
Le médiatique et flamboyant commissaire-priseur s’est éteint dimanche 20 août à l’âge de 84 ans.
Né en 1939 à Meknès au Maroc, Pierre Cornette de Saint Cyr entreprend d’abord des études d’agronomie avant de s’orienter, rattrapé par son amour de l’art et notamment des dessins anciens qu’il collectionne, vers le droit et le marché de l’art. Il débute sa carrière en s’associant aux commissaires-priseurs Guy Loudmer et Hervé Poulain, avant de fonder sa propre maison de ventes en 1973. Le jeune homme dépoussière alors l’univers des enchères : dans cet univers feutré où règnent la peinture ancienne et le mobilier français du XVIIIe siècle, il se démarque par ses goûts artistiques originaux, élargissant bientôt son activité à des médiums nouveaux ou encore peu considérés comme la photographie, le design et la bande dessinée.
Marteau et mondanités
Amateur de costumes colorés soigneusement sélectionnés en fonction des jours de la semaine, ce dandy commissaire-priseur détonne au sein d’une profession où la cravate fut longtemps de rigueur. Proche des célébrités, il initie les unes à l’art et accompagne les autres dans la constitution de leur collection. En 2007, il orchestre la vente des tableaux modernes de son ami Alain Delon, et en 2016 celle de la prestigieuse garde-robe d’Hélène Rochas. Sensationnelles et théâtrales, ses ventes s’imposent comme de véritables shows médiatiques, à l’image de celle du mobilier du Royal Monceau en 2008 ou de la vente caritative pour l’Institut Curie en 2011 qui se tient à 35 000 pieds du sol au beau milieu d’un vol Paris-New York. Entre 2011 et 2013, c’est sous son marteau que se déroulent les six ventes de la succession du peintre Foujita.

Un fou d’art contemporain
Par l’entremise de son ami Pierre Restany, critique d’art proche des Nouveaux Réalistes, Pierre Cornette de Saint Cyr découvre la jeune scène artistique française des années 1960 ; c’est le début d’une folle passion pour l’art contemporain. Longtemps président de l’association du Palais de Tokyo, le commissaire-priseur a participé, avec Jérôme Sans et Nicolas Bourriaud, au développement de l’institution ainsi qu’à la promotion de l’avant-garde artistique française et des créateurs contemporains.

L’art en héritage
Entrée en 2022 dans le giron de la maison britannique Bonhams, l’étude Cornette de Saint Cyr est aujourd’hui dirigée par les fils du dandy, Arnaud et Bertrand. Ils ont tous deux rejoint l’entreprise familiale dans les années 1990, et œuvraient jusqu’alors sous l’œil avisé et perpétuellement curieux de leur père qui, jusqu’à la récente pandémie, n’avait de cesse de courir, insatiable, les vernissages. Pierre Cornette de Saint Cyr avait publié en 2004, entre autres ouvrages, L’art c’est la vie. Souvenirs d’un commissaire-priseur, mémoires d’une existence haute en couleur.
Gaspard Douin