
Comment les artistes transcrivent-ils les émotions des personnages dans leurs œuvres ? La représentation picturale des sentiments évolue considérablement au fil des siècles, comme le montre l’exposition du musée Marmottan Monet, due aux regards croisés de l’historien Georges Vigarello et de l’historien de l’art Dominique Lobstein. Les émotions, matérialisées par des objets symboliques au Moyen Âge et à la Renaissance, se dévoilent progressivement sur les traits des visages. Une gestuelle savamment codifiée se met en place au XVIIe siècle, les concours de têtes d’expression font partie de l’enseignement académique.

Avec le romantisme, les émotions exacerbées deviennent plus individualisées. Jusqu’à ce que les traumatismes du XXe siècle entraînent les artistes à chercher d’autres voies pour exprimer les sentiments. L’exposition constitue une nouvelle approche d’œuvres célèbres ou moins connues, de l’estampe de Dürer, Le Chevalier, la Mort et le Diable, à la Tête d’otage de Fautrier, en passant par Le Verrou de Fragonard et les Têtes de caractère de Messerschmidt.
Mathilde Dillmann