Le musée de Saint-Bertrand-de-Comminges a 100 ans

Vue du trophée augustéen au musée de Saint-Bertrand-de-Comminges. © Lilian Cazabet, CD31
Pour fêter ses 100 ans d’existence, le musée de Saint-Bertrand-de-Comminges fait peau neuve ! Au fil d’une muséographie entièrement rénovée, il propose aux visiteurs de (re-)découvrir ses chefs-d’œuvre gallo-romains et le quotidien des habitants de l’antique Lugdunum.
Créé en 1924-1925, l’ancien musée du Comminges a, dès son origine, l’ambition d’offrir au public le fruit des découvertes réalisées sur le site de Lugdunum, le chef-lieu de la cité antique des Convènes. Si les lieux intéressent les érudits dès le XVIe siècle, les fouilles à proprement parler ne démarrent que dans les années 1920, notamment sous l’impulsion de Bertrand Sapène (1890-1976) à qui hommage est rendu : cet instituteur, infatigable chercheur pendant près d’un demi-siècle, mit au jour les principaux vestiges, publiant sans relâche ses merveilleuses trouvailles.
Tous les attributs d’une cité romaine
Installé dans un bâtiment du XVIIIe siècle (maintes fois remanié, en particulier au XIXe siècle lorsqu’il devient une gendarmerie), le musée aide, grâce à son parcours repensé, à mieux se figurer l’histoire, l’évolution et la singularité de cette ville, possédant tous les attributs d’une cité romaine d’importance avec théâtre, temple, forum, thermes, et vaste marché, et de sa région, l’actuel Comminges. Articulée autour de plusieurs thématiques, la visite s’intéresse aux origines de Lugdunum (avec une présence humaine attestée dès le Néolithique) implanté aux pieds des Pyrénées, à la croisée de carrefours stratégiques – et non loin des carrières de marbre ! Marbre que l’on retrouve dans la réalisation d’un des chefs-d’œuvre du musée : le trophée, ensemble de sculptures navales et terrestres, réalisées entre 16 et 13 avant notre ère pour célébrer la bataille et la victoire d’Auguste à Actium – et plus concrètement pour asseoir la mainmise de Rome sur ce territoire du sud-ouest de la Gaule.
Villae, nécropoles et ateliers
Outre la tête colossale d’Agrippine la Jeune (sœur de Caligula et mère de Néron), l’autel des Offinatores (au riche décor, associant un dieu, probablement Silvain, une dédicace et quatre panneaux historiés) ou encore le fragment d’un sarcophage retrouvé en remploi dans une tombe médiévale, nous découvrons le quotidien de cette cité antique grâce à sa parure monumentale, aux noms et croyances de ses habitants, à leur dense panthéon de dieux romains et locaux, ou aux importantes séries comme les autels votifs (276 !), les lampes en terre cuite (460), un médailler (de plus de 2 000 monnaies) ou aux fragments en bronze doré témoignant d’une possible statue colossale en ces lieux. Mais la ville ne fait pas le tout : autour, là où s’étendent des champs aujourd’hui, les fouilles ont dévoilé de prospères villae agricoles, des nécropoles, des ateliers d’artisans et un camp de légionnaires (voir aussi Archéologia no 634, p. 56‑63). Ces siècles d’histoire abordent enfin la transition vers le Moyen Âge avec la construction du rempart de la ville haute, le déplacement de la cité, la nouvelle occupation des paysages et l’édification de monuments chrétiens. Le parcours s’achève sur l’actualité de la recherche offrant les derniers résultats des études en cours qui devraient promettre bien des surprises. Vivement le prochain jubilé du musée !
Musée archéologique départemental, Bâtiment de l’ancienne Gendarmerie, Ville Haute, 31510 Saint-Bertrand-de-Comminges. Tél. 05 61 88 31 79.