d’origine flamande installé à Strasbourg avant de partir pour Vienne, considéré comme l’un des plus grands sculpteurs de son temps.

Attribuée au Maître du retable de Lautenbach, entourage de Nicolas de Leyde, Sainte Marie-Madeleine (détail), Strasbourg, vers 1470-1480. Tilleul sculpté en ronde-bosse avec traces de polychromie et de dorure, H. 55,5 cm. Photo service de presse. © Azur Enchères
Le souvenir d’un retable disparu
La sculpture, qui a perdu sa polychromie d’origine, est dans un très bon état de conservation, à l’exception de quelques trous causés par des insectes xylophages et de rares lacunes. La présence de trous à l’arrière de la tête et la dimension du personnage laissent supposer qu’elle faisait partie d’un retable destiné à la dévotion privée. Cette élégante Marie-Madeleine est réputée provenir de l’abbaye cistercienne de Lucelle, dans le Haut-Rhin. Afin qu’elle figure, en bonne place, dans son parcours, le musée doit réunir les 429 000 € auxquels elle avait été adjugée avant mai 2026. Mécènes particuliers et entreprises sont invités à contribuer à la collecte des 200 000 € manquants à ce jour.





