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Patrimoine en flammes

Philippe-Jacques de Loutherbourg (1740-1812), Le Grand Incendie de Londres, vers 1797. Huile sur toile, 60 x 81,3 cm. Yale Center for British Art, Paul Mellon Collection.

Philippe-Jacques de Loutherbourg (1740-1812), Le Grand Incendie de Londres, vers 1797. Huile sur toile, 60 x 81,3 cm. Yale Center for British Art, Paul Mellon Collection. © Bridgeman Images

La sidération qui s’est emparée de tous les spectateurs impuissants devant l’incendie de Notre-Dame de Paris, le 15 avril dernier, a occulté une réalité bien connue des historiens et des défenseurs du patrimoine : rien de plus banal qu’un monument qui brûle. Depuis les Anciens, apeurés face au courroux des dieux, jusqu’à notre moderne société, trop sûre de son infaillibilité technologique, des milliers de monuments ont été détruits par le feu, parsemant le chemin de notre histoire de leurs carcasses réduites en cendre. Par sa beauté terrifiante, par son rougeoiement infernal, une telle fin n’a pas manqué de fasciner les peintres et les poètes depuis longtemps, mais aussi, avouons-le, chacun d’entre nous. Le feu n’atteint pas que l’édifice, il échauffe aussi durablement l’imaginaire, offrant un spectacle fascinant dont on ne peut détacher les yeux. Dévorant la matière de sa force quasi métaphysique, il vient rappeler la fragilité absolue de notre patrimoine. Sic transit gloria mundi.

Le feu de la guerre

Aussi loin qu’on puisse remonter, le feu destructeur est lié dans notre imaginaire à la guerre et ses malheurs. Raconté par Homère, l’incendie mythique de Troie a marqué durablement l’Occident : c’est la mère des cités détruites par le feu des vainqueurs au long des guerres de notre pauvre humanité. Plus près de nous, les Allemands n’ont pas oublié comment les troupes de Louis XIV ont incendié Heidelberg et ravagé le Palatinat, ni les Flamands comment les rayons de ce même Roi-Soleil ont enflammé Bruxelles en 1695. La mécanique du feu militaire est partout la même, sous toutes les latitudes : quand les Républicains brûlent les villages du bocage vendéen ; quand les Russes préfèrent incendier Moscou en 1812 que d’y laisser triompher Napoléon ; quand les Anglais mettent à sac Washington en 1814 ; quand la guerre porte le feu à Reims en 1914, dès l’automne et les premières offensives allemandes (voir plus bas) ; ou bien quand les nazis incendient les résidences impériales autour de Saint-Pétersbourg… Ajoutons-y les hideuses destructions causées par l’idéologie, qui puise dans le feu une force dévastatrice démultipliée : l’exemple le plus cruel est celui de la Commune de 1871, qui a mis méthodiquement le feu aux plus beaux monuments parisiens – « du passé, faisons table rase », n’est-ce pas. Cet épisode tragique, qui compte encore des zélateurs, a failli anéantir le cœur de la « Ville lumière », qui a semblé prendre entièrement feu, dans un troublant jeu de mots. En réalité, c’est aussi par accident, par imprudence même, que les villes ont brûlé, comme la Rome de Néron, qui ouvre un autre imaginaire. Dans les cités du Moyen Âge, bâties de bois et de chaume, le feu est sans cesse là, comme à Chartres en 1134, à Rouen en 1211 ou à Bourges en 1487 ; mais l’histoire a surtout retenu les incendies de Londres en 1666, « the great Fire », et de Rennes en 1720, deux villes encore largement dans leur état médiéval. Le nouveau monde n’est pas épargné, si l’on songe aux grands incendies de Montréal en 1721 ou de Chicago en 1871… Aujourd’hui, les villes ne brûlent plus, du moins dans les pays en paix et technologiquement organisés. Cependant, le feu n’a pas disparu de notre horizon : les forêts sont désormais la proie des flammes, de manière quasi rituelle chaque été, provoquant tristesse et désolation.

Jean-Jules Andrieu, Désastres de la guerre : les Tuileries, façade principale. Épreuve sur papier albumné, 29,5 x 37,6 cm. Paris, École nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA).

Jean-Jules Andrieu, Désastres de la guerre : les Tuileries, façade principale. Épreuve sur papier albumné, 29,5 x 37,6 cm. Paris, École nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA). © Beaux-Arts de Paris, Dist. RMN-Grand Palais / image Beaux-Arts de Paris

La règle du feu

Les monuments brûlent également, et pour des raisons diverses. Il existe des incendies politiques, comme celui, machiavélique, du Reichstag en 1933, ou encore criminels, comme ceux du siège historique du Crédit lyonnais de Paris en 1996, lié aux « affaires », ou de la Fenice à Venise, pour une sombre histoire d’assurances. Mais le plus souvent, l’incendie est accidentel. Il est parfois dû au déchaînement des éléments, telle la foudre, comme à l’église de Lavau-sur-Loire en août 1994 ou à Saint-Amans-Soult (Tarn) en octobre 2018, mais plus sûrement à la bêtise des hommes. Un outil mal éteint, un mégot de cigarette jeté négligemment, un court-circuit dans un réseau vétuste ou mal installé : des causes dérisoires et minuscules provoquent, par extension, des catastrophes immenses, entraînant des chantiers longs et coûteux pour la collectivité. L’imprudence, la négligence, l’imbécillité sont de redoutables alliés du feu, et l’hyper-technologie n’y peut rien. Comme dans la plupart des catastrophes aériennes, le facteur humain en est la cause. Il arrive parfois qu’à l’inverse, d’autres humains réfléchissent et réagissent : l’histoire ne retiendra hélas pas le nom de ceux qui ont sauvé in extremis d’un départ de feu l’Opéra royal de Versailles ou la Bibliothèque nationale, rue de Richelieu, ces dernières années…

Théâtres et cathédrales, victimes privilégiées

Parmi les édifices sujets aux incendies, si l’on excepte les lieux de pouvoir, toujours à la merci des flammes révolutionnaires, deux catégories se détachent nettement : les théâtres et les cathédrales. Les premiers, lieu confiné où les bougies sont autant de menaces fragiles, mais redoutables, semblent même faits pour brûler, y compris après les progrès de l’électricité… Le foyer, seule pièce alors chauffée par une cheminée, y porte un nom prédestiné. Quant aux cathédrales, elles possèdent dans leurs combles des forêts de bois et dans leurs flèches des aiguilles qui peuvent attirer les foudres du ciel. Elles n’ont pas cessé de prendre feu, même après le développement du voûtement de pierre qui a remplacé les plafonds en bois apparents des premiers édifices chrétiens. Depuis la cathédrale de Chartres, en 1020, jusqu’à Notre-Dame il y a six mois, résonne une litanie d’incendies. Heureusement, ces voûtes de pierre jouent un rôle de coupe-feu, en préservant l’édifice entier des flammes qui dévorent sans pitié son couronnement. Le patrimoine n’échappe pas à cette « règle du feu ». Cruel paradoxe : c’est le plus souvent à l’occasion de travaux de restauration qu’il brûle, car le chantier est, par son organisation et sa temporalité propres, un redoutable facteur d’accroissement des risques. Cela a abouti au « permis feu », élaboré en 1970 et réglementé par un arrêté de 1993 : tous les travaux nécessitant un point chaud doivent faire l’objet d’une vérification avant et après le chantier. Malgré tout, la liste des églises, châteaux et palais classés Monuments historiques qui s’embrasent ne semble pas devoir s’arrêter, comme l’a encore illustré cet été le cas de la maison de la Mère Pourcel à Dinan.

Des procédures à repenser ?

Qu’en conclure ? L’alternative est simple. Soit les procédures existantes sont bonnes, mais personne n’y prête une réelle attention, comme ces ouvriers qui ont reconnu avoir fumé sur le chantier de Notre-Dame… Auquel cas il faut punir sévèrement les contrevenants. Soit, au contraire, les procédures ne sont pas satisfaisantes, car ni complètes ni efficaces : dans ce second cas, une réflexion devrait être engagée en urgence, avant le prochain désastre. Ces incendies renferment un second drame, à la manière des poupées russes : l’eau salvatrice, généreusement déversée, devient bientôt destructrice, et longtemps après l’événement, continue à s’infiltrer au cœur des maçonneries et des structures en bois. L’eau est bien le véritable ennemi de l’architecture. Puis, quand tout est sécurisé, commence le temps des travaux, dont les délais sont incertains et ne peuvent être fixés d’avance, car c’est le monument qui dicte sa loi et non l’inverse. Alors se posent invariablement deux questions : quel état rétablir ? en quel matériau ? Pour éclairer les actuels débats autour de Notre-Dame de Paris, débats mal posés dès le 16 avril et dont les attendus ont été politisés sans vergogne, nous avons choisi d’évoquer dans les pages qui suivent dix incendies ayant frappé des monuments historiques français, soit cinq édifices religieux et cinq édifices civils. Ces exemples ont quelques points communs. Le premier est, à la réserve de la cathédrale de Reims, d’avoir brûlé par accident, en général à cause de travaux. Le second est l’émotion provoquée, la prise de conscience et l’engagement, humain, intellectuel et financier, qui permettent de transformer un désastre en succès. Le dernier point commun est que la solution esthétique retenue a toujours été de restituer ce qui avait disparu. Enfin, huit fois sur dix, on n’a pas hésité à employer des matériaux contemporains, fonte, acier ou béton. Si l’on croit que l’histoire peut servir à éclairer les choix à venir pour Notre-Dame, il est utile de la méditer et de rester humble face aux défis.

1630. La Sainte-Chapelle

À peine le Palais de Justice de la Cité avait-il été relevé de l’incendie de 1618, ayant détruit la grand’salle gothique, que la Sainte-Chapelle brûlait à son tour le 26 juillet 1630. Construite sur l’ordre de Saint Louis, l’édifice a toujours été considéré comme un chef-d’œuvre de grâce et de légèreté, mais aussi comme un des lieux majeurs de la théorie de l’État royal, où s’accomplit l’alliance du trône et de l’autel. Dans cette châsse de pierre et de verre coloré, sont en effet conservées les reliques de la Passion du Christ, qui donnent à la couronne de France une supériorité sur ses rivales de l’Europe chrétienne. C’est la raison pour laquelle, même après avoir quitté le Palais au XIVe siècle, la monarchie n’a eu de cesse de protéger l’édifice et ses chanoines. L’incendie de 1630 est donc une grande catastrophe, car elle touche à l’identité de la France : la flèche datant du XVe siècle et toute la charpente partent accidentellement en fumée, l’édifice apparaît comme décapité, comme le montre un dessin contemporain. Le roi Louis XIII réagit immédiatement en annonçant une reconstruction des parties incendiées, sans donner de délai cependant. Il faudra attendre juin 1634 pour que les devis et marchés soient signés avec les entrepreneurs, et le chantier lancé ; il s’achèvera en 1671 seulement. L’architecte choisi est Henri Noblet, membre d’une dynastie alors fameuse d’entrepreneurs parisiens. Au XVIIe siècle, l’unité de style prime absolument, et compte plus que le dédain dans lequel on a commencé de tenir l’art médiéval depuis la Renaissance : aussi n’est-il pas question de restaurer l’édifice dans un autre style que le gothique. Noblet conçoit donc une charpente, dont la forme triangulaire est conditionnée par le pignon occidental en pierre, et imagine une flèche dans le goût ogival, connue par un dessin conservé à la Bibliothèque nationale, ce que les Anglo-Saxons nomment si bien gothic survival. Si la Sainte-Chapelle échappe aux incendies de 1737 et 1776, qui détruisent une partie du palais, la flèche de Noblet est abattue par les Jacobins en 1793. Elle sera refaite lors de la grande restauration de la Sainte-Chapelle par Duban et Lassus, en 1850-1853, suivant un autre dessin, par le charpentier Bellu.

Étienne Martellange (1569-1641), Vue de la Sainte-Chapelle de Paris après l’incendie (après 1630). Encre brune, lavis d’encre de Chine, plume, 40 x 55 cm. Paris, Bibliothèque nationale de France.

Étienne Martellange (1569-1641), Vue de la Sainte-Chapelle de Paris après l’incendie (après 1630). Encre brune, lavis d’encre de Chine, plume, 40 x 55 cm. Paris, Bibliothèque nationale de France. © BnF

1822. La cathédrale de Rouen

Dominant la ville et le fleuve de sa masse, la cathédrale médiévale de Rouen dresse vers le ciel ses deux clochers en pierre, dont la célèbre « tour du beurre » ainsi que sa haute flèche, élevée à la croisée du transept. Lorsque la foudre s’abat sur l’édifice le 5 septembre 1822, un gigantesque incendie se déclare, heureusement circonscrit à la flèche elle-même, construite en bois au XVIe siècle, et qui remplace deux ouvrages précédents détruits par le feu : celle-ci étant assise sur un tambour de pierre, le feu ne se propage pas dans les charpentes. Pour les Rouennais cependant, le miracle a un goût amer et il n’est pas possible de laisser leur cathédrale sans flèche. Un architecte expérimenté, Jean-Antoine Alavoine (1778-1834), connu pour son fameux projet de fontaine éléphant place de la Bastille, est choisi pour mener à bien le chantier. Il propose un parti visionnaire : la nouvelle flèche, qui aura une écriture néo-gothique, afin de respecter le monument qu’elle doit surmonter, sera en revanche réalisée dans un matériau contemporain, encore jamais utilisé dans un chantier de la sorte, la fonte. S’il en a déjà usé à la cathédrale de Sées en 1817, il faudra attendre Boileau à Saint-Eugène et Baltard à Saint-Augustin, deux églises parisiennes élevées trente ans plus tard, pour revoir la fonte utilisée dans un chantier religieux. Au sortir de la Révolution et des guerres de l’Empire, c’est l’un des premiers chantiers de ce type, qu’on peut rapprocher de celui de la basilique Saint-Denis, où officie alors François Debret. Cette génération, qui précède Viollet-le-Duc (ce dernier a 8 ans en 1822) a été injustement oubliée : ne se prétendant nullement omnisciente, elle n’entend pas non plus théoriser sans contradicteur, comme le futur maître du genre… Face aux réticences et aux critiques, dont celle de Quatremère de Quincy, Alavoine fait remarquer que ce nouveau matériau présente un risque d’incendie nul, tandis que le montage est facilité par la préfabrication des pièces. Admirons la vision audacieuse de l’architecte : incombustible, sa flèche est parfaitement intégrée à l’édifice tout en affirmant la modernité de son époque. Lancé en 1827, arrêté en 1849, le chantier est finalement achevé en 1876, et la flèche complétée de quatre cloche-tons en cuivre par l’architecte Barthélémy. Fragile, cette flèche novatrice a été restaurée à son tour, au milieu des années 1970, par Yves-Marie Froidevaux, architecte en chef des Monuments historiques – autre visionnaire qui n’avait pas peur des matériaux modernes et usa du béton à Valognes comme au Mont Saint-Michel. Avec l’ingénieur Karol Wilenko, Froidevaux a remplacé le tabouret et conforté la structure de la flèche avec de l’acier Corten, assurant une nouvelle vie à l’ouvrage précurseur d’Alavoine.

La flèche en fonte de la cathédrale de Rouen.

La flèche en fonte de la cathédrale de Rouen. © DR

1836. La cathédrale de Chartres

L’histoire de la cathédrale de Chartres est jalonnée d’incendies dramatiques, concentrés au Moyen Âge où ils ont joué un rôle moteur dans les campagnes de travaux successives. Puis, l’édifice traverse l’Ancien Régime et la Révolution sans dommage, jusqu’à un accident dû à un chantier de restauration, des ouvriers plombiers ayant mal éteint un réchaud : le 4 juin 1836, dans la soirée, le feu se déclare dans la charpente. Le lende-main matin, le choc est douloureux pour les habitants et les autorités, dont le préfet Gabriel Delessert, qui s’est comporté avec une grande bravoure : la cathédrale est découronnée de son grand comble, dont la couverture de plomb a fondu sous l’effet de la chaleur. Le peintre François Pernot tirera de cet événement dramatique un grand tableau présenté au Salon de 1837, aujourd’hui visible au musée des beaux-Arts de Chartres. Il est impossible de laisser l’édifice sans toiture, tant pour des raisons de stabilité que d’évacuation des eaux. Le service des Monuments historiques étant encore naissant, on doit voter le 18 juillet 1837 une loi pour lancer ces travaux, confiés à l’architecte départemental Accary Baron (1783-1855), ancien élève de l’École des beaux-arts. S’il est obligé de reprendre le même profil que l’ancien comble, Baron propose de ne pas utiliser de bois : inutile de risquer un nouvel incendie. Dans la lignée des travaux pionniers de Fontaine sur les combles métalliques, employés dans une aile du Palais-Royal et à Versailles (galerie des Batailles), l’architecte dessine une splendide charpente en fer et en fonte, à laquelle il va donner une forme en arc brisé, recouverte extérieurement de plaques de cuivre. Confiés au serrurier Mignon et au couvreur Quénéhen, les travaux sont achevés en 1841. Ce type de charpente est alors unique en France et en Europe : suivra peu après celle réalisée par François Debret à la basilique de Saint-Denis (1844-1845). À la cathédrale de Laon, en revanche, ce n’est pas un incendie, mais le zèle restaurateur de l’architecte en chef, Emile Boeswillwald, qui a amené au milieu du XIXe siècle la mise en place d’une grande charpente métallique recouverte d’ardoises violines.

La charpente en fer et en fonte, en forme d’arc brisé, de la cathédrale de Chartres.

La charpente en fer et en fonte, en forme d’arc brisé, de la cathédrale de Chartres. © AdobeStock

1877. La cathédrale de Metz

En juin 1877, les autorités de la ville de Metz, devenue allemande après l’écrasement de la France et le traité de Francfort en 1871, se préparent à recevoir leur nouveau souverain, le Kaiser Guillaume Ier. Pour accueillir dignement l’empereur, un grand feu d’artifice a été prévu : malgré l’opposition des autorités municipales, il doit être tiré depuis la cathédrale Saint-Étienne. L’événement a lieu le 6 juin au soir. Tout semble aller au mieux, quand on aperçoit des flammes au milieu de la nuit ; il est déjà trop tard et toute la charpente, réalisée en 1468 à la suite d’un incendie, part en fumée. Lorsque le drame survient, l’édifice est en cours de restauration sous la conduite du jeune architecte allemand Paul Tornow (1848-1921) : celui-ci s’est lancé en 1874 dans une campagne d’esprit viollet-le-ducien, qui le conduira en 1898 à détruire le grand portail Louis XV dessiné par Jacques-François Blondel, au nom de la pureté archéologique. Après la catastrophe, il faut réparer la cathédrale, qui est d’abord couverte provisoirement par une charpente en bois. Tornow va alors en profiter pour intervenir lourdement : il modifie ainsi le dessin du comble, en accentuant sa verticalité de 4,5 m, n’hésitant pas à changer la silhouette de l’édifice ni à reprendre entièrement ses pignons, qui reçoivent un nouveau décor sculpté. Comme à Chartres, la nouvelle charpente n’est pas réalisée en bois, mais en fer, suivant le « système Polonceau », et le cuivre remplace extérieurement l’ardoise. Les travaux, qui ont lieu entre 1880 et 1883, ont été payés en majeure partie par l’empereur sur sa cassette personnelle.

Le feu à la cathédrale de Metz, 7 mai 1877, illustration par Deroy et Smeeton Tilly in L’Illustration, n° 1786, 19 mai 1877. Milan, Biblioteca Ambrosiana.

Le feu à la cathédrale de Metz, 7 mai 1877, illustration par Deroy et Smeeton Tilly in L’Illustration, n° 1786, 19 mai 1877. Milan, Biblioteca Ambrosiana. © akg-images / Biblioteca Ambrosiana

1914. La cathédrale de Reims

Dès les premiers jours de la Grande Guerre, en septembre 1914, la ville de Reims est sur la ligne de front. La ville est prise sans dégâts majeurs par les Allemands, puis libérée par les Français. Lors de l’offensive allemande pour reprendre la ville, des obus atteignent la cathédrale le 19 septembre en début d’après-midi : un échafaudage prend feu, qui se communique bientôt à la charpente médiévale, mise en place en 1483 après un autre incendie… Elle va brûler jusqu’au soir et laisser le monument sans toiture, tandis que le plomb fondu a été recraché par les gargouilles. Pour les Français, la preuve de la barbarie allemande est évidente et les images de Reims en flammes vont faire le tour du monde pour servir la juste cause des Alliés. Les Allemands tentent en revanche de minimiser les dégâts, affirmant que les tours de la cathédrale servaient d’observatoire aux soldats français1. En 1915, l’architecte en chef des Monuments historiques Henri Deneux (1874-1969), rémois, est chargé de la restauration de la cathédrale, qui continue de souffrir de bombardements ponctuels. Après avoir protégé l’édifice au moyen de 5 000 m2 de tôle ondulée, il réfléchit à la restitution de la charpente incendiée en 1914. Deneux a étudié des dizaines de charpentes anciennes de grands édifices français, dont il est devenu un fin connaisseur. Ce savoir archéologique lui permet de proposer une restitution audacieuse, qui va encore plus loin que celle de Chartres : s’il adopte lui aussi la forme ogivale pour sa charpente, il imagine une structure issue d’un procédé inventé au XVIe siècle par Philibert Delorme, la « charpente à petits-bois », le tout transcrit dans un matériau contemporain encore jamais utilisé à cette échelle dans un monument historique, le béton. S’il avait déjà essayé cette solution dans l’église Saint-Jacques de Reims, sa réalisation à grande échelle sur la cathédrale est rendue possible grâce à l’argent de la célèbre donation Rockefeller, dont Versailles et Fontainebleau devaient également bénéficier. Le chantier dure deux ans, de 1924 à 1926. L’ensemble est recouvert de plomb et rien ne laisse deviner de l’extérieur la modernité de la charpente de Deneux, que l’on visite aujourd’hui pour sa qualité exceptionnelle. À la cathédrale de Nantes, dont les combles ont brûlé accidentellement le 28 janvier 1972, l’architecte en chef Pierre Prunet utilisera à nouveau le béton pour reconstruire la charpente, structure recouverte extérieurement d’ardoises.

Le toit de la cathédrale de Reims après les bombardements allemands de 1914.

Le toit de la cathédrale de Reims après les bombardements allemands de 1914. © Bridgeman Images

1968. Le château de Hautefort

Avec son imposante silhouette dressée au-dessus du village, le château de Hautefort domine la rivière de la Lourde, au cœur du Périgord noir. Construit au début du XVIIe siècle, l’édifice a été sauvé in extremis pendant la Révolution par les habitants du village, dressés contre les jacobins vandales. Malheureusement, un siècle plus tard, Hautefort est en ruine, dépecé et vidé de tout élément ancien. Il trouve un sauveur lorsqu’il est acquis en 1929 par le baron Henry de Bastard, qui engage une vaste restauration, poursuivie par son épouse après sa mort en 1957, et confiée aux architectes Besnard, puis Froidevaux. En 1958, le château est ainsi classé Monument historique et ouvert à la visite. Les travaux ont permis de relever l’édifice de manière spectaculaire. Patiemment remeublé, décoré, il est désormais habitable, les toitures ayant été refaites en 1965, et la baronne de Bastard s’y installe l’année suivante. Au terme de grands efforts, sa propriétaire vient d’achever sa résurrection. Las ! Des mégots jetés dans des bacs de sciure dans les combles provoquent un gigantesque incendie, dans la nuit du 30 au 31 août 1968. La toiture s’effondre, provoquant des dégâts irréversibles dans les intérieurs : le château retourne à l’état de ruine, quarante ans d’efforts sont réduits en poussière en quelques heures ! Relayée par la télévision, l’image émeut toute la France : un vaste élan de solidarité se manifeste et des dons affluent, poussant la baronne à reprendre courageusement le chantier d’une vie. Le château retrouve ses charpentes et ses toitures, les intérieurs sont remeublés, et Mme de Bastard peut s’y installer en 1977. Elle y vivra jusqu’à sa mort, en 1999, ayant créé quinze ans plus tôt une fondation qui a repris la demeure et poursuit l’œuvre de sauvetage. Fatalité incroyable : en août 2013, c’est une pluie de gros grêlons qui endommage fortement les toitures, occasionnant un nouveau chantier et le remplacement de milliers d’ardoises. 

1994. Le parlement de Bretagne

Le 23 décembre 1720, à cause d’un menuisier ivre, un gigantesque incendie embrase le centre de la ville de Rennes : la tragédie, qui dure six jours, ruine presque dix hectares, les maisons à pans de bois fournissant un excellent combustible, auxquelles il faut ajouter les provisions de bois et de graisse pour l’hiver. Seule consolation : le très faible nombre de morts. Au milieu de ce désastre, qui va entraîner un ambitieux programme de reconstruction confié à Isaac Robelin, puis Jacques V Gabriel, un seul édifice ressort intact : le splendide palais du Parlement, un édifice construit dans les années 1620 sur les dessins de l’architecte du roi Salomon de Brosse. On a pris soin de le protéger avec des moyens de fortune, car il venait d’être richement décoré et présentait une suite de grandes salles aux décors peints exceptionnels.

Vue actuelle du palais du Parlement de Bretagne.

Vue actuelle du palais du Parlement de Bretagne. © AdobeStock

Ce miracle rend d’autant plus cruel le stupide accident qui, à cause de fusées de détresse, va mettre le feu à l’édifice, dans la nuit du 4 au 5 février 1994, lors d’une manifestation de marins-pêcheurs ayant accompagné la visite houleuse du Premier ministre de l’époque, E. Balladur. En quelques heures, tout le comble du palais s’embrase tandis que le concierge, régulièrement dérangé par les signaux d’alarme, les éteint en croyant qu’il s’agit de fausses alertes…. L’action des pompiers et du service des Monuments historiques sont exemplaires et permet de sauver plusieurs œuvres d’art du brasier. Si le plafond de la salle des pas perdus s’effondre, une partie importante des intérieurs avec ses grands décors Louis XIV est sauvée : un siècle plus tôt, l’architecte de la ville, Jean-Marie Laloy (1851-1927), imaginant un tel incendie, avait heureusement convaincu les autorités de la nécessité de construire entre les salles historiques et la charpente d’origine des voûtes en brique coupe-feu. Cruelle ironie du sort : parmi les pièces sauvées du drame, onze tapisseries des Gobelins de la fin du XIXe siècle sont finalement détruites en 1997 dans l’incendie de l’atelier où elles étaient en restauration2. Pour le chantier, qui dure trois ans, avec un coût estimé à une cinquantaine de millions d’euros, l’architecte en chef des Monuments historiques, A.-C. Perrot, a choisi une solution moderne : une charpente métallique, recouverte d’une volige de bois et d’ardoises, rendant à l’extérieur la silhouette exacte de l’édifice, y compris avec ses embellissements du XIXe (crête ornementale et statues du faîtage). Un tel dispositif devrait donc faire mentir l’adage du premier archevêque de la ville, Mgr Brossais Saint-Marc : « À Rennes, rien ne prend, sauf le feu ».

Vue intérieure du Parlement de Bretagne.

Vue intérieure du Parlement de Bretagne. © Clément Guillaume / Bridgeman Images

2003. Le château de Lunéville

Voulu par le duc Léopold Ier, qui le commanda à Germain Boffrand, et parachevé par Stanislas, qui y fit travailler Héré, le château de Lunéville, le fameux « Versailles lorrain », semble être maudit : pas moins de sept incendies ont en effet frappé l’édifice : en 1719, 1739, 1759, 1789, 1814, 1849, 1961 enfin, où une partie de la toiture fut brûlée. Pourtant, cette série n’était pas terminée… Alors que les festivités de fin d’année viennent de s’achever, dans la nuit du 2 au 3 janvier 2003, le château de Lunéville est dévoré par les flammes, attisées par un fort vent : provoqué par un court-circuit électrique dans la chapelle, l’incendie détruit tout sur son passage, bâtiments et collections. La chapelle ducale s’effondre sur elle-même, tandis que toute l’aile sud est brûlée : la bibliothèque militaire avec ses 8 000 volumes, le musée de la faïencerie et ses riches collections, enfin les appartements ducaux donnant sur le jardin sont anéantis. Malgré l’héroïsme des pompiers et des bénévoles, dont la chaîne a permis le sauvetage de nombreuses œuvres d’art, les Lorrains sont sous le choc : ils pleurent la destruction partielle du château lié au bon roi Stanislas, que le département de Meurthe-et-Moselle venait de racheter en partie en 2000, le reste appartenant encore à l’Armée. Un élan de solidarité national se manifeste, les dons affluent et passent par la jeune Fondation du Patrimoine, déjà, tandis que l’association « Lunéville, château des Lumières », organise de nombreuses manifestations. L’incendie est l’occasion, comme toujours, de faire des observations archéologiques sur l’édifice, et notamment de comprendre le système constructif de la chapelle de Boffrand. Le chantier, le plus grand d’Europe durant quelques années, est confié à l’architecte en chef Pierre-Yves Caillault, qui privilégie un retour à l’état XVIIIe siècle et l’usage de matériaux anciens, avec de nouvelles charpentes en bois. Les travaux se montent à cent millions d’euros, soit un des courts-circuits les plus chers de l’histoire de France, et leur achèvement complet n’est prévu qu’en 2023, vingt ans après le drame.

2013. L’hôtel de ville de La Rochelle

Considéré comme l’un des plus beaux de France, et occupé par le corps municipal depuis 1298, l’hôtel de ville de La Rochelle a été édifié aux XVe et XVIe siècles, dans un style richement orné mêlant le flamboyant et la Renaissance. Une partie de l’édifice, classé Monument historique dès 1861, date de la fin du XIXe siècle, quand il est restauré et agrandi en « style », suivant la tradition du service des Monuments historiques. Alors qu’un chantier de restauration s’y déroule, conduit par l’architecte en chef des Monuments historiques Philippe Villeneuve, le bâtiment s’embrase le 28 juin 2013, en plein après-midi : heureusement, aucun mort n’est à déplorer. La partie la plus touchée est également la plus ancienne, dont la grande salle. Si on sauve heureusement plusieurs œuvres d’art conservées à l’intérieur, tableaux et objets, les dégâts sont très importants : provoqués par un problème électrique, ils ont occasionné la perte de 70 % du bâtiment. Les travaux doivent donc reprendre et un nouveau chantier s’ouvre alors : il s’achève à peine cet hiver, soit six ans et demi après le drame. L’inauguration doit faire l’objet de grandes festivités populaires. Étrange coïncidence : c’est de retour de La Rochelle, dans un TGV, que l’architecte en chef a appris que Notre-Dame, dont il était également chargé, était en flammes. Le mauvais œil ?

L’hôtel de ville de La Rochelle en flammes.

L’hôtel de ville de La Rochelle en flammes. © AFP

2013. L’hôtel Lambert

2013 est un véritable été meurtrier pour le patrimoine : alors que l’hôtel de ville de La Rochelle fume encore, un autre incendie se déclare dans un monument majeur du patrimoine de la capitale : l’hôtel Lambert. Joyau de l’architecture parisienne, la demeure du président Lambert est le premier chef-d’œuvre de l’architecte Louis Le Vau (1612-1670), virtuose de la distribution et maître des nouveaux artifices du décor français. Bâti à la pointe de l’Ile Saint-Louis au milieu du XVIIe siècle, dix ans avant Vaux-le-Vicomte, il dispose d’un escalier théâtral, d’un jardin suspendu ménageant les vues sur la Seine, tandis que ses appartements sont décorés par les meilleurs maîtres, dont Charles Le Brun et Eustache Le Sueur. Vendu en 2007 par les Rothschild à la famille régnante du Qatar, l’hôtel se trouve rapidement au centre d’une vive polémique : trop de travaux, un goût douteux, des gadgets grotesques, comme cette sortie de parking dissimulée par une porte en pierre qui doit pivoter comme dans un film de James Bond, enfin un ascenseur qui doit défoncer un plafond à poutres peintes ! La Commission du Vieux Paris comme les associations de défense du patrimoine combattent ce projet, mais le ministère de la Culture est moins allant, en raison de la personnalité du propriétaire, tandis que les travaux sont confiés à un architecte en chef des Monuments historiques, A.-C. Perrot. Héros du sauvetage de Rennes en 1994, le voilà au banc des accusés, jugé complice des caprices d’un propriétaire qui veut moderniser sans respect la vieille demeure, et pas assez scrupuleux dans son rôle d’agent de l’État. Alors que le chantier, lancé en 2010, est très avancé et qu’on s’apprête à inaugurer certaines pièces à peine restaurées, le feu se déclare dans la nuit du 9 au 10 juillet 2013 dans les combles. Les pompiers luttent toute la nuit pour circonscrire un incendie violent dans un édifice fragile et difficile d’accès. Un court-circuit des réseaux installés dans les combles semble à l’origine du drame, qui provoque la destruction de toute la charpente d’origine, ainsi que d’un décor de vitraux du milieu du XIXe siècle et surtout, perte irréparable, du cabinet des Bains au merveilleux plafond peint par Le Sueur, tout juste restauré. Réduit en milliers de petits fragments difficilement lisibles, celui-ci ne pourra finalement pas être reconstitué. L’eau déversée en grande quantité est également mauvaise pour les maçonneries et les décors anciens, obligeant à un second chantier dans le chantier. Seul miracle : en raison d’un plafond en béton posé entre le premier étage et l’attique de l’aile, le plafond de la galerie d’Hercule de Le Brun est intact.

L’hôtel Lambert après l’intervention des pompiers.

L’hôtel Lambert après l’intervention des pompiers. © DR

« Il faut des études préalables »

Ingénieur et professeur des universités, Paolo Vannucci étudie comment les structures monumentales réagissent aux conditions extrêmes, notamment le vent, les séismes ou les explosions. En 2016, il avait alerté sur le point faible de Notre-Dame de Paris.

Propos recueillis par Priscille de Lassus

Dans quel contexte avez-vous étudié Notre-Dame ?

Nous répondions à un appel d’offre sur les risques sécuritaires que pouvaient présenter les cathédrales en cas d’attaque terroriste. Dès la première visite, le 20 avril 2016, nous avions constaté une faiblesse, non seulement par rapport aux attentats mais aussi aux risques naturels comme la foudre. Une simple étincelle pouvait mettre le feu à la charpente. Cette structure extrêmement complexe possédait une envergure exceptionnelle : plus de cent mètres de long, environ treize mètres de largeur, sans compter la flèche, et dix mètres de hauteur, le tout en bois recouvert de plomb. Elle donnait l’impression de tenir bon. Mais nous nous étions rendu compte que le danger existait. En cas d’incendie, il n’était pas possible d’éteindre le feu. C’est une question de mécanique des structures. En tant que techniciens fonctionnaires de l’État, nous avons considéré qu’il était de notre devoir d’alerter sur ce danger qui n’était pas directement lié au terrorisme.

Qu’avez-vous fait ?

Nous avons rédigé un rapport remis au CNRS et suggéré un certain nombre de mesures ou de précautions à mettre en place. Par exemple, disposer un système automatique d’extinction de feu sous les combles, afin de limiter les effets d’un éventuel incendie. Nous avions remarqué qu’il n’y avait que quelques extincteurs à poudre, qui constituaient un remède dérisoire. Ce sont des instruments utiles pour agir sur le départ de feu mais totalement inopérants pour éteindre un incendie. Personne ne pouvait entrer dans cette partie du monument si elle s’enflammait. Il fallait d’autres moyens. Cela n’a pas été mis en œuvre.

Aujourd’hui, vous êtes en colère…

En France, ce n’est pas la première charpente qui prend feu. Nous avons un historique très important. J’avais pris le temps de lire le compte-rendu de l’incendie de la cathédrale de Chartres en 1836. Il ressemble beaucoup à celui de Notre-Dame de Paris. Nous connaissions les dangers et la façon dont les choses se passent. Les opérations dites de maintenance représentent des moments à haut risque pour les monuments. En 2013, nous avons encore frôlé la catastrophe sur le site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France, à cause de travaux. Nous observons trop souvent ce genre de drame.

Que préconisez-vous ?

Quand vous intervenez sur des ouvrages de génie civil, vous êtes soumis à des lois, conçues pour des bâtiments normaux : des habitations, des bureaux, etc. Quand vous intervenez sur un monument exceptionnel comme Notre-Dame, l’objet n’est pas le même. La loi ne suffit pas. Toutes les entre-prises disent qu’elles ont respecté la réglementation, au risque que personne ne soit responsable à l’issue de l’enquête. C’est un peu facile ! Dans ce cas, ce n’est pas la foudre, la tempête ou un tremblement de terre qui est en cause mais bien l’action de l’homme. Il n’y a pas de fatalité. Avant chaque chantier exceptionnel, il serait opportun de mener des études scientifiques spécifiques pour donner des recommandations qui peuvent aller au-delà de la loi. Les pompiers possèdent de très bons services techniques. Bien sûr, cela a un prix mais il est ensuite bien plus coûteux de réparer les dégâts. 

Vue actuelle du chantier de Notre-Dame de Paris.

Vue actuelle du chantier de Notre-Dame de Paris. © AdobeStock

1 Voir Thomas Gaehtgens, La cathédrale incendiée. Reims septembre 1914, Paris, Gallimard, 2018.

2 Voir Les tentures du Parlement de Bretagne. Un décor oublié du palais de Justice de Rennes (1897-1924), sous la dir. Guillaume Kazerouni, 2016.