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Un père et son fils : Versailles étoffe sa galerie de portraits royaux

À GAUCHE : Jean-Marc Nattier (1685-1766), Portrait de Louis-Ferdinand, dauphin de France, fils de Louis XV (détail). Huile sur toile, 51 x 39,5 cm ; À DROITE : Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842), Louis Stanislas Xavier de France, comte de Provence (détail), 1776. Pastel sur papier collé sur toile, 70 x 58 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

À GAUCHE : Jean-Marc Nattier (1685-1766), Portrait de Louis-Ferdinand, dauphin de France, fils de Louis XV (détail). Huile sur toile, 51 x 39,5 cm ; À DROITE : Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842), Louis Stanislas Xavier de France, comte de Provence (détail), 1776. Pastel sur papier collé sur toile, 70 x 58 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © Audap & Associés © De Baecque & Associés

L’été est décidément propice aux réunions de famille. Il y a quelques semaines, Versailles accueillait dans ses collections une mère et son fils en s’offrant un remarquable portrait du jeune Louis XIV en compagnie d’Anne d’Autriche. Deux récentes préemptions lui ont offert l’occasion de compléter sa galerie de portraits royaux en permettant au dauphin Louis-Ferdinand et au futur Louis XVIII, respectivement père et fils, de retrouver la demeure royale qui les vit naître.

L’un était né pour être roi et ne le fut jamais ; l’autre n’aurait jamais dû le devenir. Exécuté par Jean-Marc Nattier, le portrait de Louis-Ferdinand de France (1729-1765) a été acquis pour 142 340 euros (frais inclus) le 20 juin chez Audap & Associés, tandis que le pastel d’Élisabeth Vigée Le Brun figurant son troisième fils, futur Louis XVIII, alors comte de Provence (1755-1824), était emporté pour 171 465 euros (frais inclus) chez De Baecque, le 16 juin à Versailles.

Le dauphin de France par Nattier

Né en 1729, le dauphin Louis-Ferdinand était le fils aîné de Louis XV et Marie Leszczynska. Promis au trône de France, il mourut prématurément en 1765 avant son père, emporté par la tuberculose. Les soubresauts de l’histoire de France allaient faire de ses trois fils, trois rois : Louis XVI, Louis XVIII et Charles X. Lorsque Jean-Marc Nattier (1685-1766) brossa son portrait, il avait probablement une vingtaine d’années. L’œuvre semble correspondre à une commande mentionnée dans « Mémoires de six portraits de la Famille royale, dont il n’y a que les têtes qui soient achevées, lesdits ouvrages ordonnés pour le service du Roi par M. de Tournehem, au sieur Nattier, années 1748 et suivantes ». Le château de Versailles conserve plusieurs autres portraits du dauphin, que les peintres aimèrent à prendre comme modèle.

Jean-Marc Nattier (1685-1766), Portrait de Louis-Ferdinand, dauphin de France, fils de Louis XV. Huile sur toile, 51 cm x 39,5 cm. Vente Audap & Associés, Paris, 20 juin 2025. Estimé : 80 000/100 000 €. Préempté pour 142 340 € par le château de Versailles.

Jean-Marc Nattier (1685-1766), Portrait de Louis-Ferdinand, dauphin de France, fils de Louis XV. Huile sur toile, 51 cm x 39,5 cm. Vente Audap & Associés, Paris, 20 juin 2025. Estimé : 80 000/100 000 €. Préempté pour 142 340 € par le château de Versailles. © Audap & Associés

Le comte de Provence par Vigée Le Brun

Fils cadet du dauphin, Louis Stanislas Xavier de France, dit « Monsieur », reçut le titre de comte de Provence. Il monta sur le trône à la faveur de la Restauration, sous le nom de Louis XVIII. Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842) fut l’une de ses peintres favorites. Ce pastel est, d’après le Livre de raison dans lequel l’artiste consignait ses réalisations, sa première commande royale – une longue série suivit, qui compta plusieurs portraits du prince et les effigies d’autres membres de sa famille, dont la reine Marie-Antoinette. Réalisé un peu moins de trente ans après celui de son père par Nattier, ce pastel traduit bien le changement de génération. Il est l’œuvre d’une jeune femme dont le talent allait s’épanouir dans les années à venir et dont la maîtrise, combinée à une certaine audace, fera d’elle la plus fameuse portraitiste de son temps.

Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842), Louis Stanislas Xavier de France, comte de Provence, 1776. Pastel sur papier collé sur toile, 70 x 58 cm. Vente De Baecque, Versailles, 16 juin 2025. Estimé : 50 000/80 000 €. Préempté pour 171 465 € par le château de Versailles.

Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842), Louis Stanislas Xavier de France, comte de Provence, 1776. Pastel sur papier collé sur toile, 70 x 58 cm. Vente De Baecque, Versailles, 16 juin 2025. Estimé : 50 000/80 000 €. Préempté pour 171 465 € par le château de Versailles. © De Baecque & Associés

« Le portrait que j’ai fait de Monsieur m’a donné l’occasion de connaître un prince dont on pouvait sans flatterie vanter et l’esprit et l’instruction ; il était impossible de ne pas se plaire à l’entretien de Louis XVIII, qui causait sur toutes choses avec autant de goût que de savoir. »

Élisabeth Vigée Le Brun, Souvenirs

Un âge d’or du pastel

Élisabeth Vigée Le Brun est l’une des plus brillantes représentantes de l’art du pastel, dont le XVIIIe siècle constitua l’âge d’or. Elle apprit ce médium auprès de son père, Louis Vigée, mais fut surtout autodidacte, perfectionnant sa technique par elle-même et forgeant son propre style. Dans le portrait du comte de Provence, on reconnaît la vivacité qui fut la sienne. L’emploi des hachures, pour modeler le visage notamment, et le choix de couleurs vives, donnent au modèle une spontanéité et une fraîcheur remarquables.

Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842), Louis Stanislas Xavier de France, comte de Provence (détail), 1776. Pastel sur papier collé sur toile, 70 x 58 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842), Louis Stanislas Xavier de France, comte de Provence (détail), 1776. Pastel sur papier collé sur toile, 70 x 58 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © De Baecque & Associés