Depuis le 8 avril dernier, jour anniversaire de la mort du maître, le musée national Picasso-Paris s’est paré des couleurs de Paul Smith ; Cécile Debray a en effet invité l’insigne designer anglais à s’emparer de la collection afin d’en redessiner le parcours.
« Ayant peu de connaissances académiques sur Picasso, j’ai conçu une exposition qui repose en grande partie sur des associations visuelles et intuitives », explique Paul Smith qui se revendique autodidacte. « Les œuvres de Picasso que j’ai vues – et j’en ai vu beaucoup, dans de nombreuses expositions à travers le monde – sont généralement accrochées de façon plutôt minimaliste, d’une manière qui me paraît assez traditionnelle. J’espère offrir un point de vue moins conventionnel, qui suscite une expérience plus visuelle, capable de retenir l’attention des jeunes publics et des personnes qui n’ont pas une connaissance approfondie du travail de Picasso. » Le designer invite ainsi le public à une nouvelle lecture des créations les plus célèbres du maître catalan. Affichant sa passion pour le cyclisme, il a déployé dans la première salle un ensemble de selles et de guidons de vélo qui font écho à la fameuse Tête de taureau de 1942.
L’enfance de Paul revisitée
Plus loin, les motifs de losanges du costume d’Arlequin se multiplient à l’infini sur le mur, tandis que Paul en Pierrot est environné de pompons qui scintillent.
Olga sublimée
Les saisissants tableaux de la période bleue se détachent quant à eux sur d’audacieuses cimaises d’un bleu intense. Le sublime Portrait d’Olga dans un fauteuil de la période ingresque de Picasso trône devant un patchwork de lais de papiers peints à motifs.
L’univers coloré de Paul Smith
Les couleurs explosent et se répondent d’un espace à l’autre : une salle peinte en rouge est consacrée à la corrida, les variations par Picasso autour du Déjeuner sur l’herbe de Manet (1863) sont exposées sur un fond vert printemps… Au fil de cet accrochage exceptionnel, des œuvres d’artistes contemporains (Guillermo Kuitca, Obi Okigbo, Mickalene Thomas et Chéri Samba), mettent en lumière l’inaltérable modernité de son art. Paul Smith marque ainsi de son empreinte trois niveaux de l’hôtel Salé, son iconique moquette rayée faisant la transition d’un espace à l’autre.
Nathalie d’Alincourt
« Célébration Picasso, la collection prend des couleurs »
Jusqu’au 27 août 2023 au musée national Picasso-Paris
5 rue de Thorigny, 75003 Paris
Tél. 01 85 56 00 36
www.museepicassoparis.fr
Catalogue (français et anglais), musée national Picasso-Paris et Beaux-Arts Éditions, 176+4 p., 25 €.