L’État cherche à acquérir deux fonds littéraires majeurs pour la Bibliothèque nationale de France

La Bibliothèque nationale de France souhaite acquérir un important fonds Proust, ici présenté chez Sotheby's, auprès d’héritiers de l’écrivain. Photo service de presse. © Anthony Voisin
La BnF s’enrichira-t-elle bientôt de deux importants fonds littéraires ? Un appel aux dons et un appel au mécénat viennent d’être lancés par l’État pour acquérir un fonds Marcel Proust et un fonds Albert Camus, qui constitueraient tous deux d’inestimables adjonctions aux collections nationales.
Manuscrits, correspondances, dessins, dossiers préparatoires aux œuvres : les fonds Proust et Camus, que convoite la Bibliothèque nationale de France (BnF), provenant des familles des deux écrivains, recèlent de nombreux trésors et constitueraient deux acquisitions de tout premier plan tant pour le patrimoine littéraire que pour les chercheurs.
« […] on ne “tient”, on ne fait bonne figure auprès des écrivains d’autrefois qu’à condition d’avoir cherché à écrire tout autrement. Et quand on veut défendre la langue française, en réalité on écrit tout le contraire du français classique. »
Marcel Proust, lettre à Mme Straus, 1908
L’héritage de Marcel Proust
En 1962, Suzanne Mante-Proust, nièce de l’écrivain, vendit à la BnF une partie du fonds en sa possession, dont une grande partie des manuscrits d’À la recherche du temps perdu. Soixante-trois ans plus tard, ses héritiers souhaitent se défaire des documents qu’ils conservent, dont de nombreux inédits. Saisissant l’opportunité de réunir les deux fonds en acquérant, par l’intermédiaire de Sotheby’s, le second, la BnF a lancé un appel aux dons, auquel vous êtes invité à participer jusqu’au 31 décembre.

Une partie du fonds Proust, photographiée chez Sotheby's. Photo service de presse. © Anthony Voisin
Une copie de philosophie notée 4/20
Ce second fonds est composé de 900 documents retraçant la carrière de Marcel Proust, de sa jeunesse à ses œuvres les plus fameuses. On y trouve des devoirs scolaires – dont une copie de philosophie notée 4/20, le professeur en soulignant « le ton très lourd et pâteux » –, des manuscrits de pièces de théâtre, genre que l’écrivain abandonna par la suite, des lettres ainsi que des brouillons et travaux préliminaires à Jean Santeuil et À la recherche du temps perdu. Cet ensemble compléterait à merveille le fonds acquis en 1962, qui comprend de nombreux documents relatifs au chef-d’œuvre proustien.

Le fonds que souhaite acquérir la Bibliothèque nationale de France comprend de nombreux documents concernant À la recherche du temps perdu : ébauches sur feuilles volantes, ajouts – dont les fameuses paperoles, visibles sur cette photo –, pages découpées de cahiers, pages dactylographiées corrigées, fragments d’épreuves… Photo service de presse. © Anthony Voisin
9 millions d’euros pour Camus
Le manuscrit de L’Étranger, les dossiers relatifs à l’écriture de plusieurs ouvrages, dont La Chute et Le Premier Homme, ainsi que des centaines de lettres, d’articles et de photographies : le fonds Albert Camus, conservé à la bibliothèque Méjanès d’Aix-en-Provence, y a été déposé par la fille de l’écrivain, Catherine Camus, en 2000. L’État souhaite acquérir ce précieux ensemble – 100 cartons d’archives et 1 200 imprimés – pour la BnF. En quête de 9 millions d’euros, il a lancé un appel aux mécènes, soulignant l’importance de cet ensemble documentant le travail du Prix Nobel de littérature de ses premiers écrits aux romans traduits dans le monde entier. Ces précieuses archives rejoindraient des manuscrits déjà conservés à la BnF, tels ceux de L’Homme révolté et de Caligula.

L’Étranger a été publié en 1942 chez Gallimard (photo de l'édition originale). Le manuscrit de ce roman est l’un des plus précieux documents du fonds Albert Camus. © DR





