Le musée de la Légion d’honneur nous plonge au cœur de la restauration de Notre-Dame de Paris

Un charpentier équarrit une poutre, un tailleur de pierre sculpte une frise végétale dans une pierre calcaire, un dinandier restaure une sculpture du lion ailé de Saint-Marc, une restauratrice redonne son éclat à un vitrail terni par la poussière de plomb… Quarante toiles de Laurence Bost rendent hommage aux métiers d’art qui ont permis la restauration de Notre-Dame de Paris. Elles magnifient la précision et la virtuosité de gestes qui ont traversé les siècles.

Laurence Bost, Sculpture d’une frise. Photo service de presse. © Gallimard

« Alors que l’artisanat se met souvent au service de l’art, j’ai ­souhaité inverser la perspective, attirer la lumière sur des métiers qui œuvrent dans l’ombre », explique l’artiste qui a suivi toutes les étapes du chantier. Elle s’est rendue dans une forêt de ­Normandie où les charpentiers ont sélectionné des chênes, et dans la fonderie où les taillandiers ont forgé les fers des haches selon les techniques ancestrales. Quelques-uns des outils maniés sur le chantier de Notre-Dame de Paris figurent dans l’exposition aux côtés des tableaux. « La présence des rabots, des ciseaux et des plombs à piquer des charpentiers, et surtout d’une doloire, hache au manche court utilisée pour équarrir le bois, montre l’importance de la maîtrise du bon geste, transmis de génération en génération. »

Laurence Bost, Équarrissage d’une poutre à la doloire Photo service de presse. © Gallimard

Dans les ateliers, Laurence Bost a observé la dextérité des tailleurs de pierre, des sculpteurs, des dinandiers, des vitraillistes, des facteurs d’orgue, des campanistes, des lustriers… Sur le chantier de la cathédrale, elle a assisté au travail des maçons et des couvreurs, mais aussi des grutiers, des échafaudeurs et des cordistes, animés par la même volonté d’excellence. Les gestes précis et minutieux des restaurateurs des peintures murales, des boiseries du chœur et des dorures des clés de voûte, lui ont inspiré une magnifique série de portraits, aux légendes rédigées par Sylvain Tesson. Laurence Bost a également peint les grands moments du chantier : la pose de la dernière pierre de la voûte enfin reconstruite, l’achèvement de la charpente, célébré par un bouquet de fleurs fixé sur le faîtage par le plus jeune charpentier, le démontage des échafaudages qui laisse peu à peu apparaître la nouvelle flèche de la cathédrale… Au tableau saisissant de l’incendie qui ouvre l’exposition peut alors succéder une vision nocturne apaisée du chantier.

Laurence Bost, Couvreur. Photo service de presse. © Gallimard

Les contrastes chromatiques des tableaux font ressortir la tension des visages, l’intensité des regards tournés vers les œuvres. Ils forment un éloge de la patience, de l’effort et de la concentration. « Par la peinture, j’avais l’impression de saisir au mieux l’essence de ce travail, de le rendre de manière bien différente que par la photographie ou par un reportage documentaire. » L’artiste souhaite donner l’ensemble des tableaux au futur musée de l’Œuvre Notre-Dame à l’Hôtel-Dieu « afin de conserver la mémoire de ces nouveaux bâtisseurs des cathédrales ».